Dans tous les sens du terme, Frank Klopas a atteint un point de non retour samedi après-midi à Toronto. Une patience inhabituelle de la direction en fin de saison dernière et un parcours historique en Ligue des Champions lui ont acheté du temps, mais l’heure a tout de même sonné. À 12 h 44 dans la nuit de samedi à dimanche pour être bien précis. Après un peu plus de vingt mois à la barre de l’équipe, le Grec est remplacé par Mauro Biello qui devient entraîneur du Onze montréalais par intérim.

« Changer le momentum »

Gérer ce qu’on contrôle

La décision de congédier Frank Klopas était la bonne. Parce qu’il est le grand responsable de tous les maux du bleu-blanc-noir? Pas tout à fait. Plutôt parce qu’il n’a pas su appuyer efficacement sur les leviers qu’il contrôlait en tant que coach. Son travail sur le terrain d’entraînement ou sur la ligne de touche aurait pu compenser pour ses modestes qualités de communicateur, mais il en fut autrement.

Sportivement, le progrès est faible depuis la saison dernière. Les principes de jeu sont encore difficiles à cerner, les erreurs techniques trop nombreuses et les coups francs éternellement décevants. Comparés à la pièce, les joueurs sont meilleurs cette année, mais ce n’est pas pour autant une meilleure équipe. C’est à l’entraîneur d’ajouter les ingrédients pour faire prendre la sauce et transformer un groupe de joueurs en une véritable équipe. Depuis un an et demi, ces ingrédients semblent en rupture de stock.

Avec ses onze de départ sans cesse surprenants, des changements tantôt conservateurs, tantôt incompréhensibles, et une fâcheuse habitude à faire évoluer des joueurs hors position, l’Impact a laissé trop de points sur la table. Outre l’arrivée de Drogba et le retour de Mapp, rien ne laissait présager un redressement de situation. Le club devait agir avant que les dommages ne soient trop importants.

Une mission pour Biello

Trois entraîneurs-chefs et quatre adjoints sont passés depuis l’entrée de l’Impact en MLS en 2012. Mauro Biello est le seul survivant du jour 1. En congédiant Frank Klopas, le club arrivait également à une croisée des chemins en ce qui concerne le Montréalais de 43 ans. Ce dernier se voit maintenant confier la mission de mener l’équipe aux séries. La marge d’erreur est mince. Pas de points pour le style, ce sont les résultats qui comptent cette saison. Lors des quelques matchs qu’il a pris en charge depuis l’an dernier, Biello a démontré un peu plus d’audace que Klopas dans ses ajustements en cours de match. Qu’en sera-t-il lorsque viendra le temps de choisir un schéma tactique ou un onze de départ?

En tant qu’adjoint, il a démontré beaucoup de solidarité en se ralliant aux décisions de l’entraîneur sans véritablement exprimer ses opinions personnelles. Était-il d’accord avec les changements conservateurs cette saison ou le choix de faire jouer Collen Warner comme ailier l’an dernier? Qu’en était-il en 2013 lorsqu’on a décidé de titulariser Nelson Rivas en séries, alors qu’il n’avait pas joué depuis plus d’un an? Nous ne le saurons jamais et c’est bien comme ça. Un adjoint doit être au service du club et de celui qui est en charge. Ce temps est toutefois révolu pour Biello qui tient à présent les rênes et pourra finalement mettre son empreinte sur un groupe qui a tout ce qu’il faut pour réussir.

Avoir confiance en Mauro Biello

Cinq têtes valent mieux qu’une

Richard Legendre le répétait dimanche, du président à l’entraîneur, les décisions sont prises en collégialité chez l’Impact. Un mode de fonctionnement qui ne semble pas poser problème à ceux qui connaissent la maison. Une façon de faire qui pourrait toutefois compliquer le recrutement d’un nouvel entraîneur si l’intérim devait mal tourner.

De l’extérieur, il est difficile de cerner les rôles ou descriptions de tâches de tous et chacun. Le fait que Nick De Santis, maintenant vice-président aux relations internationales et développement technique, ait informé Frank Klopas de son congédiement en est un exemple. Ce qui est perçu de l’intérieur comme une contribution positive des divers acteurs du club pourrait être interprété comme de l’ingérence par un entraîneur qui n’a pas l’habitude de cette dynamique de travail. Biello a une longueur d’avance à ce chapitre, il connaît l’environnement.

Le maillot de Mauro est le seul officiellement retiré par le club. Peut-il avoir un parcours d’entraîneur aussi éclatant que sa carrière de joueur?

Un long parcours en séries avec un coach québécois à la barre, ce serait plutôt excitant non?

Un grand ménage chez l'Impact
Un geste de panique?