Je lis plusieurs commentaires depuis hier sur les réseaux sociaux et je me dis que le sujet du rappel de Laurent Ciman par l’équipe nationale de Belgique mérite quelques explications.

Dans son point de presse, dimanche, Ciman a dit : « L’équipe nationale passe avant tout, c’est une grande fierté de représenter mon pays à l’Euro. Je vais représenter l’Impact et tous les Québécois ».

Le fait qu’il dise que l’équipe nationale passe avant tout, semble en déranger plusieurs...

Vous êtes fiers de vos athlètes aux Jeux olympiques, sachez que pour un joueur de soccer européen, la Coupe du monde et l’Euro, c’est aussi sinon plus gros que les séries de la Coupe Stanley pour un joueur de hockey ou que les JO pour un athlète amateur.

Et la météo là-dedans?

Partout dans le monde du foot, sauf en MLS, les saisons en club sont terminées. La saison estivale laisse place aux grands tournois sur la scène internationale. Chaque année, le débat revient. Devrait-on arrimer le calendrier de la MLS aux autres de la FIFA?

Pour des raisons climatiques, une telle idée est impossible à gérer dans la MLS. Plusieurs clubs en Europe évoluent sur des terrains enneigés à certains moments pendant la saison. Cette façon de faire ne serait pas réaliste en Amérique du Nord, car le soccer n’est pas assez ancré dans les mœurs.

Plusieurs amateurs préfèrent ne pas se présenter au stade quand la pluie est au rendez-vous, alors imaginez quand il neige et qu’il fait -20 degrés! De plus, en automne et en hiver, la MLS devrait rivaliser avec le football, le hockey et le basketball, notamment, dans plusieurs marchés.

Ce serait ingérable pour des clubs comme Montréal, New York, Philadelphie ou Boston par exemple. Joey Saputo en a déjà parlé souvent quand le débat refait surface.

Donc, les commentaires de Ciman n’auraient pas eu le même impact si le calendrier de la MLS avait été le même que les autres. C’est le seul circuit de soccer qui poursuit ses activités pendant les grandes compétitions internationales, comme l’Euro, la Coupe du monde ou la Copa America.

Ce n’est pas la faute de Laurent Ciman, alors il faut comprendre ses motivations à rejoindre ses compatriotes pour enfiler les couleurs de son pays, la Belgique.

La puissance du maillot national

C’est bien mal comprendre le principe que de s’attaquer à un joueur qui émet une déclaration qui met en valeur son sentiment d’attachement à son pays. Demandez à Cristiano Ronaldo, Andrea Pirlo, Zlatan Ibrahimovic ou David Beckham, par exemple, ce que cela représente pour eux que de porter les couleurs de leur nation. Et croyez-moi, si Didier Drogba avait encore la chance de briller sur la scène internationale, il saisirait l’occasion aussi (même si là, on parle de l’Euro, donc la Côte d’Ivoire n’y participe pas, bien évidemment).

Tous les joueurs en rêvent, c’est la reconnaissance ultime pour un joueur de soccer, ou même pour un athlète tous sports confondus. C’est une occasion qui se présente rarement pour plusieurs. La vitrine, l’opportunité de briller dans un tournoi de la plus grande importance est ce qu’il y a de plus gratifiant pour un joueur.

Je regardais récemment un documentaire sur David Beckham, dans lequel il joue des matchs sur sept continents différents. Il dit dans ce film : « J’ai eu la chance de représenter l’Angleterre plus d’une centaine de fois. Plusieurs jeunes à travers le monde ont beaucoup de talent et n’auront jamais cette chance ».

Il faut que les astres soient bien alignés pour avoir l’occasion d’évoluer dans les grands tournois, il faut se retrouver au bon endroit, au bon moment. Le club aura toujours une importance capitale pour un joueur, c’est clair. C’est lui qui paie le salaire du joueur, qui lui permet de développer son potentiel au maximum, pour justement obtenir des occasions comme un rappel sur la scène internationale.

Demandez à Luis Suarez comment il se sent aujourd’hui. Il a mis la main sur un championnat de la Coupe du Roi avec le FC Barcelone contre Séville dimanche. Pendant le match, Luis Suarez a subi une blessure à la cuisse droite, il a quitté le terrain en larmes, en sachant très bien que ses chances de représenter l’Uruguay à la Copa America sont sur le point de s’envoler. D’autant plus que ce tournoi devait marquer son grand retour en équipe nationale, après son exclusion au Mondial en 2014.

Certains diront que Laurent Ciman pourrait jouer uniquement un rôle de réserviste, se demandant s’il vaut vraiment la peine de laisser l’Impact derrière lui dans une phase difficile sur le terrain. Mais si Laurent a la moindre opportunité d’enfiler l’uniforme, il ne peut tout simplement pas la laisser passer.

De toute façon, comme il l’a si bien dit dimanche, son poste est loin d’être garanti dans les 23 joueurs sélectionnés pour le tournoi, mais il veut « tout faire » pour y parvenir.