MONTRÉAL – Les joueurs de l’Impact de Montréal sont descendus de leur altitude mexicaine avec la plus grande joie et ils n’ont aucunement l’intention de se plaindre du froid qui continue de sévir en sol québécois tellement ils sont heureux de revenir à la maison.

D’abord, ils ont ramené dans leurs bagages un match nul fort encourageant pour la suite des choses. Ensuite, ils ont renoué avec des conditions beaucoup plus clémentes pour déployer leurs habiletés sur le terrain. Finalement, ils sont ravis à l’idée de pouvoir continuer leur aventure en Ligue des champions de la CONCACAF devant leurs partisans qui ont signifié leur intérêt depuis le résultat optimiste du match aller.

De retour à l’entraînement vendredi matin après une éreintante journée de voyagement de près de 16 heures mercredi, les membres du onze montréalais appréciaient le confort de leur ville.

Dilly Duka, le héros du premier chapitre de la confrontation contre Pachuca, a bien résumé l’opinion de sa troupe qui a dû combattre les conditions éprouvantes de la cité minière. Même s’il a été charmé par l’accueil des gens, l’auteur de deux buts a peiné s’habituer aux rigueurs de cette halte en territoire ennemi.

« Je ne veux pas critiquer Pachuca, mais notre expérience à l’hôtel était l’une des pires surtout qu’on est habitué à un confort dans la MLS. Je pense que j’en ai perdu du poids et je vais me reprendre avec les restaurants de Montréal. On avait même peur de consommer l’eau potable, les chambres étaient petites et on a presque dormi dans le lobby pour avoir accès à l’internet », a décrit Duka qui était heureux d’avoir pu contribuer à la réussite collective.

L'Impact dans l'Antichambre

Parfois, dans le monde du sport, les athlètes emploient souvent le cliché selon lequel ils sont contents de revenir à domicile. Mais, cette fois, on pouvait définitivement sentir la franchise dans le visage des joueurs et de l’entraîneur Frank Klopas.

« Pour vous dire, je me sentais un peu mal pour mes joueurs parce que j’avais moi-même de la difficulté avec les conditions par moments donc j’essayais de mettre dans leur peau. Nous sommes contents d’être de retour », a confié Klopas qui est de plus en plus à l’aise avec la scène médiatique montréalaise.

Cette vérité devient encore plus significative quand les amateurs se dirigent sans tarder vers leur clavier ou leur téléphone pour se procurer des billets en vue du match retour du mardi 3 mars au Stade olympique.

De la Belgique à Montréal

Le président Joey Saputo avait définitivement pris un risque audacieux en réclamant un meilleur appui du public pour ce grand rendez-vous sportif, mais la performance concluante de son club est venue l’aider dans son offensive.

Maintenant que l’organisation a franchi le plateau des 20 000 billets vendus pour cette partie, elle préfère ne pas dévoiler son objectif pour l’assistance.

« Depuis le match, on a vendu plus de 4000 billets en deux jours et, bien franchement, c’est un peu au-dessus (de leurs attentes). On n’a pas souvent eu ça comme rythme et on s’approche du 25 000 alors que Pachuca a annoncé 12 000 en ayant vraiment compté tout le monde dans le stade. On est déjà très encouragé d’avoir le double », a souligné Richard Legendre, le vice-président exécutif.

« On veut surtout qu’on sente le plus d’ambiance que possible. C’était plaisant de voir les joueurs qui demandaient combien de spectateurs sont attendus et qui manifestaient le désir dans les entrevues que les spectateurs soient nombreux. Ce n’est pas un cliché, des gradins avec une bonne ambiance ont une influence sur le match. Ceux qui étaient ici en 2009 pourraient vous dire qu’on ne pouvait pas vraiment perdre », a-t-il ajouté.

Ceci dit, une foule supérieure à 30 000 spectateurs n’est pas exagérée et les joueurs ont même lancé le souhait de franchir la barre de 40 000.

« Avant de prendre leur billet, les gens voulaient voir le désir de l’équipe et ils ont ressenti mardi dernier qu’on avait vraiment envie de faire quelque chose. Ça fait plaisir de voir leur réponse », a reconnu le déjà efficace défenseur central Bakary Soumare.

« Le fruit de 3 semaines de préparation »

« C’est Montréal donc on savait que les gens attendraient de voir la tenue de l’équipe. On aurait aimé avoir plus de gens fidèles au poste avant même le premier match, mais ils répondent et on veut que ça continue étant donné que le 12e joueur aura un très grand rôle. Ce serait écoeurant qu’on puisse l’emporter à domicile et accéder à la demi-finale », a mentionné le capitaine Patrice Bernier qui pourrait favoriser un meilleur contrôle du ballon dans ce match retour.

« Les parallèles reviennent souvent avec le match de 2009 et les 55 000 spectateurs et ce serait merveilleux pour notre équipe si on pouvait s’approcher de cela. On entend que cette ville carbure aux événements et en voici certainement un », a indiqué le combatif gardien Evan Bush.

Bien sûr, qui dit match au Stade olympique en hiver, dit risque de reporter l’événement en raison d’une accumulation risquée de neige sur la toile du toit. Le refrain n’est pas un nouveau, mais les risques seraient minimes aux yeux des dirigeants montréalais alors qu’une accumulation de cinq centimètres est attendue.

« On commence à être habitué, mais la quantité annonce est basse avec du temps doux donc il n’y a pas d’inquiétude à ce moment », a déclaré Legendre qui ne croit pas que le match sera déplacé au lendemain.

Le terrain, une arme à double tranchant

En plus de bénéficier du support énergique de la foule, l’Impact détiendra une longueur d’avance en évoluant sur la surface artificielle – que l’on pourrait qualifier de capricieuse pour demeurer poli – de l’enceinte montréalaise.

« Je ne veux pas utiliser le mot qui commence par la lettre m », a lancé Soumare en riant à propos du revêtement du stade. « Je plaisante, mais c’est avantage parce que nous avons eu la chance de s’entraîner ici. Par contre, je ne pense pas que le tous les terrains synthétiques du Mexique soient de grande qualité non plus. »

Toutefois, ce revêtement particulier constitue en quelque sorte une arme à double tranchant puisque le terrain est plus grand ce qui favorise le principal atout offensif : les attaques sur l’aile grâce à la vitesse.

« C’est une équipe qui pousse beaucoup sur les côtés donc on va galoper ! », a admis Soumare avec le sourire.

Ce n’est pas tout, par une coïncidence certainement souhaitée par l’Impact, Pachuca disputera une partie sur le gazon artificiel vendredi soir à Tijuana.

« Ça pourrait affecter leur jeu, mais ce match à Tijuana leur donne un petit plus. On conserve le plus gros avantage surtout que ce terrain est certainement différent de la plupart des autres », a évoqué Bush.

Ignacio Piatti« En espérant qu’il fera encore très froid quand ils vont débarquer à Montréal et qu’ils n’auront pas le goût de quitter leur chambre d’hôtel », a-t-il poursuivi avec humour.

Autant que ce match pourrait aider les « Tuzos » à trouver quelques repères à l’approche du match retour, la formation mexicaine sera confrontée à une troisième rencontre en huit jours et ce, après le long voyage vers Montréal.

« Chose certaine, s’ils prennent le même itinéraire que le nôtre, ce sera une très longue journée pour eux et ce serait bien pour nous ! Mais ils seront prêts pour le match, on le sait bien », a signalé Duka.

Toutefois, Pachuca a nettement dominé le temps de possession pour cette première étape et la tâche pourrait être colossale pour l’Impact même avec l’appui de ses fidèles. Quand ce fut à leur tour de vivre le scénario de jouer sur le terrain adverse mardi, c’est en apercevant les dizaines d’Ultras qui avaient fait le voyage à Pachuca que les représentants montréalais ont redoublé de conviction.

« Je voulais dire à quel point c’était génial pour notre équipe de voir les amateurs qui s’étaient déplacés, c’était merveilleux. J’étais assis à l’hôtel et j’entendais des sons comme ceux des Ultras. Je sais que je suis vieux, mais pas au point d’halluciner et c’était bien eux qui étaient là. Ça voulait dire beaucoup pour nous de le voir dans le stade », a précisé Klopas.

Cette fois, ils seront des milliers à les pousser pour atteindre la demi-finale de cette prestigieuse compétition pour la première fois de l’organisation.