MONTRÉAL – Dans un contexte où le concept de familiarité n’est plus qu’un vestige d’une époque révolue, l’Impact pourrait se réconforter à l’idée d’amorcer son parcours au tournoi de relance de la MLS contre un adversaire qu’il connaît bien. 

C’est en effet contre le Revolution de la Nouvelle-Angleterre, qu’il retrouvera jeudi soir à Orlando, que le onze montréalais décrochait, il y a maintenant plus de quatre mois, sa première victoire de la saison en MLS. L’équipe était revenue de l’arrière pour l’emporter, restant ainsi invaincue sous les ordres de Thierry Henry. Même Maxi Urruti avait marqué. 

Mais ce monde dans lequel tous les espoirs étaient permis n’est plus le même que celui sur lequel le soleil se couchera cette nuit. C’est vrai pour vous qui lisez ces lignes et ce l’est pour l’entraineur-chef de l’Impact, qui aborde le prochain match contre le Revolution comme si le premier n’avait jamais eu lieu. 

« C’est comme si la saison recommençait  et encore une fois, le premier match est contre la Nouvelle-Angleterre », a illustré Henry mardi soir lors d’une rencontre avec les médias montréalais. 

« Ce n’est jamais évident de battre une équipe deux fois pratiquement d’affilée, et même dans la même saison, mais on va essayer de le faire. Ça ne sera pas évident. C’est la sensation que la saison commence encore une fois et on doit affronter encore cette équipe. On a déjà pu les surprendre par ce qu’on faisait. Je ne sais pas si on pourra le refaire mais on verra bien et on s’adaptera à la situation. »

Sur papier, les deux rivaux devraient montrer une version légèrement améliorée de ce qu’ils avaient offert sur la surface du Stade olympique. Chez le Revolution, le joueur désigné Carles Gil sera de la partie après avoir raté le premier rendez-vous en raison d’une blessure. Le Bleu-blanc-noir comptera quant à lui sur la présence en milieu de terrain de Victor Wanyama, dont l’acquisition avait été confirmée quelques jours après le premier match de la saison. 

Mais que vaudra réellement le papier lorsque viendra le temps d’en découdre sous le chaud soleil floridien, au gré d’un calendrier incertain et fort d’une préparation approximative, tout ça dans un climat d’insécurité lié à la présence rampante d’un vicieux virus? 

Sans chercher d’excuses, Henry suggère que cette situation exceptionnelle risque d’accentuer la vulnérabilité de son groupe, dont la progression a été stoppée net au moment où le nouvel entraîneur travaillait encore à la mise en place de ses idées. « Ça a cassé un peu le momentum dans la nouvelle philosophie et ce qu’on essaie de faire », dira-t-il dans ses propres mots. 

Dans cet ordre d’idée, Henry avoue qu’il aurait volontiers pris quelques matchs préparatoires afin de pouvoir bien reprendre le pouls de son collectif. Il s’agit toutefois là d’un luxe dont ni lui, ni aucun de ses homologues ne peut bénéficier dans la précarité du moment. 

« En général, quand tu prépares une saison ou un tournoi, tu fais toujours quatre ou cinq matchs amicaux pour voir un peu où tes joueurs en sont physiquement, mentalement ou même tactiquement. On ne pourra pas faire ça, pour les raisons qu’on connaît, et c’est vrai que c’est différent. Ça fait qu’on se retrouve dans une situation où on va apprendre sur le tas, en pleine compétition, tout de suite. C’est une chose que je n’avais jamais connu avant et la réalité du coronavirus nous met dans cette situation. On est obligé d’attendre pour voir où en sont les joueurs. Parce que physiquement, à l’entraînement, ça peut être bien, mais jouer un match de football, ce n’est pas pareil. »

Incertitude quotidienne 

Henry dit avoir une idée des onze joueurs qu’il enverra sur le terrain pour répondre au premier coup de sifflet, peu après 20 h jeudi, mais c’est sans surprise qu’il n’a pas voulu dévoiler son jeu. 

« Je le dis souvent, ça peut changer ce soir, demain matin ou le matin du match. On verra bien, on s’adaptera mais oui, j’ai une idée », a-t-il offert. 

Sans le vouloir, Henry venait de résumer l’état d’esprit dans lequel ses joueurs et lui devront aborder quotidiennement chaque aspect de cette compétition hors de l’ordinaire. Mardi matin, au lendemain du forfait du FC Dallas en raison de la présence incontrôlée du coronavirus au sein de son effectif, la MLS annonçait que le match de mercredi entre Chicago et Nashville était repoussé afin de donner le temps à l’équipe du Tennessee de régler ses propres problèmes médicaux. Deux autres matchs, dont l’un impliquant des équipes faisant partie du même groupe que l’Impact, ont été déplacés dans la grille horaire en raison de l’arrivée tardive du Toronto FC en Floride. 

Plus tard dans la journée, les Whitecaps de Vancouver ont fait savoir que cinq de ses joueurs ne feraient pas le voyage en Floride en raison de situations personnelles liées à la présence de la COVID-19. 

Un horaire à la remorque d’une imprévisible épidémie et un plateau d’adversaires qui en est inégalement affecté : voilà donc l’environnement dans lequel Henry s’apprête à reprendre la barre de son équipe dans moins de 48 heures. 

« Comme je dis depuis le début de cette pandémie, il faut s’adapter à toutes les situations. Il n’y pas que nous. La MLS aussi s’adapte à toutes les situations. Je le dis depuis le début et je le répète : peu importe ce qui se passe, peu importe les changements, peu importe qui va jouer et qui ne jouera pas et peu importe à quel moment, il faut s’adapter. Il faut être prêt. »

« Il faudra se battre, a ajouté Henry sur un ton plus dramatique en anglais. C’est le plus important. »