Mettons-nous une seconde à la place de Greg Vanney. Quel message faire passer aux joueurs du Toronto FC pour s’assurer de les mettre dans les meilleures dispositions pour s’imposer? Si l’optimisme est palpable dans le vestiaire après les buts de Jozy Altidore et Michael Bradley, on doit toutefois s’interroger sur les défaillances ayant mené temporairement à un retard inattendu de trois buts. Comme de fait, voici trois messages-clés qu’un observateur s'improvisant entraîneur pourrait tenter de faire passer aux Torontois.

Donnez le ballon à Giovinco

La majorité des interventions du latéral droit ont été effectuées dans l’axeComme dirait l’autre: « je ne miserais pas contre lui ». Giovinco « est dû » pour rebondir, ne serait-ce que parce que la loi de la moyenne milite en sa faveur, capisce? Certes, la fourmi atomique n’a pas connu son meilleur match de la saison au Stade olympique face à l’Impact. D’une part, on sait que la surface n’était pas sa préférée. De l’autre, il ne faut pas négliger le travail accompli par le tandem Ciman-Cabrera pour le neutraliser. Il faut dire que les défenseurs centraux montréalais ont pu bénéficier d’une couverture accrue de la part des latéraux Oyongo et Camara. On a d'ailleurs constaté que la majorité des interventions du latéral droit ont été effectuées dans l’axe.

Pourtant, l’influence de Giovinco s’est fait tout de même ressentir dans le jeu du TFC en deuxième mi-temps lorsqu’il est passé dans un rôle de fabriquant de jeu, positionné en retrait de Jozy Altidore et Tosaint Ricketts, lequel venait d’entrer sur le terrain. L’incertitude entourant la responsabilité du marquage de l’Italien aura aspiré à la fois Marco Donadel et Hernan Bernardello, tout en accaparant l’attention de Ciman. Même s’il n’est pas parvenu lui-même à marquer, ses complices en auront certainement profité.

Il ne faudrait donc pas s’étonner de voir Toronto entamer le match avec les deux attaquants présents en fin de match et Giovinco dans son rôle de soutien. Ce dispositif globalement plus offensif mettrait la pression immédiatement sur la défense montréalaise. Combler rapidement le retard d’un but et entretenir les doutes chez son adversaire, c’est le scénario dont on rêve à Toronto. En contrepartie, les Reds devront s’efforcer de limiter les occasions de contre-attaques de l’Impact s’ils adoptent un tel système, étant moins solides défensivement à partir du milieu de terrain. Voilà ici un souci pour Vanney. Or, il doit sûrement se dire que tant que Seba aura le ballon dans les pieds, impossible pour le Bleu-blanc-noir d’attaquer…

Donnez le ballon à Altidore

On garde ça simple pour la deuxième consigne. Si le plan A ne fonctionne pas, on passe au plan B. Dans ce cas-ci, balancez le ballon en direction de Jozy. L’attaquant de puissance du TFC a mis un certain temps à trouver son rythme lors du match aller, mais son jeu physique a fait des ravages chez les Montréalais une fois ses repères placés.

La clé dans le jeu d’Altidore, c’est de l’isoler en duel contre un défenseur. Même bien surveillé avec le dos tourné, Altidore est en mesure de pivoter et de tirer comme dans ce un-contre-un avec Victor Cabrera, ou encore de remettre à un coéquipier bien lancé comme il l’a fait récemment avec les États-Unis.

Le TFC doit donc capitaliser sur le bon rendement de son attaquant. La confiance ne manque pas pour un Altidore qui s’est permis d’en ajouter en déclarant que son vis-à-vis Cabrera avait encore des croutes à manger pour rivaliser avec lui dans une épreuve de force, l’invitant même a faire un petit tour au gym. L’histoire ne dit pas si Cabrera est envieux de sa puissance, mais on serait bien étonné de le voir s’enfler, et se travailler, pour égaliser son rival en grosseur. À ce jeu, pas besoin de citer Jean de la Fontaine pour comprendre qu’Altidore ne serait pas le premier à crever.

L’Impact cherchera donc à neutraliser l’international américain en le doublant avec un milieu de terrain. Et c’est à ce moment qu’Altidore devra trouver des partenaires à qui transmettre le ballon, un peu comme il l’avait fait sur le but de Michael Bradley lors du match aller, non sans avoir au préalable renversé Cabrera. Cette bataille est loin d’être terminée.

Marquez, doublez et fautez Piatti

À l’autre bout du terrain, Vanney ne peut faire autrement que de répéter à ses défenseurs de garder l’oeil sur Ignacio Piatti. Concrètement, il demandera probablement à Eriq Zavaleta de prêter main forte à Steven Beitashour sur le flanc droit dans l’espoir que les deux ne fassent qu’une seule bouchée de Nacho.

L’apport de Piatti lors du match aller s’est surtout fait remarquer lors de la première demi-heure. Sa passe décisive sur le but de Mancosu  illustre bien sa capacité à se démarquer au moment de la transition vers l’attaque des Montréalais, un aspect souligné à grands traits par Vanney lors des jours précédents la rencontre. Or, on aura beaucoup moins vu l’Argentin en position d’attaquer lors de la deuxième mi-temps. À l’instar de ses coéquipiers, Piatti s’est affairé à se replier, notamment pour aider Oyongo face aux montées de plus en plus incisives de Beitashour.

D’une certaine façon, l’attaque constitue donc un moyen à envisager pour défendre contre le numéro 10 montréalais et ainsi l'empêcher de faire pencher la balance en faveur des siens. Mais Vanney sait très bien que c’est un piège dans lequel sont déjà tombés DC United et les Red Bulls de New York.

À défaut de pouvoir le freiner, Toronto devra sans doute se résoudre à commettre des fautes à l’égard de Nacho. D’autant plus qu’en défense, on ne court pas le risque d’une suspension et que, sans Drogba sur le terrain, l’Impact est beaucoup moins menaçant sur coup de pied arrêté. Autrement, on pourrait devoir se résigner à le regarder célébrer un autre coup d’éclat avec ses coéquipiers. Et ça, même au Stade BMO, c'est déjà arrivé.