L'Impact a de grands besoins à combler
Impact lundi, 27 janv. 2014. 22:21 jeudi, 12 déc. 2024. 21:28MONTRÉAL – Peu après l’annonce de son arrivée à Montréal, Frank Klopas a accepté une invitation à souper de Marco Di Vaio. Pour le joueur vedette, c’était l’occasion d’en savoir un peu plus sur les idéologies de celui qui allait tirer les ficelles de l’équipe pendant sa dernière année sous contrat avec l’Impact. Pour son nouveau patron, le prétexte était idéal pour apprendre à connaître davantage celui qui détiendrait probablement la clé de ses stratégies offensives en 2014.
Le repas fut mémorable, mais pas nécessairement pour ce qui y a été consommé. Ce soir-là, Di Vaio a pris un engagement qui n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd.
« Il m’a dit qu’il allait marquer 25 buts cette année. C’est pour ça que je suis venu! », a dévoilé Klopas après avoir dirigé sa nouvelle équipe pour la toute première fois cette semaine.
La direction de l’Impact a dû pousser un énorme soupir de soulagement lorsque son joyau de 37 ans a confirmé, en octobre dernier, son intention de prolonger sa carrière d’une autre saison.
En 2013, le divin Italien s’est avéré indispensable aux succès du club qui l’avait convaincu de traverser l’Atlantique l’année précédente. Ses 20 buts l’ont placé au troisième rang parmi les meilleurs francs-tireurs de la MLS et ont représenté 40 % de la production offensive totale de l’Impact. À travers le circuit Garber, seuls les Whitecaps de Vancouver, avec les 22 filets de Camilo Sanvezzo, ont obtenu une contribution proportionnellement plus imposante de la part d’un seul marqueur.
Lundi, dans son français limité, Di Vaio s’est contenté de dire qu’il allait faire « de son mieux pour aider le club, comme toujours ».
« Pour ça, vous devez parler avec le club », a répondu le numéro 9 lorsqu’on lui a demandé s’il croyait avoir besoin d’être mieux supporté dans le tiers offensif du terrain. « De mon côté, je chercherai à faire aussi bien que l’année dernière, à marquer des buts. Je ne sais pas combien, mais marquer des buts pour aider l’équipe à monter au classement. »
D’autres, par contre, ont été plus explicites sur les moyens que devrait prendre l’Impact pour diversifier son offre près du filet adverse.
« Il ne faut pas se le cacher, on a un gars qui a marqué la majorité de nos buts la saison passée », a décrié Patrice Bernier, lui-même auteur de seulement quatre réussites à sa deuxième campagne à Montréal.
« Il faut que tout le monde qui est ici contribue davantage, mais idéalement on amènerait quelqu’un d’autre, soit pour le greffer à l’alignement partant, soit pour le sortir du banc au bon moment. Peu importe la solution, c’est sûr qu’on a besoin de renouveau au niveau offensif. »
L’an dernier, l’arrivée de Daniele Paponi avait donné lieu à des moments prometteurs. Le joueur prêté par le Bologne FC avait notamment été utilisé à quelques reprises dans un schéma tactique à deux attaquants par l’entraîneur de l’époque, Marco Schällibaum, mais les résultats concrets – deux buts en 16 matchs - furent modestes.
L’utilisation plus régulière d’un deuxième attaquant pour épauler Di Vaio fait-elle partie des plans du nouveau tacticien? À six semaines du début de la saison, Klopas se garde bien de dévoiler ses secrets.
« Cette équipe a été construite d’une certaine façon et il faudra faire avec les caractéristiques et les habiletés des joueurs en place, prévient le sélectionneur du onze montréalais. Et évidemment, si j’ai accepté de venir ici, c’est que j’approuve la philosophie qui fait la marque de ce club. Ceci dit, au niveau tactique, il y a toujours des trucs sur lesquels on peut travailler pour s’assurer que les gars en milieu de terrain soient en position pour produire davantage. »
Bernier, lui, entretient aussi l’espoir que l’arrivée d’un nouvel entraîneur puisse permettre à un joueur d’éclore et de faire surgir du noyau actuel la solution recherchée.
« Peut-être que certains joueurs qui n’ont pas contribué autant qu’ils le souhaitaient ou qui n’ont pas connu une saison à la hauteur de leurs attentes verront là une belle opportunité. C’est sûr qu’il y a de très bons éléments au sein de l’effectif, mais on a vu l’année dernière qu’on avait besoin d’une équipe solide à tous les points de vue. Pas juste dans le onze partant, mais des autres gars aussi... »
Celui qui ne se cache pas pour exprimer son intérêt envers le poste vacant de capitaine de l’Impact aurait aussi bien pu prononcer le nom d’Andrew Wenger. Tout premier choix du repêchage américain et de l’histoire de l’équipe en MLS en 2012, l’attaquant de 23 ans a été incapable, à ses deux premières saisons chez les professionnels, de gagner la confiance de ses entraîneurs. Pour ses 47 matchs d’expérience, dont 15 amorcés dans l’alignement de départ, il ne compte que cinq buts à son actif.
Andrew Wenger au secours de l’attaque de l’Impact en 2014 : y croyez-vous encore?
Bernier renchérit. « C’est toujours délicat, le côté offensif, parce que tous les marqueurs passent inévitablement par une période sèche. Il faut qu’on trouve un équilibre, quelqu’un capable de porter le flambeau quand l’équipe n’arrive pas à trouver le fond du filet. »
D’autres chats à fouetter
Mais alors que s’amorce son premier camp d’entraînement à la barre de l’Impact, l’attaque ne semble pas être le principal souci de Frank Klopas. L’ancien international américain n’est pas sans savoir que s’il se retrouve présentement à Montréal, c’est sans doute parce que son prédécesseur a été éjecté pour avoir mis sur le terrain une unité défensive trop généreuse.
Des dix équipes à s’être qualifiées pour les séries éliminatoires de la MLS la saison dernière, l’Impact est de loin celle qui a encaissé le plus de buts, soit 49. En comparaison, la brigade la plus hermétique du circuit, celle du Sporting de Kansas City, n’en a concédé que 30.
« Défensivement, nous devrons offrir un meilleur rendement collectif, a franchement observé le stratège aux racines grecques. C’est la source de tous nos maux. Nous comptons sur des joueurs de qualité dans le dernier tiers du terrain, nous avons tout ce qu’il faut pour créer des chances de marquer, mais à l’autre bout du terrain, nous devons nous améliorer. »
Si les secours n’arrivent pas, la tâche risque d’être colossale. En effet, Klopas devra solidifier son mur défensif sans la présence du vénérable Alessandro Nesta, parti à la retraite après un passage d’un peu plus d’un an en MLS.
Un Nelson Rivas en santé ne pourrait certainement pas nuire, mais la possibilité relève de la pensée magique si le passé médical du robuste Colombien, qui pète présentement le feu, est garant de l’avenir. Adrian Lopez, arrivé à Montréal en même temps que le joueur désigné Hernan Bernardello au milieu de l’été dernier, est toujours en Espagne pour soigner une blessure à un genou. Sinon, la relève consiste en un trio d’anciens académiciens composé de Wandrille Lefèvre, Karl W. Ouimette et Maxim Tissot, qui comptent à eux trois 13 matchs d’expérience au niveau professionnel.
« Je crois que nous comptons sur plusieurs gars capables de prendre la relève », estime pourtant avec confiance l’arrière latéral gauche Jeb Brovsky, l’un des trois défenseurs de l’Impact à avoir passé plus de 2500 minutes sur le terrain l’an dernier. « Matteo (Ferrari), Hassoun (Camara) et Rivas peuvent tous occuper ce rôle de défenseur central et s’imposer comme le meneur de cette unité. Ça ne sera pas une absence facile à combler, mais en terme de leadership, je crois qu’il est temps que certains gars sortent de leur zone de confort et commencent à assurer une présence plus vocale. »
« Nesta était un grand joueur, mais nous savions tous que le moment de sa retraite arriverait un jour, s’est résigné Klopas. Nous ne comptons pas sur un autre Nesta, c’est certain, mais nous avons de la profondeur à cette position. Je suis convaincu que quelqu’un qui l’a regardé jouer de près au cours de la dernière année aspire maintenant à prendre sa place. »
Curieusement, celui qui risque le plus de s’ennuyer de Nesta est Di Vaio, qui perd la compagnie de son grand complice.
« Oui, cette année sera différente pour moi, surtout en dehors du terrain, concède l’Italien. Non seulement je n’aurai pas ma famille avec moi, mais je n’aurai pas Alessandro. Ce sera dur. »
Si la direction de l’Impact parvient au moins à trouver un compagnon de jeu à son meilleur buteur, tout le monde devrait, au final, y trouver son compte.