MONTRÉAL – Rien de ce qu’a montré le Toronto FC samedi après-midi n’a jeté Mauro Biello en bas de sa chaise. Mais ce qu’ils concédaient en sacrifiant l’effet de surprise, les Rouges l’ont regagné avec une exécution pratiquement sans faille.

« Ils ont fait leur plan de match, a analysé Biello, bon joueur, après la défaite des siens. On savait qu’ils allaient arriver ici avec l’intention de défendre et d’essayer de contre-attaquer avec Giovinco et Altidore. C’est ce qu’ils avaient fait dans leurs six premiers matchs et ça leur avait permis de connaître beaucoup de succès. »

Pour illustrer la stratégie qui venait d’avoir raison de son club, Biello a utilisé une expression anglophone propre au jargon coloré du soccer, une expression qu’on se permettra, pour les biens de la cause, de traduire littéralement ainsi : pour sortir vainqueur du Stade Saputo, le TFC a « stationné l’autobus ».

En bon français, le onze torontois s’est serré les coudes, s’est regroupé en un bloc défensif très compact et a coupé l’axe direct menant à son filet. Le stratagème a eu pour effet de limiter les sources d’alimentation en direction de Didier Drogba et Ignacio Piatti, qui ont peiné à créer des flammèches durant tout le match.

« On cherchait à aller davantage sur les côtés, à trouver cette largeur, mais au bout du compte, on a manqué de qualité dans le tiers offensif, a résumé Biello. L’occasion est belle pour nous d’en tirer une leçon puisqu’on reverra assurément d’autres adversaires qui feront la même chose. Il faudra apprendre à repérer ces situations. »

« Contre un bloc défensif bien en place, il faut bouger le ballon, être propre dans l’exécution, proposait le capitaine Patrice Bernier. Il faut aller vers la ligne de touche et mettre des centres. Présentement, on a tendance à se promener est-ouest. N’importe quelle défense qui met un mur, c’est facile pour eux. Il suffit d’être un peu plus entreprenant sur les ailes et ça va mieux aller. »

« Je pense que c’était notre moins bon match de l’année, a tranché Maxim Tissot, qui a vu ses premières minutes de la saison en répondant à l’appel après une blessure subie par Hassoun Camara. Dans leur territoire, c’était dur de trouver des espaces au milieu. [...] C’est un peu inhabituel pour nous cette saison, mais il y aura d’autres des matchs comme ça cette saison. Il va falloir travailler là-dessus et trouver des manières de contrer ça. »

Que retenir de ce match?

Biello a déploré le fait que son équipe n’était pas parvenue à faire circuler le ballon assez rapidement pour contrer l’efficacité du rempart colmaté par le milieu de terrain étoile Michael Bradley.

« Il a été excellent. Sa lecture du jeu était incroyable. Il ne nous a pas laissé un instant avec le ballon. Mais quand ça arrive, il faut bouger le ballon un peu plus vite. On n’a pas su le faire et ils avaient assez de temps pour se replacer derrière le ballon. Ça devenait alors encore plus difficile pour nous. »

« C’est difficile de changer d’approche dans le feu de l’action, arguait toutefois Harry Shipp. On a essayé d’accélérer notre exécution, mais ils ont fait du bon travail pour ralentir le rythme quand ils reprenaient le ballon. Bradley et Will Johnson nous ont rendu la vie difficile. »

Sécheresse en première demie

L’Impact a pris la fâcheuse habitude de débuter ses matchs en chatons pour les finir en lions. Depuis le début de la saison, le Bleu-blanc-noir a marqué huit de ses dix buts en deuxième demie.

Une rare défaite au Stade Saputo

En fait, l’Impact n’a pas marqué avant l’entracte depuis qu’il est entré au vestiaire avec une avance de 2-1 à son tout premier match de la saison à Vancouver.

« Il faut qu’on cherche des solutions pour ça, c’est important, a reconnu Biello. Surtout à domicile, parce que les équipes vont venir ici en se disant que le plus longtemps ils peuvent garder le score 0-0, plus ça va devenir compliqué pour nous. »

« C’est nous qui devons entamer le match avec de la vitesse, dominer le jeu et mettre l’intensité qu’on veut pour que par la suite, l’adversaire commence à courir, se fatigue et fasse des erreurs de concentration », dénote Bernier.

L’Impact aura deux occasions plutôt qu’une de montrer qu’il apprend vite de ses erreurs cette semaine alors qu’il disputera deux matchs en l’espace de quatre jours. Mercredi, les joueurs montréalais fouleront la pelouse du Yankee Stadium pour en découdre avec le New York City FC. Samedi, ils seront de retour à domicile pour accueillir les Rapids du Colorado.

« Le club a tout fait pour avoir de la profondeur, pour se donner une équipe où il y a de la concurrence à tous les postes. Avec trois matchs en huit jours, on va tester la qualité de notre équipe, anticipe Bernier. Mauro va probablement faire une rotation et ça va se traduire par des opportunités pour tout le monde. Un peu de fraîcheur, ça va peut-être amener des nouvelles idées. En espérant que ça nous remette sur le chemin de la victoire. »