COLUMBUS, Ohio – L’avance d’un but dont s’est doté l’Impact dans la première moitié de la demi-finale de l’Est qui l’oppose au Crew de Columbus est pratique, certes, mais ne peut être qualifiée de confortable.

Un moment de flottement inopportun, une bourde mal couverte ou un simple coup de malchance ce soir lors du match retour (RDS, 16 h 30) et les rôles seraient inversés, la pression immédiatement renversée.

Dans les faits, l’Impact n’est pas tenu de marquer ce soir en territoire ennemi. Un nul de 0-0 est le plus simple de l’un des nombreux scénarios qui le qualifieraient pour la phase suivante en vertu de la victoire décrochée dimanche dernier au Stade Saputo. Mais un seul but du Crew, qui détient déjà l’avantage d’avoir marqué à l’étranger, pourrait être fatal au onze montréalais si celui-ci ne trouve pas le moyen d’y répliquer.

Inversement, un but de l’Impact d’entrée de jeu et le Crew se retrouverait devant l’obligation d’ouvrir la machine et d’en marquer trois pour s’assurer de la victoire en temps réglementaire. Contre une équipe qui n’a encaissé que 11 fois à ses 13 derniers matchs, aussi bien dire mission impossible.

En 17 matchs à l’étranger cette saison, l’Impact a concédé 13 buts en première demie. Il a montré une fiche de 0-8-2 quand il a cédé dans la première mi-temps et de 4-1-2 quand il est parvenu à entrer au vestiaire avec un zéro derrière.

C’est donc l’une de ces situations où le vieux cliché prend tout son sens : l’importance d’inscrire le premier but ce soir est bien réelle.

« Ils sont en retard et vont venir presser pour essayer de marquer, anticipe Ambroise Oyongo. C’est à nous d’être vraiment costauds et solides, de travailler tous ensemble pour éviter de prendre un but dans les 20 premières ou, pourquoi pas, les 45 premières minutes. Sinon, je pense que ça va beaucoup peser. Si on va à la mi-temps 0-0, on aura la chance de faire un bon résultat. »

« Je pense que la pression est du côté de Columbus parce qu’il leur faut absolument marquer un but pour passer en finale. Nous, on peut tous attendre derrière et profiter des espaces quand on reprendra le ballon. Mais en même temps si on marque un but, c’est plus tranquille pour nous », expose Ignacio Piatti.

« Chaque équipe aura son idée sur la façon d’aborder le match, mais à la fin, ça se jouera sur le terrain et ce sera à nous d’être prêts pour ce qui va arriver, résume Hassoun Camara. Au début de match, on sera qualifié. Il faut partir avec cette mentalité. »

S’il a amélioré son jeu en possession dernièrement, l’Impact demeure un club de contre-attaque. La capacité d’analyse de ses milieux récupérateurs et sa vitesse sur les ailes sont les ingrédients qui lui permettent plus souvent qu’autrement d’attaquer le filet adverse. Contre une équipe qui prend des risques, la recette peut être particulièrement payante.

« C’est un peu leur style de pousser vers l’avant et de tenter de créer des surnombres. Mais quand une équipe veut créer des surnombres, il y a toujours des ouvertures dans la transition et ce sera à nous de les exploiter, établit l’entraîneur Mauro Biello. Ils voudront prendre des chances et espérer terminer leurs actions par un but. De notre côté, il sera important de savoir où seront les espaces quand on récupérera le ballon. »

Un point faible?

Même s’ils ont eu le meilleur trois fois en autant d’occasions cette saison contre le Crew, les joueurs de l’Impact tiennent leurs rivaux de l’Ohio en haute estime. Camara, Piatti et Marco Donadel ont tour à tour affirmé récemment que Columbus représentait à leurs yeux la meilleure formation de la MLS, rien de moins.

Dominic Oduro a toutefois décidé de laisser la rectitude politique de côté. Avant le dernier entraînement de la semaine, le Ghanéen a rappelé que la perfection n’était pas de ce monde.

« Ils forment une excellente équipe et leur défensive est solide, mais on sait aussi qu’il ont un petit point faible, a révélé le marchand de vitesse. Je crois qu’ils sont un peu lents à l’arrière. De temps en temps, ils vont faire une erreur de jugement qui va les affecter. »

Oduro a ensuite réitéré qu’il sera capital pour l’Impact de porter le coup de grâce quand l’occasion se présentera.

« C’est à ce moment qu’il faudra frapper fort. Ce match est si crucial que lorsqu’on aura une chance, on ne pourra se permettre de la gaspiller parce qu’elles seront rares. »

Un nouveau héros?

La saison de l’Impact a été marquée par l’apport de héros inattendus qui ont propulsé l’équipe à des moments où personne ne les attendait.

Elle a commencé avec le but miraculeux de Cameron Porter, un attaquant recrue qui a éliminé le club mexicain Pachuca dans les arrêts de jeu des quarts de finale de la Ligue des champions. Plus récemment, à une plus petite échelle, il y a eu celui de Johan Venegas. Le Costaricain est sorti du banc en fin de match dimanche dernier et a inscrit le but qui permet aujourd’hui à l’Impact d’arriver à Columbus avec un petit coussin avec lequel travailler.

L'Impact n'est pas en terrain inconnu

« Quand vous regardez ça, dans les matchs de haute intensité, c’est souvent le banc qui fait la différence, peu importe les compétitions que vous regardez », notait récemment Hassoun Camara.

Camara a lui-même apporté sa pierre à l’édifice, pour emprunter une expression qui lui est propre, en privant le Toronto FC d’un but certain à la toute fin du dernier match de la saison régulière. Blessé plus souvent qu’à son tour en 2015, le grand défenseur est présentement coincé dans un rôle secondaire, mais se tient sur ses gardes dans l’éventualité où on lui ferait signe.

« Je suis là pour aider les gars. C’est collectivement qu’on va y arriver parce que tout peut arriver dans un match. Des joueurs seront sollicités plus que d’autres, mais à la fin, tout le monde sera mis à contribution. Et les choses peuvent évoluer, donc on doit rester solidaire. »

Camara est à un petit écart de conduite de réintégrer le onze partant. Lors du dernier match, les défenseurs Ambroise Oyongo et Victor Cabrera ont chacun écopé d’un carton jaune. Un deuxième leur vaudrait un match automatique de suspension. La même menace place au-dessus de la tête de Didier Drogba.