Les résultats tardent à venir, mais on est présent à chaque match. Notre combativité n'est pas remise en question, car on se donne la possibilité de gagner chacune de nos rencontres jusqu'à un certain point. On joue mieux qu'en début de saison, mais pour toutes sortes de raison, ça ne semble pas fonctionner.

Au début de la saison, on questionnait notre attitude, notre état d'esprit et notre combativité, mais maintenant on sent que cette équipe a du caractère, mais on a l'impression qu'il nous arrive toujours quelque chose qui nous prive de points importants.

La progression de l'équipe est palpable depuis la partie à Vancouver. On a démontré que notre défense pouvait être étanche et que nous sommes combattifs. C'est maintenant plus difficile de marquer contre nous. À part la partie contre Houston ou celle contre Salt Lake, l'écart des buts est très serré à chaque partie, ce qui veut dire que nous sommes toujours dans le coup.

Dans les sports de haut niveau, il n'y a que la victoire qui compte et elle permet de solidifier des liens. Les victoires remontent le niveau de confiance d'une équipe et resserrent l'état d'esprit. Quand une formation remporte un match serré, elle prouve qu'elle peut gagner les parties corsées. À de nombreuses reprises, il y a des parties où on aurait pu arracher un match nul et même la victoire. Malheureusement, c'est le contraire qui se produit.

Dans notre esprit, on se demande si on mérite ce que nous traversons. On ne peut pas dire qu'on n'a pas perdu parce qu'on a perdu, mais en regardant les matchs, on voit que nous avons créé des chances et qu'on a des possibilités de prendre l'avance. On sait qu'on pourrait facilement avoir une ou deux victoires de plus à notre fiche, ce qui ferait une grosse différence au classement.

Dans tous les sports, le momentum vient avec les victoires. Dans une série de succès, il arrive qu'on en échappe une et on met ça sur le compte de la malchance, mais par les temps qui courent, la malchance semble être contre nous. C'est difficile pour le moral de tout le monde parce qu'on pousse fort, mais il n'y a pas de récompense. C'est difficile à absorber parce qu'il faut continuer et se stimuler pour le prochain match.

On est fragile mentalement et le but qu'on a accordé dès la troisième minute au Real jeudi n'a pas été de nature à redresser notre confiance. Un but comme celui de Luke Mulholland peut neutraliser ou geler n'importe quelle équipe dans une mauvaise passe. Malgré notre fragilité, on est quand même resté dans la partie et on a même réussi à créer l'égalité. Je pense qu'on a démontré dans les 20 dernières minutes de la première demie que nous étions dans le coup en mettant de la pression. On a prouvé que nous n'étions pas trop secoués malgré un but de retard sur une pelouse adverse et notre gardien Evan Bush a joué un excellent match avant le carton rouge à Issey Nakajima-Farran.

C'est difficile pour les gars. On travaille fort, mais les résultats ne sont pas au rendez-vous. On ressent cette frustration et on a l'impression que tout le monde est contre toi. Le carton rouge était peut-être mérité, mais dans le feu de l'action, on se dit que l'arbitre aurait pu interpréter le geste d'une autre façon et décerner un jaune plutôt qu'un rouge. Ça devient frustrant parce que le pointage était 1-1 au moment du rouge et c'est là, que le match a basculé.

Avec nos récents résultats, les visages sont plus longs au sein de l'équipe. C'est normal quand on sent que nos efforts ne sont pas récompensés. On joue dimanche contre Portland et il faut qu'on arrive à évacuer le plus possible ce que nous avons vécu. On doit profiter du fait que nous serons à la maison et il faut qu'on reparte à zéro et croire qu'on va gagner grâce à notre combativité. S'il y a une place où on croit qu'on peut engranger des points et changer les choses, c'est bien au Stade Saputo.

Comme capitaine, je peux m'adresser à mes coéquipiers, mais on vit tous la même frustration. Il y a déjà eu beaucoup de rencontres ou de discours, mais on a l'impression que tout a été dit depuis des semaines. Samedi à l'entraînement, il faut stimuler le groupe et lui dire qu'il ne faut pas lâcher, qu'il nous reste quelques matchs et qu'il n'est pas question de baisser les bras. On doit redorer l'image du club et de soi-même. Nous sommes des professionnels et il n'y a pas un gars chez l'Impact qui aime être reconnu comme un membre d'une équipe de dernière place. On veut être reconnu comme des gagnants.

Quand on fait du sport amateur, on peut s'amuser même dans la défaite en se moquant d'une erreur sur le terrain. Tu rentres à la maison et tu passes à autre chose. Chez les professionnels, tu essaies d'évacuer, mais ça te reste présent à l'esprit parce que tu vois ton équipe au dernier rang du classement et tous les jours, il y a les médias pour nous demander ce qui ne va pas. Ça se vit tous les jours et étant Québécois, je n'échappe pas aux commentaires du public.

La Ligue des Champions

S'il y a un point positif dans cette saison difficile, c'est notre participation à la Ligue des Champions de la CONCACAF. Nous disputerons d'ailleurs notre prochain match dans ce championnat dans deux semaines. Avant toutefois de penser à cette rencontre du 5 août contre CD FAS, on va se concentrer sur les deux prochains matchs en MLS, en commençant par celui de dimanche.

On sait aussi qu'une victoire en CONCACAF peut nous donner ce momentum dont nous avons tant besoin dans notre ligue. On espère que nos prochains matchs en MLS vont nous permettre d'attaquer le championnat dans un bon état d'esprit.

Parfois, c'est le championnat qui sauve ta saison, mais il n'est pas question de délaisser pour autant ou de réduire nos efforts en MLS. En Europe, il arrive que des clubs qui ont des ennuis dans leur ligue connaissent du succès dans l'autre championnat.

*propos recueillis par Robert Latendresse