Le 10 octobre 2017 était une case marquée sur bien des calendriers comme étant la journée où l’on aurait les réponses qu’on attendait depuis longtemps. La vérité sur le contrat de Piatti, les rumeurs de changements à venir à l’Impact et le dernier tour des qualifications de la Coupe du monde pour nous donner l’heure juste à propos de nombreux pays.

 

Or, au fur et à mesure que la journée avançait, les réponses sont rentrées - certaines plus satisfaisantes que d’autres - mais on aura surtout remarqué que, comme c’est souvent le cas, le nombre de questions se sera finalement multiplié. N’en déplaise aux Américains ou aux Chiliens, allons-y donc par élimination en revenant sur ce qu’on sait désormais et ce sur quoi on n’a pas fini de spéculer.

 

Renouvellement de Nacho

 

Voilà ce qu’on sait. Ignacio Piatti est à l’Impact pour rester. Au moins jusqu’à la fin de la saison 2020, selon ce qu’a annoncé le président Joey Saputo. C’est donc trois saisons de plus avec le Bleu-blanc-noir, pour le joueur désigné argentin, lui qui aurait été libre de quitter au milieu de l’été 2018 s’il n’avait pas signé de prolongation au contrat le liant présentement au onze montréalais. À n’en point douter, il s’agit d’une bonne nouvelle pour un club qui doit déjà travailler à se relancer pour la prochaine année.
 

On aura aussi appris que Piatti figurera parmi les cinq plus haut salariés du circuit. De l’avis du président Saputo, qui n’a pas dévoilé le montant exact qu’il consentira au talentueux ailier, il s’agit là de « sa juste valeur ». Pour sa part, Nacho a répété qu’il aimait Montréal et qu’il retient de ses années passées avec l’Impact, les deux « finales » auxquelles il a participé, c’est-à-dire la Ligue des Champions contre Club America, et la Finale d’Association Est contre le Toronto FC. Ce qu’on en aura déduit, c’est que le piètre rendement de l’Impact 2017 constitue pour lui une anomalie.

 

Malgré tous les éléments dévoilés, ce qui n’a pas été dit - et ce qu’on se sera acharné à cacher durant la conférence de presse - n’aidera certainement pas l’image très secrète qu’on associe régulièrement à l'Impact et à la MLS en général. Le malaise affiché par Nacho, son agent et les dirigeants montréalais quand on demande des précisions sur le montant exact de son salaire par rapport à celui qui est dévoilé par l'Association des joueurs, est toujours aussi palpable. 

 

Du coup, les questions dont on faisait mention se multiplient. Caprice du joueur désigné? Le club n’est-il pas fier de miser sur un Top 5 du circuit? N’a-t-on pas intérêt à démontrer en toute transparence les efforts financiers déployés pour convaincre des partisans récalcitrants face au mystérieux plan de cinq ans? Pourquoi les autres joueurs désignés en MLS n’invoquent-ils pas des motifs de fiscalité pour dévoiler un salaire moins élevé dans la liste publiée par leur syndicat? Vos réponses dans la boîte vocale ou encore par courrier...

 

Rumeurs sur Nesta

 

Le président Joey Saputo a tenu à mettre les choses au clair. Il n’y a pas eu de conversation entre lui et Alessandro Nesta au sujet du poste d’entraîneur de l’Impact de Montréal. Il ne sait d’ailleurs pas d’où a pu émaner une telle rumeur. 

 

Malgré ce qui avait été rapporté par les médias dans les dernières semaines, l’ancien joueur de l’Impact et de l’AC Milan, actuellement entraîneur du Miami FC, ne serait donc pas sur les rails pour prendre la barre du onze montréalais en 2018. Pour ce qui est de changements au sein du personnel, Saputo a répété à plusieurs reprises que des annonces seraient faites à l’issue de la présente saison - rappelons qu’il reste deux matchs.

 

Biello a-t-il des chances de rester? Peut-être plus qu’on ne le croyait avant le début de la journée. Mais le fait que Saputo ait attendu si longtemps avant de nier publiquement les liens supposés avec Nesta ne renforce pas son autorité. Saputo a aussi affirmé que l’entraîneur est celui qui dicte les choix en terme de recrutement au sein de l’état-major. On a d’ailleurs l’impression que le poste d’entraîneur est celui qui est le plus facile à changer dans une dynamique où le directeur sportif Adam Braz s’occupe de l’aspect comptabilité et du respect des règles en MLS, tandis que le Vice-Président Nick De Santis se concentre sur le recrutement à l’international. Un recrutement qui ne se limite peut-être pas seulement aux joueurs, finalement...

 

Argentine en Russie, élimination du Chili et des É.-U.

 

Lionel Messi est parvenu à soulever son pays. Encore une fois, les doutes étaient nombreux à propos de la capacité du meilleur joueur du monde à hisser son niveau de jeu lorsqu’il porte le maillot albiceleste. Trois buts marqués en altitude à Quito dans un match sans lendemain auront mis fin - momentanément - aux lamentations de partisans qui ne reconnaissaient plus l’équipe pourtant finaliste aux trois derniers tournois majeurs auxquels elle avait participé (Coupe du monde 2014, Copa America 2015, 2016). Fan de Messi ou pas, sa présence dorénavant confirmée en Russie est un soulagement pour tout amateur de ballon rond.

 

En revanche, le Chili d’Alexis Sanchez et Arturo Vidal n’y sera pas. Pour une génération dorée deux fois titrée en Copa America, et finaliste à la dernière Coupe des Confédérations, le choc est brutal. L’entraîneur Juan Antonio Pizzi aurait remis sa démission à l’issue de la défaite des Chiliens 3-0 contre le Brésil, une quatrième défaite lors des six derniers matchs de la campagne de qualification. On peut certainement parler de gâchis quand on considère la somme des talents de tous les joueurs de cette équipe, mais également d’écarts disciplinaires qui auront contribué à leur façon à l’échec du Chili. 

 

Parlant d’échec, on n’est pas prêt d’avoir fini d’établir les causes de celui des États-Unis. Entraîneur(s) surestimé(s) - n’oublions pas qu’avant Bruce Arena, il y avait Jürgen Klinsmann - joueurs de piètre qualité, circuit professionnel médiocre, conditions de jeu minables en Concacaf, absence de reprise vidéo, karma, etc. On aura à peu près tout entendu depuis la défaite survenu à Trinité-et-Tobago lors du dernier match de la phase hexagonale (ainsi nommée parce qu’elle regroupe six pays). Et si on enlève la partie hexagonale, on a l’impression d’être en terrain connu quand on regarde tout ça, au Canada.  

 

S’il est vrai que le Panama obtient son billet pour la Russie en partie grâce à un but fantôme de Gabriel Torres, il n’en demeure pas moins que les États-Unis ont cafouillé en déplacement tout au long des qualifications (deux défaites, trois nulles). C’est l’explication simple pour cette débâcle. Par ailleurs, on note au passage que les buts marqués par le Honduras et le Panama ayant coulé les Américains en ce 10 octobre furent l’oeuvre de joueurs évoluant dans le circuit Garber.

 

Il est encore tôt pour estimer l’effet qu’aura l’élimination des États-Unis sur la structure du soccer américain et sur la MLS en général. Doit-on faire porter la responsabilité de l’échec à un circuit en pleine expansion depuis une décennie? Pendant ce temps, les autres pays de Concacaf semblent, eux, avoir fortement bénéficié de la présence de leurs joueurs en MLS. Va-t-on devoir remettre en question l’injection d’argent dans les académies et la construction de stades dédiés au soccer? Peut-on parler d’accident de parcours? S’agit-il des effets pervers de ce qu’on considère comme de nettes améliorations par rapport aux conditions qui précédaient? Les propriétaires vont-ils perdre patience à force de ne pas obtenir de rendement sur ces investissements dans le « développement » de jeunes joueurs?

 

Au-delà du choc émotif, certaines critiques dirigées envers les patrons de la Fédération américaine de soccer semblent fondées. Ce tweet du journaliste Will Parchman a de quoi laisser songeur. Bref, depuis 2011, les États-Unis ont raté leur qualification à une Coupe du monde U17, à une Coupe du monde U20, à deux Jeux Olympiques et à une Coupe du monde au niveau senior. Pendant ce temps, la réussite du rival mexicain - pourtant souvent lui-même au bord de la crise - a de quoi en rendre plusieurs jaloux au pays de l’oncle Donald.

 

Une partie des quatre prochaines années pourraient donc servir à une introspection devenue nécessaire pour le soccer américain. Les échecs bien encaissés peuvent parfois servir de tremplin vers des succès éventuels. À titre d’exemple, les Néerlandais, qui rateront eux aussi la Coupe du monde en Russie, aiment rappeler qu’ils avaient connu une période d’absence aux grands tournois de 1982 à 1986 avant de revenir en force à l’Euro 1988. On pourrait aussi citer la France, absente des Coupes en 1990 et 1994, avant son triomphe inoubliable en 1998. Sinon, il y a aussi l’Angleterre, qui avait raté sa qualification en 1994, mais pour laquelle je n’ai malheureusement pas réussi à trouver de vidéo de triomphe subséquent… Comme tout ce beau monde, les États-Unis finiront par s’en remettre. Reste juste à savoir quand.