MONTRÉAL – Bien sûr, l’Impact s’est compliqué la vie en accordant deux buts rapides au Toronto FC dans la première tranche du Championnat de l’Est. Ces cinq minutes d’égarement en deuxième demie ont transformé le terrain du BMO Field, où sera disputé le match retour mercredi, en un champ de mines où les faux pas, cette fois, risquent de ne pas pardonner.

La route séparant Montréal d’une participation à la finale est donc aujourd’hui plus longue qu’elle n’aurait pu l’être. Ça, personne ne le contestera. Mais de là à suggérer, comme l’ont fait certains observateurs, que la formation ontarienne a conservé sa place dans le siège du conducteur malgré la défaite de 3-2 qu’elle a encaissée au Stade olympique, il y a une ligne que la récente feuille de route du onze montréalais appelle à ne pas franchir.

« Nous avons eu de bonnes performances qui sont encore fraîches en mémoire à l’étranger », a rappelé avec justesse Mauro Biello après le retour à l’entraînement de son équipe vendredi.

En effet, pour une équipe qui continue d’être tenue comme négligée, il faut avouer que l’Impact gère plutôt bien ses complexes depuis un mois.

Fin octobre, le Bleu-blanc-noir déposait le premier jalon de son parcours éliminatoire en annihilant le D.C. United dans son vieux RFK Stadium. À peine une semaine plus tard, il larguait une véritable bombe au Red Bull Arena, un endroit où il n’avait jamais gagné auparavant, en y éliminant les grands favoris de l’Association Est.

« On joue bien, affirme calmement Biello. Oui, il y a eu un écart dans notre jeu [contre Toronto], cinq minutes où on a ralenti. Il y eu cette mêlée qui a mené au premier but et peut-être une faute avant le deuxième. Mais quand même, au niveau de notre attaque, on a compté dix buts depuis le début des séries et le message, c’est qu’il faut croire qu’on est capable de compter à n’importe quel moment dans le match. Ça doit être installé dans l’esprit de cette équipe. »

C’est aussi en grande partie grâce à des performances salvatrices sur les terrains adverses que l’Impact s’est qualifié pour les séries. Il y a eu cette victoire inespérée à Toronto, justement, à la fin août, alors qu’un but d’Ignacio Piatti avait offert un résultat inespéré à un groupe numériquement désavantagé. Puis ces trois énormes points dans la canicule d’Orlando dans le dernier droit critique du calendrier régulier.

Sans compter ces importants matchs nuls dispersés ici et là au cours de l’été, au moment où les déceptions à domiciles se faisaient fréquentes. Bref, un match sur la route ne représente plus un obstacle insurmontable pour cette équipe qui a récolté 19 de ses 45 points à l’étranger en saison régulière.

« Le bon côté cette année avec les matchs à l’extérieur, c’est qu’on a été capable de marquer, souligne Patrice Bernier. Tout le monde sait que notre qualité, c’est la contre-attaque. La confiance est là, sachant qu’on est capable d’aller chercher un ou deux buts. Et on sait qu’il va y avoir d’autres occasions parce que comme je l’ai répété, ils doivent nous battre. Alors il faudra en profiter, on a les gars en avant qui sont capables. On va tout simplement continuer dans la même veine. »

Depuis l’arrivée en poste de Biello, pour le dernier tiers de la saison 2015, l’Impact montre une impressionnante fiche de 8-9-9 à l’étranger. C’est sur le terrain des Rapids du Colorado qu’il avait confirmé sa place en séries il y a un an. C’est aussi avec un triomphe inattendu qu’il avait lancé sa campagne actuelle à Vancouver.

Les exemples sont nombreux et plus on les énumère, moins on voit de raisons de compter l’Impact pour battu à l’aube de son déplacement dans la Ville Reine.

« On sait que ça va être difficile, qu’on joue contre une bonne équipe. Ça, il faut le comprendre aussi, rappelle toutefois Biello. Il y a une équipe de l’autre côté avec du caractère aussi. Et toutes ces choses-là sont dans la formule et font partie de notre préparation. »

Le TFC a gagné ses trois derniers matchs au BMO Field, où il a maintenu une fiche de 10-3-6 en 2016.

Bataille stratégique : Biello s’explique

Le réveil offensif du Toronto FC lors du match aller du Championnat de l’Est a été provoqué par la proactivité de l’entraîneur Greg Vanney qui, à la 57e minute, a rappelé les milieux de terrain Armando Cooper et Jonathan Osorio au banc à la faveur des internationaux canadiens Will Johnson et Tosaint Ricketts.

En plaçant l’attaquant Ricketts aux côtés de Jozy Altidore tout en décalant Sebastian Giovinco d’un cran, Vanney a semblé donner un second souffle à sa formation, qui a répondu dix minutes plus tard avec son premier but du match.

Les visiteurs avaient déjà réduit l’avance de l’Impact d’un but quand Biello a répondu avec sa première substitution. À la 71e minute, le stratège montréalais a envoyé Didier Drogba dans la mêlée à la place de Matteo Mancosu. Deux minutes plus tard, toutefois, Toronto frappait de nouveau.

Vendredi, Biello a justifié la lenteur de sa réaction aux changements apportés par son vis-à-vis.

« On avait déjà certains changements prévus au même moment, mais on a eu un signal en provenance du terrain que deux joueurs ressentaient les effets de crampes. Ça nous a obligés à hésiter et tout à coup, ils ont marqué deux buts », a expliqué l’entraîneur.

L’effet positif qui a découlé du brassage de cartes de Vanney en incite plusieurs – dont Biello - à croire que le coach torontois pourrait briser le onze de départ qu’il favorisait depuis le début des séries pour faire une place aux joueurs qui ont généré des résultats à Montréal.

« C’est sûr qu’il faut se préparer pour ça, convient Biello. On verra peut-être la rentrée de Johnson, peut-être que Giovinco sera derrière les deux attaquants... On va se préparer pour tous les scénarios comme on l’a fait la semaine dernière. On va se préparer pour tous les systèmes qui pourraient être devant nous à Toronto. »