MONTRÉAL – Ambroise Oyongo a fini de se laisser désirer. Près de quatre mois après la transaction qui l’a fait passer dans le camp de l’Impact, le Camerounais de 23 ans s’est finalement rapporté à l’équipe avec l’intention de faire pardonner son retard.

Après avoir participé à un entraînement du club-école mercredi et s’être soumis à une batterie de tests avec le préparateur physique Paolo Pacione le lendemain, Oyongo s’est officiellement joint à ses nouveaux coéquipiers vendredi alors que l’équipe peaufinait sa préparation en vue de son prochain match face au Real Salt Lake.

L’arrivée du prometteur défenseur met fin à des mois de spéculation quant à sa réelle volonté de venir jouer à Montréal. Échangé par les Red Bulls de New York le 27 janvier en compagnie d’Eric Alexander, Oyongo s’était retrouvé au cœur d’une partie de bras de fer avec l’Impact et la MLS. Outré par la décision du club new-yorkais, son agent Nicolas Onisse s’était opposé au troc en réclamant pour son client le statut de joueur autonome.

Celui pour qui l’Impact a sacrifié le milieu de terrain Felipe est donc demeuré inactif dans son pays natal en attendant un dénouement. Il y a deux semaines, un premier indice laissant supposer un règlement a surgi lorsque Oyongo a publié sur son compte Twitter qu’il était dans un avion devant lui faire traverser l’Atlantique.

Après un passage obligé aux États-Unis le temps d’obtenir un permis de travail valide, le voilà enfin arrivé. Dans un français impeccable, celui à qui on a confié le maillot numéro 2 est demeuré vague sur la nature de l’imbroglio qui a marqué son arrivée dans la famille de l’Impact, parlant d’un « petit souci » et d’un « truc qu’il fallait arranger ».  

« Si vraiment ça a touché certaines personnes comme la MLS ou des supporteurs de Montréal ou de New York, je voudrais dire que je suis désolé par rapport à ça. Il y a des moments dans la vie où il y a de la tension et ce n’est pas facile à gérer. Mais bon, l’affaire est passée. Aujourd’hui, je suis là et c’est pour jouer, pour apporter de bonnes performances et pour faire oublier l’affaire. »

Oyongo n’a pas voulu faire la lumière sur les arguments qui l’ont convaincu de mettre fin à ses contestations, mais a dit avoir apprécié la façon dont le personnel technique de l’Impact lui a constamment renouvelé son intérêt.

« J’ai eu deux ou trois appels de la direction. On essayait de me convaincre, mais c’est tout, c’était fait de façon sympathique. Ça m’a plu parce que jamais on ne m’a fait de menace. C’était calme, tranquille. Alors je me suis dit qu’il y avait des gens qui m’attendaient, ça m’a vraiment touché. Quand quelqu’un te respecte, il faut rendre ce même respect. »

Même s’il admet accuser un certain retard sur ses nouveaux coéquipiers, Oyongo s’est dit prêt à disputer un match de 90 minutes dès que l’entraîneur déciderait de l’insérer dans son onze partant.

Enfin avec l'Impact!

« J’ai continué à travailler au cours des derniers mois. J’ai joué avec la sélection camerounaise en mars, donc ça m’a permis d’avoir de très bons matchs dans les jambes. Maintenant ça sera au coach de voir si je peux aider l’équipe ou pas. Je ferai tout sur le terrain pour pouvoir marquer son esprit », a-t-il pris comme engagement.

S’il n’a pas écarté la possibilité d’utiliser son nouveau joueur en fin de semaine, Frank Klopas a insinué qu’il serait plus réaliste de s’attendre à le voir en action samedi prochain contre le FC Dallas.

« C’est assez évident qu’il s’est gardé en bonne forme, qu’il est demeuré actif, qu’il a continué de s’entraîner, a constaté l’entraîneur montréalais. C’est un signe positif. Je crois que son arrivée survient à un moment très opportun pour nous, avec les blessures qui frappent certains de nos joueurs. »

Plus à l’aise à la position de latéral gauche, où l’Impact doit présentement composer avec la blessure de Donny Toia, Oyongo s’est dit ouvert à mettre sa polyvalence aux services de sa nouvelle équipe. Il a été utilisé comme arrière droit lors de sept de ses dix présences au sein de la sélection nationale et a déjà évolué comme milieu de terrain offensif chez les Red Bulls, avec qui il a disputé 13 rencontres.

« Quand tu es jeune, si l’entraîneur te dit d’y aller, tu joues où il te demande de le faire et tu donnes le meilleur, tu montres que tu peux le faire. Tu ne dois pas montrer que tu as une faiblesse. Ensuite, si ça ne va pas, l’entraîneur comprendra et essayera autre chose. Mais quand tu es jeune, il faut tout donner, il faut être un tueur. »

Klopas, qui avait soulevé la possibilité d’utiliser éventuellement Oyongo comme milieu offensif lorsque Justin Mapp était tombé au combat en début de saison, a laissé entendre que dans l’immédiat, sa présence servirait mieux les intérêts du club au sein de la brigade défensive qui, en plus d’être privée de Toia, souffre également de l’absence de Victor Cabrera et Hassoun Camara sur le flanc droit.

« Contre une équipe qui se replie en bloc, vous avez besoin de joueurs à l’arrière qui sont bons avec le ballon et qui savent choisir leurs moments pour se porter à l’attaque, a expliqué Klopas. Je sais que c’est sa préférence personnelle et présentement, nous avons une belle profondeur sur les côtés avec Dilly, Romero, Tissot... »

Des choses à se faire pardonner

Oyongo n’a jamais caché qu’il aspirait à décrocher un contrat dans un championnat européen majeur et qu’il voyait la MLS comme un simple tremplin pour y parvenir. Devant les médias montréalais, par contre, il a prudemment pesé ses mots en se gardant bien de se projeter dans l’avenir.

« Peu importe où tu joues, tu dois montrer ton talent et tenter d’être le meilleur. Certainement, il y aura des propositions. Après, tu peux décider de rester. Ça dépend de comment on te garde, de l’accueil que tu reçois où tu es. Si tu aimes où tu te trouves, je ne vois pas pourquoi tu voudrais aller ailleurs. Mais tant que tu es là, tu dois penser au club et oublier tout ce qu’il y a devant. »

Pour l’heure, Oyongo a un nouvel environnement à apprivoiser, des coéquipiers à séduire et des choses à se faire pardonner.

« Je suis fier d’être là, je ne vois pas de comportement malsain envers moi. Je me dis que c’est maintenant à moi de montrer que je veux travailler avec eux et pousser le groupe vers l’avant. Je trouve que le groupe est vraiment bon et accueillant. Je suis très content. »

Klopas peut se mettre dans la peau de son nouveau poulain. Au tournant des années 1990, il avait fait faux bond de manière similaire au AEK Athens FC, le club avec lequel il a amorcé sa carrière professionnelle en Grèce. Il avait boudé pendant six mois avant de rentrer au bercail.

« Si vous faites votre travail sur le terrain, vos coéquipiers seront prêts à oublier n’importe quoi », croit-il.

« Il va y avoir une période d’adaptation et il faudra lui laisser du temps, réalise Wandrille Lefèvre. Il devra s’acclimater au groupe et qu’il se fonde petit à petit dans le collectif. Ce n’est pas quelque chose qui se fait du jour au lendemain non plus. Ça ne sera pas évident pour lui, mais nous on va garder notre porte ouverte. C’est un coéquipier et un gars de talent. Avoir plus de talent dans notre équipe, on ne va pas cracher là-dessus, ça c’est certain. »