Club América est en ville et il arrive avec une idée en tête, celle de repartir à la maison avec un trophée qui n’a jamais été soulevé par un gagnant aux nord des frontières du Mexique. Je ne suis pas économiste, mais j'en conclus qu’il n’y a pas de libre-échange en Concacaf. Que devra donc faire l’Impact pour empêcher les Aguilas de gâcher la fête mercredi soir au Stade olympique et ainsi s’octroyer un titre auquel on n’osait pas trop rêver avant le match nul au Stade Azteca? Plusieurs choses! Voici donc cinq éléments, facteurs, items, axes, ou vecteurs de changements à considérer avant le coup d’envoi du match retour.

Freiner Rubens Sambueza

Le milieu de terrain d’origine argentine s’est affirmé comme le meneur de jeu des Aguilas lors du match aller. Auteur du centre décisif sur le but de Peralta, Sambueza s’était également fait remarqué en deuxième demie avec son tir de l’extérieur du pied sur la transversale ainsi qu’un petit pont contre Mallace. Blessé à la cuisse contre Chivas dimanche, il est possible qu’il ne soit pas à 100 % pour affronter l’Impact, mais le numéro 14 d’América devrait néanmoins prendre part au match. Sans nécessairement lui affecter une doublure, Frank Klopas doit trouver le moyen de limiter l’influence d’un joueur qui se rend toujours disponible pour recevoir le ballon, et qui est d’une précision redoutable sur coup de pieds arrêtés. Un tel fabriquant de jeu gaucher, ce serait le genre de joueur à tomber dans l’oeil de la direction montréalaise, ne trouvez-vous pas? 

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Légende : Le milieu de terrain Rubens Sambueza

Mieux s’occuper d'Oribe Peralta

L’Impact a connu des passages à vide sur jeux arrêtés au Stade Azteca. Outre le but marqué par le remplaçant Peralta, Club América s’est montré très dangereux sur des corners en première demie. Le bleu-blanc-noir ayant l’avantage en terme de taille, c’est souvent en utilisant un écran - un « pick »,  comme on en voit au basketball - que les Aguilas ont pu se démarquer pour réussir à gagner des duels aériens. Selon les dernières informations découlant du camp mexicain, on pourrait bien voir Peralta entamer le match retour sur le terrain. Bref, il faut empêcher cet homme des grandes occasions de tenir un rôle aussi prépondérant que ce ne fut le cas lors de la finale des JO de Londres contre le Brésil alors qu’il avait marqué deux buts. On a beau afficher une grande confiance, les espoirs d’América reposent en grande partie sur Peralta, étant donné le rendement jugé décevant de Quintero ou de Benedetto lors du match aller. En le neutralisant, la ligne arrière montréalaise s’épargnerait quelques soucis.

Oribe PeraltaSource: Getty
Légende : Oribe Peralta

Faire ravaler ses paroles  à Muñoz

Que penser des commentaires du gardien Moises Muñoz à l’issue du match aller? Réaliste? Un peu fanfaron? Ou tout simplement d’une arrogance qui motivera les Montréalais? Selon Muñoz, l’Impact est chanceux et ne mérite pas de toujours être dans le coup après un match où América aurait été la seule équipe à démontrer un désir d’être champion. Ces commentaires me rappellent une époque où je jouais en junior dans un club qui dominait la saison régulière avec un jeu très offensif à base de petites passes. En finale de Coupe du Québec, contre un adversaire aux racines italiennes qui se campait dans son territoire, malgré une nette domination en possession et au chapitre des occasions, on se faisait prendre sur une attaque rapide de notre rival et c’est finalement à lui que revenait l’honneur de représenter le Québec au championnat canadien. Une histoire vraie, snif, snif... Ces déclarations de Muñoz, on verra bien ce que ça aura comme effet sur les joueurs, mais mon petit doigt me dit que le 12e joueur est déjà piqué dans son orgueil. 

La même recette en défense

À l’aube du match retour, on souhaite ouvertement garder davantage la possession du ballon chez l’Impact, mais est-ce la bonne mesure de ce qu’il faut faire pour avoir le contrôle en milieu de terrain? Évidemment, un plus grand temps de possession permettrait au onze montréalais de pouvoir souffler entre les vagues d’attaque d’América. Mais si le bloc défensif des locaux demeure compact, une possession à l’avantage des Aguilas ne constitue pas une catastrophe. D’ailleurs, jusqu’à maintenant cette saison, les résultats montréalais n’ont pas nécessairement été meilleurs lorsque l’équipe avait plus de ballon (ex. : défaite à Houston, match nul contre Orlando). Que ça plaise ou non, l’Impact est conçu pour exceller en contre-attaque avec Piatti, Duka, Romero et compagnie.

Deux autres éléments à prendre en considération au sujet de la surface de jeu: Calum Mallace avait connu un match difficile sur le terrain synthétique d’Alajuelense alors que ses contrôles approximatifs ne lui permettaient pas d’échapper à la forte pression de l’adversaire. Tout ça est peut-être mental, mais il était nettement plus à l’aise sur la pelouse naturelle du stade Azteca. Pour leur part, le dernier match des Aguilas sur une surface artificielle s’était soldé par une défaite de 3-0 au Costa Rica contre Herediano. Pourra-t-on parler de l’avantage du terrain de plastique?

Le cas des gardiens

C’est l’élément inconnu de la rencontre. En l’absence de Bush, Klopas devra jeter son dévolu ou bien sur Kristian Nicht ou bien sur John Smits. Entre vous et moi, j’aimerais bien pouvoir exprimer une préférence, mais étant donné qu’on n’a pas encore eu l’occasion de les voir jouer, ni même de s'entraîner, je ne vois pas quel motif pourrait me faire pencher. L’expérience internationale de Nicht? Les performances en NASL de Smits? Dans les circonstances, je m’en remettrai à l’opinion de l’entraîneur des gardiens Youssef Dahha, ainsi qu’à celles de Laurent Ciman et Bakary Soumare, qui devront se sentir à l’aise pour communiquer avec le gardien désigné. Autrement, l’idée de base, ce sera de limiter les chances de l'adversaire avant que le gardien ne soit contraint à faire des prouesses. Un match un peu comme celui réalisé au Stade olympique contre Alajuelense, par exemple. Mais s’il faut se fier à ce qu’on a vu au Mexique contre América, quiconque jouera, on espère pouvoir compter sur un cerbère bien allumé.

Rappelons que ce n’est pas tous les jours, ni tous les ans, qu’un club a sa place en Ligue des Champions. Peu importe le résultat du match de mercredi, il s’en trouve déjà pour entrevoir des lendemains plus gris. Évidemment, vu l’intensité et l’adrénaline qui animent les joueurs en Concachampions, un certain ressac lors des matchs qui suivront en saison régulière semble inévitable. Ça s’est déjà vu, et pas qu’à Montréal. Qu'on le veuille ou non, on ne répétera pas l’effervescence de cet événement pendant le reste de la saison. C’est d’ailleurs ce qui rend une finale aussi spéciale. Reste qu'en s’attardant trop longuement sur cette perspective un brin tristounette, on risque de s’empêcher de savourer pleinement le match de mercredi. 

Et quelque chose me dit qu’on s’en voudrait encore plus de passer à côté du match étiqueté comme le plus important de l’histoire du club. Le plus important, en attendant le mois de décembre... ou quelque chose de même.