C’est en train de devenir une belle tradition à Montréal. Chaque année, on sait que l’arrivée du printemps est imminente quand il est temps pour nous d’inaugurer notre saison locale au Stade olympique.  

Historiquement, on s’en tire bien dans le « Big-O » depuis notre entrée dans la MLS. En 2012, on y avait soutiré le premier point de notre histoire contre Chicago. L’an dernier, on n’y a pas subi la défaite en deux parties.

C’est donc de bon augure à l’approche de notre match de samedi face aux Sounders de Seattle, contre qui on tentera d’aller chercher notre première victoire de la saison.

J’aime bien ce que j’ai vu de la nouvelle configuration du Stade cette semaine lorsqu’on s’y est installé pour nos entraînements. Derrière les buts, les gradins ont été rapprochés de la surface de jeu pour permettre à notre groupe de loyaux partisans, les Ultras, de faire davantage sentir sa présence.

Si vous pensez que les joueurs, dans le feu de l’action, sont trop concentrés sur ce qui se passe sur le terrain pour entendre les encouragements des Ultras, détrompez-vous! Ils ont un effet certain, on le ressent. Ils poussent l’équipe en jouant leur rôle de douzième joueur à la perfection et on est très content de les avoir.

Leurs cris ont aussi un effet démoralisant sur le camp adverse, je peux vous le dire. Ils ne sont peut-être pas aussi nombreux qu’à Portland, mais les Ultras ne passent pas inaperçus. Pour en avoir parlé avec plusieurs joueurs à travers la MLS, sachez qu’ils apprécient tous cette atmosphère qui caractérise les matchs à Montréal, même s’ils sont dans le camp ennemi.

Et il ne faut pas négliger l’effet rassembleur que génère ce groupe de fidèles. Maintenant, les chants d’encouragement ne proviennent plus seulement de l’arrière d’un but. D’autres groupes ont emboité le pas et leurs clameurs peuvent se faire entendre un peu partout dans les différentes sections. Pour nous, c’est plaisant de voir cet effet d’entraînement.

Bref, la proximité nouvelle dont bénéficieront les spectateurs samedi ne nous nuira certainement pas dans notre quête pour notre première victoire de la saison. Comme on ne s’attend pas à une foule de 60 000 spectateurs comme on a eu dans le passé, c’est positif.

Maintenant, si on peut avoir un 30 000 et plus, en invitant les gens à se déplacer en grand nombre, ça pourrait rendre l’événement encore plus spécial. Le Stade olympique, c’est quand même un endroit particulier. Il a son histoire, une certaine aura qui l’entoure. Nous, on veut créer un événement mémorable. On veut que ceux qui y seront pour la première fois quittent avec des souvenirs indélébiles.

Se donner un élan

On est conscient que notre fiche ne montre rien de positif après deux matchs, mais on compte bien sur notre premier match à domicile pour y remédier. Depuis le début de la saison, on croit avoir fait une sortie correcte à Dallas et un bon match accompagné d’un résultat malheureux à Houston. Maintenant, nous voilà chez nous et on place la barre très haute. On n’a pas droit à l’erreur. Au soccer, l’adversaire vient chez vous pour prendre un point. Un nul à l’étranger peut presqu’être considéré comme une victoire. Pour l’équipe à domicile, permettre à l’adversaire de ramasser ne serait-ce que des miettes est presque synonyme de défaite. Surtout contre un club qu’on ne voit qu’une fois par saison.

Il faut profiter de notre premier match à domicile pour se donner un élan. Jusqu’à maintenant, on a le sentiment positif d’avoir bien fait, mais on demeure sans résultat pour le prouver. Il faut lier les deux, monter notre niveau de confiance dans la bonne direction et continuer notre cheminement.

C’est un peu exagéré de dire qu’on fait déjà face à un match qu’on n’a pas le droit de perdre, mais d’un autre côté on comprend tous très bien la situation. On ne veut pas être 0-3. Dans une saison aussi longue, ce n’est pas la fin du monde de perdre ses trois premiers matchs, mais il faut se donner quelque chose sur quoi bâtir. Le monde sportif en est un orienté vers les résultats et il est temps pour nous d’en obtenir.

Une victoire, ça solidifie ta volonté de croire ce en quoi tu mets tant d’efforts. Quand tu perds, il y a toujours ce petit scepticisme, ce doute, cette analyse répétitive pour chercher à comprendre ce qui ne fonctionne pas.

Vous ne nous verrez pas détruire des barils de Gatorade si ça ne va pas à notre goût samedi, mais il faut trouver un moyen de se lancer.   

Pas de passe-droit pour Dempsey

Clint Dempsey peut-il être considéré comme le visage de la MLS? Avec l’arrivée récente de Michael Bradley à Toronto, c’est un titre qu’il doit peut-être maintenant partager, mais il est assurément l’un des porte-étendards majeurs de notre ligue à travers le monde.

Je ne sais pas si Dempsey sera de la partie ou non sur la pelouse synthétique du Stade en fin de semaine – la MLS n’a toujours pas confirmé la rumeur selon laquelle il serait suspendu pour les deux prochains matchs des Sounders – mais c’est tout de même un joueur que je vous invite à tenir à l’œil cette saison.

Landon Donovan a toujours été considéré comme l’enfant chéri du soccer américain, mais Dempsey, si on tient compte de son parcours en Premiership, du montant consenti pour son transfert à Seattle et du fait qu’il est encore, à 31 ans, au sommet de sa forme, vient changer la donne à l’intérieur des cadres de la MLS.

Il faut se réjouir de voir que le circuit Garber soit parvenu à intégrer dans ses rangs des véritables joueurs de marque. Il y avait déjà les Henry, Keane et Di Vaio, des athlètes avec un pedigree européen, mais maintenant on compte sur des joueurs locaux à saveur internationale. Avec la Coupe du monde qui s’en vient, ça rehausse l’image de notre ligue.

C’est dommage pour les amateurs qui pourraient rater l’occasion de le voir à l’œuvre, mais je vous avoue qu’on ne se plaindrait pas de son absence. Dempsey est un joueur de grande qualité, un attaquant expérimenté qui peut changer à lui seul la balance d’un match. Le synchronisme continue de se former entre ses coéquipiers et lui, mais il est déjà très dangereux.

Tant mieux pour nous s’il n’est pas là, mais ça ne voudrait pas dire qu’on pourrait baisser notre garde pour autant. Ça ferait une arme de moins dans leur effectif, mais les Sounders ont d’autres joueurs capables de trouver le fond du filet. Kenny Cooper, notamment, est reconnu pour avoir marqué partout où il est passé dans la MLS. Parfois, un gros nom cache quelqu’un dans l’ombre qui attend son tour pour briller.

Et il y a une autre raison pour laquelle je serais satisfait que Dempsey soit sanctionné pour avoir frappé Mark Bloom, du Toronto FC, dans les parties. Je trouve que ça lancerait le bon message.

Depuis l’année dernière, la Ligue a implanté certaines règles resserrant l’étau sur des gestes qu’on veut bannir de notre sport. Il y a un comité qui scrute tout ce qui se passe dans un match et des incidents qui n’ont pas été punis par les officiels lors d’un match peuvent être passibles d’une amende ou même d’une suspension. C’est ce qui se passe dans le cas de Dempsey.

Big Brother nous regarde, c’est carrément ça! Certains diront que Dempsey n’a rien fait de si grave, mais le fait demeure qu’il a répliqué d’une façon qui n’est pas permise. Dans le passé, des joueurs ont été réprimandés pour beaucoup moins que ça et si la Ligue ferme les yeux cette fois, elle s’exposera à encore plus de critiques. On dirait alors qu’elle fait des passe-droits pour les joueurs vedettes. Que c’est deux poids, deux mesures.

Aucune ligue ne veut mettre ses joueurs étoiles à l’ombre, mais parfois, il faut faire le nécessaire pour protéger sa crédibilité. C’est un terrain glissant, mais il faut que la MLS assume les lignes directrices qu’elle s’est elle-même imposée.