La victoire de l’Impact à Orlando dimanche marquait le douzième départ de la campagne pour Patrice Bernier. Dans une saison où on se demande sans arrêt si le verre est à moitié plein ou vide, la fiche de l’équipe avec le capitaine dans le onze de départ (5v, 1d, 6n) est plus tranchante.

Les Montréalais ont enregistré un seul de leurs dix revers de la saison avec Bernier sur la feuille de match d’emblée.

Ces chiffres m’ont fait réfléchir sur son apport à l’équipe, son futur au club et la relation de l’Impact de Montréal avec ses anciens (futur ancien dans ce cas-ci).

Indispensable

Pour une deuxième saison consécutive, Bernier est une des pièces maîtresses pour Biello à l’approche des séries. Était-ce le plan tout au long de la saison ? Les nombreux changements d’effectif et de système au milieu permettent d’en douter.

À 37 ans, son intelligence au jeu et son calme en possession en font néanmoins un joueur indispensable pour une équipe qui semble enfin avoir trouvé un certain équilibre dans l’axe.

Difficile de savoir quel aurait été le scénario si l’Impact avait été plus agressif dans son recrutement estival, mais dans la situation actuelle, son apport est essentiel aux succès de l’équipe.

Précieux

Au-delà des qualités du joueur, c’est le caractère de l’homme qui s’avère précieux pour le club depuis quelques années. Malgré une révision de salaire à la baisse, des relations tendues avec Frank Klopas et un temps de jeu limité alors que l’Impact avait toutes sortes de problèmes au milieu, Bernier est toujours resté professionnel.

Plutôt que d’utiliser la sympathie des médias pour passer des messages, il a choisi de rester solidaire. Sous-estime-t-il son poids comme porte-parole de l’Impact ou veut-il, au contraire, s’assurer de ne pas en abuser ? Lui seul saurait le dire.

D’une manière ou d’une autre, le club peut se compter chanceux. Je connais quelques joueurs qui auraient causé plus de remous s’ils avaient fait face à la même adversité depuis 2012.

La dernière

La présente saison sera-t-elle la dernière de sa carrière de joueur? Bernier lui-même n’a pas l’intention d’accrocher ses crampons en 2016, alors la décision reviendra au club.

Personnellement, je lui offrirais un dernier contrat sous forme de projet de club. Dans un rôle bien défini, il pourrait avoir six ou sept départs en MLS, remplir un rôle important comme remplaçant et agir à titre de mentor avec l’équipe réserve où il pourrait également jouer quelques matchs pour marquer l’esprit des jeunes.

Est-ce un scénario qu’il accepterait? Je n’en ai aucune idée. Je crois cependant que tous pourraient y gagner.

Si on a fait si grand cas de l’Université Di Vaio, il vaudrait bien la peine de capitaliser sur le Collège Bernier pour une dernière année.

À la hauteur

La présence du capitaine pour une autre saison permettrait aussi de lui offrir un départ à la hauteur de sa contribution au club. Je suis bien conscient que les décisions doivent avant tout se justifier sur le plan sportif, mais ce n’est pas le recrutement de la dernière année qui offre la certitude qu’on trouvera mieux ailleurs.

Il est bien dommage d’apprendre la fin de sa carrière lors d’une conférence de presse au mois de décembre. Bernier mérite de faire ses adieux crampons aux pieds devant un Stade Saputo qui chante son nom. Les Ultras auraient certainement un Tifo bien spécial pour l’occasion.

Dans un futur plus ou moins rapproché, l’Impact aura l’occasion de faire les choses de la bonne manière pour reconnaître la carrière d’un des plus grands joueurs québécois de l’histoire (je vous laisse débattre celle-là).

Le numéro de Bernier pourrait-il devenir le deuxième retiré par le bleu-blanc-noir? Le no 20 de Biello se sentirait peut-être moins seul dans la tribune nord du Stade Saputo.

Où sont-ils ?

Mis à part ceux qui y travaillent activement, la présence d’ex-joueurs dans l’entourage du club est faible. C’est possiblement ce qui explique que 23 ans d’histoire s’impriment encore difficilement dans l’imaginaire sportif québécois.

Où sont les Valerio Gazzola, John Limniatis, Nevio Pizzolitto, Ali Gerba, Patrick Diotte et compagnie?

Sentez-vous bien à l’aise si vous ne reconnaissez pas certains noms, ça ne fait que valider mon point.

Que ce soit en raison de divorces acrimonieux ou simplement parce qu’on ne se fait pas un devoir d’intégrer les anciens dans la grande famille du bleu-blanc-noir, l’Impact se prive de nombreux ambassadeurs qui pourraient cultiver l’histoire et augmenter le rayonnement du club à travers la province.

En ce sens, le cas de Patrice Bernier offrira une occasion de repartir sur de meilleures bases. Sera-t-elle saisie?