MONTRÉAL – Dans les derniers spasmes d’une interminable saison qui se terminera selon toutes vraisemblances par ses propres funérailles, Mauro Biello continue de rester droit comme un chêne devant l’adversité.

Mercredi, après avoir dirigé un entraînement marqué par l’absence d’une dizaine de réguliers – six joueurs étaient partis rejoindre leur équipe nationale tandis qu’une poignée d’éclopés étaient restés à l’intérieur pour soigner des petits bobos - l’entraîneur de l’Impact a de nouveau été appelé à commenter les fuites qui se font de plus en plus nombreuses au sujet de son avenir avec le club.

La veille, Rick Moffat (TSN 690) avait joint sa voix à celle, entendue quelques jours plus tôt, de Jean-Charles Lajoie (91,9 Sports) et avait rapporté que Biello et ses adjoints avaient déjà été prévenus par leur patron qu’ils ne seraient pas de retour dans les mêmes fonctions en 2018.

« Il y a toujours des discussions, il y a toujours des meetings, a répondu Biello, qui est sans surprise resté évasif lorsqu’on lui a demandé de confirmer les plus fraîches rumeurs. En ce moment, je suis l’entraîneur. À la fin, on va voir et analyser la saison. »  

Comme un gros poil noir qui apparaît au milieu d’un grain de beauté mal placé, les spéculations grandissantes autour du statut de Biello viennent enlaidir une saison qui n’en avait vraiment pas besoin. Aussi décevant puisse être le rendement de son équipe sur le terrain, il est regrettable qu’un homme ayant donné autant pour une organisation ne puisse profiter d’une sortie plus propre et soit forcé de porter une si lourde croix vers une porte de sortie qui aurait dû lui être montrée de façon beaucoup plus discrète.  

« Ce sont des rumeurs et nous, on ne peut pas contrôler les rumeurs, alors on se concentre sur notre travail, a diplomatiquement commenté l’entraîneur crucifié. Il nous reste deux matchs et il faut bien jouer pour finir cette saison de la bonne manière. On n’est pas encore à l’écart, il y a encore une petite chance. Il faut se concentrer là-dessus. »

« Comme je l’ai déjà dit, ça fait partie du métier, a ajouté Biello. Ce n’est pas facile, mais c’est ce qui est devant nous. »

Avec seulement deux matchs à jouer cette saison, l’Impact est assuré de compléter une saison sous la barre de ,500 pour la première fois depuis que Biello a pris les commandes du club. Depuis que ce dernier a succédé à Frank Klopas à la fin de la saison 2015, le Bleu-blanc-noir montre une fiche de 34-30-20, incluant ses deux parcours en séries éliminatoires.

Au milieu d’un point de presse rempli de retenue, Biello a trouvé le moyen de défendre ce palmarès modeste, mais inégalé par ses nombreux prédécesseurs.

« Ce groupe est allé en finale de la Ligue des champions en 2015, puis a terminé troisième dans l’Est avant d’atteindre demi-finale de conférence. L’année dernière, on a atteint la finale de notre association. Maintenant, c’est un groupe qui, après trois saisons, commence à avoir un peu de difficulté à répéter certaines actions. Ça n’arrive pas seulement ici. Regardez New York, qui a une victoire en dix matchs et qui était premier dans l’Est l’an dernier. Même chose avec Dallas et Los Angeles. On connaît la dynamique dans cette ligue. »

Associé à l’Impact depuis l’époque où l’équipe évoluait en NASL, Hassoun Camara admet endurer avec peine le bruit qui court au sujet de son entraîneur.

« [Mauro] est un grand professionnel et tout le monde sait ce que je pense de lui. Maximum de soutien pour lui à tous les niveaux, surtout au niveau personnel c’est sûr, parce que ça fait sept ans que je suis ici et je lui dois tout ce que j’ai aujourd’hui. On essaie de faire le maximum en tant que leader pour garder le max de focus de la part des joueurs jusqu’à la fin et soutenir le coach quoiqu’il arrive. On ne sait pas ce qui se passe autour. »

« Je n’avais jamais entendu ces rumeurs avant qu’un d’entre vous m’en parle – je crois que c’était après notre match contre New York – et pour être honnête je n’ai remarqué aucun changement depuis, a commenté Evan Bush. Les entraîneurs travaillent toujours aussi fort et investissent toujours autant d’heures pour nous préparer de la même manière. Dans un cadre professionnel, on ne s’attendrait à rien d’autre de leur part, surtout quand les séries sont encore une possibilité. Il n’y a pas de temps à perdre avec ce genre d’histoire. Si on est éliminé en fin de semaine, on verra ce qui arrivera, mais d’ici là, je m’attends à la même attitude de la part de tout le monde. »

Si une chose semble certaine à travers cette situation désolante que l’Impact semble avoir le don de créer, c’est que Biello n’a pas l’intention de s’apitoyer sur son sort. Quand on lui a demandé quel était son plus grand souhait pour la fin de la saison, l’ancien striker devenu stratège a répondu : « Qu’on gagne les deux prochains matchs. À la fin, c’est ce que je veux. »​