MONTRÉAL – Les excès d’optimisme sont toujours pardonnés au camp d’entraînement, la période de l’année où toutes les équipes caressent des ambitions qu’aucune statistique ne peut tempérer.

On n’est qu’au mois de janvier, donc, mais déjà Evan Bush ne se gêne pas pour mettre la barre très haute pour l’Impact en prévision de la prochaine saison.

« L’année dernière, j’avais dit qu’on pouvait gagner la Coupe et je persiste à croire qu’avec un bond favorable ici et là, on aurait pu le faire. Et je pense qu’on peut le faire cette année », a établi le gardien titulaire du Bleu-Blanc-Noir cette semaine.

L’effectif actuel de l’Impact est pratiquement le même que celui qui s’est incliné en demi-finale de l’Est devant le Crew de Columbus, éventuels finalistes de la Coupe MLS, en octobre dernier. Les départs en milieu de terrain n’ont pas tous été comblés et l’équipe demeure ouvertement à la recherche d’un attaquant, mais le retour prévu de Didier Drogba, la stabilité de la ligne arrière et la présence de l’entraîneur-chef Mauro Biello et de son nouveau personnel dès le lancement des opérations permettent de croire de façon réaliste que l’équipe n’aura pas à se battre jusqu’à la dernière semaine du calendrier, comme ce fut le cas l’an dernier, pour confirmer sa place en séries éliminatoires.    

« Par contre, tout peut arriver pendant une saison, réalise Bush. À pareille date l’an dernier, personne ne s’attendait à nous voir finir où on a fini. Personne n’aurait cru que Didier Drogba se joindrait à l’équipe. On n’est à l’abri d’aucune surprise, pour le meilleur ou pour le pire. »

Bush identifie deux clés qui permettront à l’Impact de prendre le contrôle de sa destinée dès qu’il donnera le coup d’envoi de sa cinquième saison en MLS, le 6 mars à Vancouver : un départ canon et la fin des complexes sur la route.

« L’an dernier, on avait récolté deux points à nos cinq premiers matchs. Ça s’expliquait en partie par notre participation au tournoi de la Ligue des champions, mais cette année cette excuse ne tient plus. Il nous faut récolter des points dès le Jour 1 », insiste le portier.

« On s’est progressivement amélioré sur les terrains adverses l’an dernier, mais cette année il n’y a plus d’excuse. Ce n’est plus un poids qui pèse sur nos épaules comme c’était le cas au début de la saison dernière », rappelle également Bush en faisant référence à la séquence de 26 matchs sans victoire à l’étranger qui avait pris fin en juin à Columbus. « Avec ça en tête, on devrait être confiant à l’approche de tous nos matchs sans exception. »

Qui jouera où?

Mauro Biello a à sa disposition plusieurs joueurs reconnus pour leur polyvalence. Voici dans quelle optique il entend gérer le chacun de certaines individualités en 2016.

Dans un monde idéal, Dominic Oduro est-il un gars de couloir ou un attaquant?

 « Le luxe avec lui, c’est qu’il peut jouer les deux positions. On s’est rendu en finale de la Ligue des champions avec Oduro en attaque. Il a aussi joué sur les côtés. Il a compté huit buts pour nous l’année dernière et on s’attend à ce qu’il ait encore un rôle important pour nous cette année. »

Utiliseras-tu Ignacio Piatti comme vrai numéro 10 ou sur l’aile gauche, où il a semblé très à l’aise la saison dernière?

« Ce qu’on recherche avec lui dans la phase offensive, c’est qu’il ait une certaine liberté. Quand il jouait derrière l’attaquant, il se retrouvait souvent sur la gauche. Il est confortable sur la gauche, mais dans notre animation, on veut amener ce doute chez l’adversaire. Je veux que l’adversaire se demande : ‘Mais il est où, Piatti?’. Et si on est capable de créer ce doute dans notre animation offensive, il va trouver l’espace et être capable de déséquilibrer. »

Avec les départs de Justin Mapp et Dilly Duka et l’absence d’Andrés Romero, pourrais-tu utiliser Ambroise Oyongo comme milieu offensif ou est-il, à tes yeux, exclusivement considéré comme un défenseur?

« On a cette option d’utiliser Ambroise dans une position un peu plus avancée et je pense que c’est une bonne chose. Surtout avec des joueurs latéraux, parce qu’on sait qu’il y a toujours des blessures, des joueurs en équipe nationale, des suspensions et quand tu as certains joueurs qui sont capables de jouer une ou deux positions, ça aide à préparer l’équipe. »

Quel est le statut de Maxim Tissot?

« C’est sûr qu’il est capable de jouer sur les côtés et on a cette option avec lui, mais présentement, on l’a comme défenseur latéral. Défensivement, il a bien fait dans le passé. À sa position, il y a présentement Donny Toia qui est là et pour Maxim, il s’agira de trouver cet espace comme remplaçant. Mais comme je dis à tous mes joueurs, s’ils sont capables d’impressionner dans leurs matchs, ça va les aider. »

Maxime Crépeau pourrait-il ravir le poste de gardien numéro deux à Eric Kronberg?

« On va voir. Je pense qu’il y aura une bataille au camp d’entraînement. Kronberg a bien fait l’année passée quand on a fait appel à lui. On va voir comment ils vont réagir, comment ils vont jouer dans les matchs et on va prendre des décisions. Il n’y aura peut-être pas de décisions à la fin du camp, mais durant la saison, on va voir qui mérite d’être numéro deux. »

La balance du leadership

L’Impact a perdu l’un de ses leaders les plus extravertis quand la direction a pris la décision de libérer le milieu de terrain Nigel Reo-Coker quelques jours avant le début du camp d’entraînement.

Reo-Coker n’aura joué qu’une saison à Montréal. On se souviendra de ses performances inégales sur le terrain, mais aussi de son calme autoritaire et de ses discours enflammés dans le vestiaire de l’équipe. Son départ créera un silence qu’une autre voix devra combler.

« C’était quelqu’un de charismatique, bien apprécié du groupe, rappelle le capitaine Patrice Bernier. Il part, mais on va tous partir un jour. Ça fait partie du foot et on avance. Je le remercie pour son temps parce que même si ça a été court, il a eu une présence. »

« Nigel était une personnalité très forte dans notre vestiaire, mais les changements de garde son fréquents dans le monde du sport, a ajouté Bush dans la même veine. Je préfère devoir remplacer quatre ou cinq gars que 14 comme l’an dernier. Vu de cette façon, je crois qu’on a toujours un vestiaire très uni. »  

Bush a offert une réponse intéressante quand un collègue lui a demandé si le manque d’expérience des  nouveaux adjoints de Mauro Biello au niveau professionnel risquait de mettre en péril l’équilibre du groupe.

« Je crois que les premiers mois seront les plus importants. Puisque les nouveaux entraîneurs sont moins habitués de gérer des athlètes professionnels, le groupe de leaders devra donner le ton et s’assurer que le bon niveau d’énergie soit déployé sur le terrain. Ce sera aussi peut-être à nous de confronter certains joueurs en attendant qu’ils soient totalement à l’aise de le faire. »

Bush a toutefois précisé qu’il ne voyait pas d’un mauvais œil la présence d’entraîneurs moins expérimentés et moins familiers à la MLS.

« Ça amène des idées fraîches. Plusieurs entraîneurs sont dans cette ligue parce qu’ils sont recyclés d’un endroit à un autre. Ils amènent les mêmes concepts et la même mentalité, mais ce n’est pas nécessairement un gage de succès. Nos nouveaux entraîneurs amènent une belle énergie, ils s’entendent visiblement très bien ensemble et je crois que c’est très important. »