MONTRÉAL – Il n’a certainement pas dormi longtemps, mais son sommeil de quelques heures s’est déroulé dans le bonheur total. Malgré les traits tirés, Cameron Porter, le héros du moment chez l’Impact de Montréal, flottait donc encore sur un nuage au lendemain de son but historique.

Moins d’une journée après avoir plongé le Stade olympique dans l’extase, l’attaquant de 21 ans ne pouvait s’empêcher de sourire à toutes les questions sur sa réussite improbable.

Les entraîneurs ont surpris une partie considérable des 38 104 spectateurs qui s’étaient déplacés quand ils ont envoyé l’Américain dans la mêlée alors que le club se retrouvait sur le respirateur artificiel.

Envoyé dans la rencontre à la 85e minute, Porter les a remerciés en les faisant passer pour des génies en comptant un but qui est automatiquement devenu célèbre. Disons qu’il a placé la barre assez haute pour la suite de sa carrière !

« C’est vrai que c’est spécial de réaliser que c’est ainsi que j’ai compté mon premier but. Ça ne sera pas évident de toujours être à la hauteur. Dans le fond, c’est un but qui est excellent pour l’humilité parce que je devrai travailler fort pour en réussir d’autres », a exprimé Porter avec réflexion.

« Je suis certain qu’il n’avait même pas rêvé de ça et il est notre héros. C’est merveilleux pour lui et l’équipe. C’est un joueur affamé et on voit souvent un aperçu de ce qu’il peut réussir », a louangé son coéquipier Justin Mapp.

Mais il faut dire que Porter avait mérité cette deuxième utilisation en autant de matchs depuis son arrivée au sein de l’organisation montréalaise. En effet, l’étudiant de Princeton a impressionné les entraîneurs lors des différentes étapes du camp d’entraînement et le capitaine Patrice Bernier l’avait même identifié comme sa révélation.

« Depuis la première semaine, j’ai parlé avec Mauro (Biello, l’adjoint de Frank Klopas) et je lui ai dit qu’il possédait un petit quelque chose de spécial même s’il n’a pas le style le plus orthodoxe. Il me fait un peu penser à Eddie (Eduardo Sebrango) pour son éthique de travail avec un côté instinctif et imprévisible », a raconté Bernier.

L'anatomie du but de Porter

« Il travaille, travaille et travaille encore. Il possède une attitude fantastique et il s’entraîne toujours comme si c’était la dernière séance de sa vie. Il veut apprendre et il écoute les entraîneurs ainsi que les vétérans. Il est l’exemple que tu peux obtenir des résultats quand tu t’appliques dans ton boulot », a vanté le directeur technique Adam Braz.

« On a souvent dit que les carrières se construisent par des moments et Cameron a saisi sa chance en devenant le héros. C’est génial de voir un jeune qui avait le courage de bien faire dans le match et il a récompensé avec ce grand but pour nous », a suggéré Biello.

Un joueur qui s'est fait un nom

Celui qui espère compléter ses trois derniers cours universitaires le plus tôt possible a démontré un sang-froid exceptionnel pour récupérer du torse cette passe extraordinaire de Calum Mallace, se détacher d’un poursuivant et faufiler le ballon entre les jambes du vieillissant gardien de Pachuca.

À son avis, il a pu exploiter toutes ses habiletés grâce à son parcours universitaire où il a eu le privilège de compléter quelques buts semblables.

« J’ai pu me pratiquer amplement », a confié Porter qui avait entendu parler de Montréal grâce à Jesse Marsch qui a été son entraîneur adjoint à Princeton.

« J’ai vu le gardien avancer et j’étais confortable de viser à cet endroit donc j’y suis allé pour cette option », a expliqué le numéro 39 à propos de faufiler le ballon entre les jambes de son adversaire.

Mallace mérite donc de grands remerciements pour ce résultat et ça représente tout un soulagement pour celui qui a surmonté quelques épreuves dont celle d’être prêté à une formation de la NASL en 2012.

« C’est toujours bien de repenser à ça, j’ai eu à m’améliorer et c’est bien d’avoir obtenu un peu de reconnaissance avec ce match », a avoué Mallace.

Même si l’euphorie du résultat coulait encore dans les veines de Porter, il ne se berçait pas d’illusions quant à son statut dans l’effectif qui regorge de vétérans. Il ne s’attend guère à des traitements de faveur de ses acolytes d’expérience.

« Je suis le jeune dans le vestiaire alors ils passent la plupart de leur temps à me taquiner, mais c’est correct », a exposé l’étudiant en informatique.

Chose certaine, Porter a été emballé par l’appui des amateurs surtout qu’il avait eu vent des ennuis récents à attirer des foules d’envergure.

« Je ne comprenais pas trop les craintes après une expérience comme celle-là. C’était fou et je trouvais déjà que c’était génial seulement de sortir du tunnel pour notre entrée sur le terrain », a noté Porter à propos de la cinquième plus grosse foule attirée par l’Impact.

« On est en train de bâtir une grosse équipe »

Repêché par Montréal en troisième ronde du SuperDraft de la MLS, Porter avait attiré l’attention des dirigeants de l’Impact au Combine où il avait été invité à la dernière minute.

« Il avait bien fait en démontrant certaines qualités et on a décidé de l’amener pour découvrir ce qu’il pouvait faire chaque jour avec nous. Il méritait son contrat et son but », a déclaré Braz.

Avec une performance aussi triomphale mardi, il ne serait pas étonnant de voir Porter hériter d’un mandat encore plus significatif lors du match aller de la demi-finale de la Ligue des champions de la CONCACAF. L’entraîneur Frank Klopas pourrait d’ailleurs se laisser tenter de lui confier plus de minutes en attaque en raison des prestations moyennes de Dominic Oduro.

Ceci dit, avant d’aller trop loin, l’Impact devra d’abord élaborer un plan de match en fonction de son prochain adversaire qui risque de s’amener au Stade olympique en provenance du Costa Rica.

Pour ce faire, l’équipe d’Alajuelense doit s’accrocher mercredi soir à son avance de 5 à 2 acquise à son domicile lors du match aller contre le D.C. United.

Le premier match de la demi-finale impliquant l’Impact devrait être présenté le 18 mars, mais la formation montréalaise attendait toujours la confirmation de la CONCACAF.

Une fois que ce paramètre sera établi, le Bleu-blanc-noir pourra mettre en vente les billets et les partisans risquent de se les accaparer plus rapidement que pour le duel qui s’est conclu en beauté.

Une nouvelle convention collective

Une nouvelle positive est survenue mercredi en soirée quand la MLS et les joueurs sont parvenus à un accord en vue d'une nouvelle convention collective. Avant ce dénouement, rien n’était coulé dans le béton pour le prochain affrontement de l'Impact en Ligue des champions de la CONCACAF. Sans cette entente, les joueurs auraient eu à approuver la participation de leurs membres à cette compétition.

Le report du premier match de la saison, prévu vendredi à Los Angeles entre le Galaxy et le Fire de Chicago, est donc écarté comme option.