MONTRÉAL – Au début août, au cœur de la tempête entourant l’histoire de Patrice Bernier, l’entraîneur Frank Klopas avait précisé qu’il voulait être jugé selon ses résultats et le verdict est tombé cette nuit.

Ce verdict est survenu peu avant 1 h dimanche matin, quelques heures à la suite d’un autre revers qui menait à une fiche plus que décevante de 1-4-2 dans l’important mois d’août, quand les dirigeants de l’Impact ont limogé un troisième entraîneur en seulement quatre saisons en MLS.

Le comité décisionnel de l’Impact (formé de Joey Saputo, Nick De Santis, Richard Legendre et Adam Braz) est passé à l’action – sans consulter les joueurs – pour sauver une saison qui s’annonçait prometteuse grâce à un effectif amélioré.

« Les résultats durant notre deuxième tiers de la saison, avec 11 points en 11 matchs, n’étaient tout simplement pas satisfaisants », a justifié Legendre, le vice-président du club. « C’était un mois crucial, on l’avait bien identifié, avec plusieurs matchs (4) à la maison qui n’ont mené à aucune victoire. »

Comme la coutume le veut, l’Impact s’est tourné vers son éternel allié, Mauro Biello, pour diriger l’organisation jusqu’à la fin du calendrier. Cet électrochoc s’imposait selon l’état-major, qui espère relancer les troupes.

« On a besoin d’un dernier tiers de campagne avec de meilleurs résultats. Ce sera quand même tout un défi puisque ces 11 matchs (6 à l’étranger) sont condensés en huit semaines. C’est bien beau de dire que nous avons des matchs de plus à jouer que les autres équipes, mais ça provoque aussi un calendrier plus chargé et ça ne veut pas dire que ça mène à des résultats positifs automatiquement », a indiqué Legendre.

« On a besoin d’un nouvel élan pour de changer le momentum. On croit qu’un nouveau leadership peut y parvenir », a-t-il proposé.

Bien sûr, le revers lors de l’entrée en scène de Didier Drogba contre l’Union de Philadelphie (une des pires équipes de l’Est) n’a pas aidé la cause de Klopas, mais c’est véritablement la dernière semaine qui a sonné le glas de l’entraîneur d’expérience.

Un geste de panique?

« C’était une grosse semaine pour nous avec le Championnat canadien qui nous tient à cœur et on a ensuite perdu contre Toronto pour glisser sous la ligne rouge (le 6e rang qui donne accès aux éliminatoires). Avec 11 matchs à disputer, c’était le temps de prendre cette décision et c’était important de le faire pour essayer de pousser l’équipe vers les séries », a convenu Adam Braz, le directeur technique.

Les nombreux changements survenus au poste d’entraîneur de l’Impact auraient pu inciter les dirigeants à opter pour la patience, mais le risque était trop gros à leurs yeux.

« On ne change pas d’entraîneur pour le plaisir, on le fait parce que nous n’avons pas les résultats espérés. On n’est pas pour se dire qu’on ne peut pas faire le changement que l’on croit nécessaire étant donné qu’on a limogé d’autres entraîneurs dans le passé », a nuancé Legendre.

Mais la grande question demeure de déterminer ce qui permettra d’instaurer une stabilité sur les lignes de côté.

« Ça prend plus de constance dans les résultats. Dans les derniers mois, on a vécu des hauts et des bas, mais les hauts étaient trop rares dernièrement avec une victoire en sept matchs au mois d’août », a soutenu l’ancien politicien.

« On veut une équipe compétitive qui participe aux séries de façon régulière », a martelé Legendre en référence à l’unique – et bref – accès éliminatoire (en 2013) de l’Impact depuis le saut en MLS en 2012.

Aucune critique dans le dossier Bernier

Si la fiche actuelle de 8-11-4 ne répondait plus aux standards de l’Impact envers Klopas, Braz a maintenu que l’entraîneur avait bien géré plusieurs autres dossiers.

Avoir confiance en Mauro Biello

Par exemple, le traitement réservé au capitaine Patrice Bernier a provoqué une multitude de critiques envers le onze montréalais. Ceci dit, d’après Braz, Klopas n’a rien à se reprocher à ce sujet.

« Oui (il l’a bien traité), il a été clair avec lui sur son rôle et la situation. Tous les joueurs veulent être sur le terrain, mais Frank a eu des discussions avec Patrice dans certaines situations frustrantes », a déclaré Braz.

Parmi les autres flèches récurrentes à l’endroit de Klopas, il y avait son entêtement sur son système et son effectif partant. Le directeur technique n’a pas dénoncé cette approche.

« Un entraîneur doit croire en ses idées, sa manière de gérer l’effectif et préparer l’équipe. Certains peuvent dire qu’il est entêté, mais je me dis plutôt qu’il croit en ses idées. Parfois, les résultats ne sont pas au rendez-vous et ce sera à Mauro de voir quel sera son style et il sera jugé en conséquence », a dit Braz.

De Santis joue encore un rôle majeur

Si l’on doit se fier aux propos de Braz, il n’existait aucune tension entre Klopas et ses patrons. La question méritait d’être posée notamment puisqu’il a appris son renvoi au téléphone et non en personne.

Il impose toutefois de préciser que l’Impact revenait de Toronto en soirée ce qui a compliqué le processus.

« Il n’y avait absolument aucune friction, j’avais une bonne relation avec lui tout comme Nick. Joey a parlé à Frank dimanche et je vais le rencontrer en soirée. On voulait le faire à ce moment, ça devenait difficile de l'annoncer en personne », a prétexté Braz.

« Est-ce qu’on aurait dû lui annoncer en personne? Peut-être, mais je peux vous assurer que tout a été fait avec grand respect », a-t-il ajouté.

Ce qui en étonne plusieurs dans ce dossier, c’est que Klopas a appris de la bouche de De Santis qu’il avait perdu son poste. Depuis que le poste de directeur technique lui avait été retiré, la perception générale était que NDS se contentait d’un rôle moins accru dans les décisions stratégiques pour se concentrer sur l’acquisition de joueurs prometteurs au niveau international.

Toutefois, c’était facile de constater que De Santis conservait un poids considérable dans les décisions étant donné sa présence accrue dans les activités de l’équipe. Quand il a perdu son titre de directeur sportif, on lui avait confié celui de directeur du développement des affaires internationales. Peu de temps après, il a été modifié pour vice-président relations internationales et développement technique.

C’est donc dire que De Santis a encore le pied pesant au sein de l’Impact et Legendre s’en réjouit.

« Il est impliqué dans l’équipe depuis plusieurs années. […] C’est lui qui avait recruté Frank Klopas et on trouvait que c’était plus naturel du côté humain qu’il lui parle en premier avant Adam.

« Nick a un rôle important au sein de l’organisation et c’est tant mieux selon nous. On peut dire qu’il n’a pas mal fait pour le développement international avec (Andres) Romero, (Ignacio) Piatti, (Johan) Venegas et Drogba. Mais on ne lui a pas confié un seul petit casier dans ses tâches. Je serais mal venu de vous dire qu’il n’a pas un rôle sur la vision des choses », a clarifié Legendre.

Qui paiera pour les entraîneurs qui se multiplient?

Quand on voit que les entraîneurs se succèdent sans cesse à la barre de l’Impact, l’enjeu de l’imputabilité de ceux qui les embauchent refait inévitablement surface. À ce propos, Legendre et Braz ne croient pas que l’Impact a failli à la tâche.

« On a une approche collective et on a réussi, au fil des années, à bâtir une équipe avec un certain progrès. D’ailleurs, on a fait un saut important cette année en ce qui concerne la qualité des joueurs, mais on pense que le résultat n’est pas suffisant », a soutenu Legendre qui ne semblait pas avoir réfléchi à ce dossier qui appartiendra au président Joey Saputo.

En terminant, l’Impact a tenu à remercier Klopas qui s’est dévoué pour ce club et qui a mené son groupe à des résultats très intéressants en Ligue des champions de la CONCACAF ce que personne ne pourra lui enlever.