MONTRÉAL – Un scintillant éclair venait de fendre le ciel montréalais, annonçant des perturbations imminentes à l’intérieur du Stade Saputo. Au même moment, sur le terrain, un avertissement d’un tout autre ordre.

 

Celui-là, l’Impact n’a pas eu le temps de le voir venir.

 

Le Toronto FC a frappé juste avant la tempête, samedi, et a quitté la ville avec une victoire de 2-0 dans le premier derby de la saison avec ses hôtes montréalais.

 

Il s’agit d’une troisième défaite consécutive, une deuxième à domicile, pour l’Impact. En ajoutant à la liste l’inquiétant match nul dont il a dû se contenter en milieu de semaine en lever de rideau du Championnat canadien, il est peut-être temps de considérer appuyer sur la sonnette d’alarme.

 

« Oui, je pense qu’il faut réagir, a agréé l’entraîneur-chef Rémi Garde après la rencontre. Je pense qu’on avait l’intention aujourd’hui, on l’a montré par séquences dans le jeu, mais bien sûr que trois défaites de suite, ça ne nous met pas dans une bonne position. Maintenant il nous reste douze matchs. C’est un passage à vide dans la saison, mais on ne remet pas tout en cause. »

 

« C’est un revers qui est difficile à accepter parce que c’est en plus contre Toronto, mais c’est comme ça. Parfois, ça ne veut pas sourire. »

 

Alejandro Pozuelo a marqué le but décisif à la 61e minute. Descendant plein axe sans le moindre obstacle sur son chemin, le prolifique Espagnol s’est avancé au haut de la surface de réparation et a envoyé sa frappe à l’intérieur du poteau à la gauche d’Evan Bush.

 

« On aurait dû mieux défendre, l’un de nous deux aurait probablement dû fermer l’espace vers lui, a confessé le défenseur Jukka Raitala, coupable d’avoir laissé trop d’espace à Pozuelo avec son partenaire Victor Cabrera.. Mais ça s’est passé vite et il y avait aussi une menace derrière nous. Il a pris un bon tir. Ils ont bien profité de leurs chances aujourd’hui. »

 

« Le premier but est encore le résultat de nos propres erreurs, a commencé Bush, un relent d’amertume perceptible dans la voix. Et ils ont des joueurs qui vous font payer quand vous leur donnez le ballon dans des zones dangereuses. C’est ce qu’ils ont fait. »

 

Quatre minutes après ce premier coup de semonce, l’officiel Ted Unkel envoyait les deux équipes au vestiaire alors que la pluie s’abattait avec de plus en plus de violence sur le stade bondé. Le match a repris après un délai de 25 minutes, puis un déluge, un vrai, a surpris pour une deuxième fois les deux rivaux. Rien toutefois pour mettre fin à la sécheresse chez les locaux.

 

Titularisé dans un deuxième match de suite, Anthony Jackson-Hamel a obtenu la meilleure chance des siens à la 72e, envoyé seul devant le gardien par un beau relais de Clément Bayiha, mais son tir à bout portant est allé frapper les gants du portier Quentin Westberg.

 

Appelé en renfort pour le dernier segment du match, Maxi Urruti a été fidèle à ce qu’il apporte depuis le début de la saison. Au cœur de sérieuses menaces près du filet adverse, l’Argentin a été incapable de conclure. Il regrettera particulièrement cette déviation aux pieds de Westberg dans les arrêts de jeu.

 

Jozy Altidore a livré le coup de grâce sur un sublime coup franc quelques instants plus tard, offrant aux Reds une première victoire à l’étranger depuis le 4 mai. La bête noire de l’Impact a célébré en narguant les supporteurs massés dans la section 114 avant de saluer l’imposant groupe de partisans torontois venus supporter les leurs en territoire hostile.

 

Piette blessé

 

À peine dégagé de la liste des blessés, Bayiha a été inséré dans le match à l’heure de jeu pour remplacer Samuel Piette, indisposé par une apparente blessure à la région abdominale. La recrue de 20 ans obtenait ses premières minutes depuis le 28 avril.

 

« Je n’ai pas de diagnostic encore, mais Sam semble s’être étiré un muscle de l’abdomen », a confirmé Garde, « ce qui n’est pas une blessure très rassurante a priori, parce que ça prend du temps, c’est douloureux. Il est rentré chez lui très vite et bien sûr que l’absence de Sam est préjudiciable à l’équipe. »

 

« Je crois qu’on s’en tirait plutôt bien avant que Sam ne doive quitter, n’a pas caché Bush. Ça a changé la donne pour nous. Quand ce genre de chose arrive, il faut qu’on soit un peu plus fort mentalement pour répondre à l’adversité comme on le faisait plus tôt dans la saison.

 

« Il faut se réorganiser, faire sans lui et donc encore une fois, sans Sam et sans Nacho, ça fait beaucoup de joueurs qui nous manquent dans des matchs importants comme ça, contre des bonnes équipes où il y a des bons joueurs. Bien sûr qu’il faudrait avoir tous nos atouts aussi », a renchéri Garde.

 

Au classement, l’Impact risque de subir à retardement les contrecoups de cette autre défaite. Le Bleu-blanc-noir se maintient pour l’instant au quatrième rang dans l’Est, mais a disputé au moins deux matchs de plus que ses trois plus menaçants poursuivants. Ce n’est qu’une question de temps avant que les deux équipes new-yorkaises, et possiblement ses ennemis torontois, le recalent sur la ligne rouge délimitant les équipes qualifiées pour les séries. ​

Impact 0 - Toronto FC 2