MONTRÉAL – « Revanche? Je ne sais pas. Mais je ne mentirai pas, on se souvient tous de ce qui s’est passé l’an dernier. »

Patrice Bernier a joué tellement de matchs contre Toronto FC qu’il en perd le compte. Mais on l’a rarement vu aussi démoli qu’après celui du 30 novembre 2016, quand l’Impact a manqué de souffle en prolongation et s’est incliné en finale de l’Est sur le terrain détrempé du BMO Field.

Les deux rivaux canadiens se retrouveront pour la première fois depuis cet affrontement épique, mercredi soir, dans un contexte un peu moins explosif, mais en quelque sorte similaire. À 19 h 30 au Stade Saputo sera lancé le premier match de la série aller-retour visant à déterminer le prochain gagnant du Championnat canadien. Le duel sera présenté sur les ondes de RDS.

« On sait que Toronto est un grand rival et on sait tous comment ça s’est terminé l’an passé, approuve l’entraîneur Mauro Biello. On joue dans une finale contre la meilleure équipe de la Ligue. Les grands discours ne sont pas nécessaires avant des matchs comme celui-là. C’est le temps de démontrer ce qu’on est capable de faire. »

« On se rappelle tous ce qui s’est passé dans les séries là-bas, ajoute le gardien Maxime Crépeau. Ça a été crève-cœur pour les joueurs et je suis pas mal sûr que tous les gars se rappellent de ce match, du sentiment qu’on avait dans le vestiaire après. Donc oui, il y a une revanche à prendre. Mais d’un autre côté, on connaît la rivalité, on sait ce qui se passe dans la ville quand on joue contre Toronto et on s’attendra à la même chose quand on va aller là-bas. Maintenant, c’est juste une question d’appliquer nos principes. Ça va se passer sur 90 minutes, tout simplement. »

Arrivé à Montréal au cours de la saison morte, Chris Duvall vivra pour la première fois la grande tradition canadienne de l’intérieur. On l’a éduqué sur la chose, il en a capté d’abstraits extraits à distance, mais l’idée d’y prendre part activement enthousiasme celui qui a vécu la rivalité new-yorkaise alors qu’il portait les couleurs des Red Bulls de New York.

« Il y a plus d’histoire derrière celle-là, constate le latéral droit. Contre New York City FC, je crois qu’on a joué quelque chose comme cinq matchs, donc autant on pouvait se détester, ça restait une rivalité très jeune alors que Montréal contre Toronto, on a l’impression que ça a toujours existé. Je crois que tout le monde comprend ce que ça implique et je m’attends à un match enlevant. »

Quand on lui demande ce qu’il retient du douloureux échec de l’automne dernier, Bernier ne parle pas des trois buts sans riposte concédés sous une pluie diluvienne dans les cinquante dernières minutes du match retour. Ce qui continue de hanter le capitaine, c’est l’avance de trois buts gaspillée une semaine plus tôt au Stade olympique.

C’est avec ce souvenir en tête qu’il implorera ses coéquipiers de débuter le match à l’heure, mais surtout de ne baisser leur garde en aucune circonstance.

« Il faut avoir l’instinct du tueur et mettre le match hors de portée dès qu’on le peut, surtout que les buts à l’extérieur comptent. On a appris qu’on doit être alertes à tout moment. On veut s’assurer de sortir de ce match avec le vent dans les voiles avec un résultat qui va nous permettre de croire à la victoire au match retour. »

Encore le 5-3-2

Toronto n’a rien perdu de son punch offensif depuis son triomphe automnal contre l’Impact. La troupe de Greg Vanney a éliminé le Fury d’Ottawa avec une victoire de 4-0 dans le match décisif de sa demi-finale du Championnat canadien. Quelques jours plus tôt, elle avait défait le Crew de Columbus par la marque de 5-0.

Depuis, elle a subi l’une de ses deux seules défaites depuis la mi-avril avant de décrocher un autre blanchissage, celui-là par le score de 2-0 devant D.C. United.

« C’est une équipe très complète, remarque Chris Duvall. Elle est solide défensivement, donne peu de buts et compte sur une attaque très talentueuse. Il faudra vraiment être à notre meilleur. Tout le monde devra être au fait du degré de difficulté auquel nous ferons face et fournir un niveau d’effort conséquent. »

Les retrouvailles entre les deux équipes seront aussi l’occasion de constater le progrès réalisé par l’Impact sur les séquences de jeu arrêté et autres formes de ballons aériens, un aspect dans lequel il avait été complètement dominé par TFC dans les minutes précédant son élimination.

Une finale qui promet d'être émotive dans les deux camps

« Avec Jozy [Altidore], qui a quand même un physique imposant, et Jordan Hamilton, un gros bonhomme un peu plus jeune qui aura peut-être des minutes, il faudra bien gérer la surface, reconnaît Crépeau. C’est simplement une question de bien guider la défensive, de reconnaître les moments où il faut y aller et ceux où il faut rester. Ça va être important de bien gérer ces moments. »

Dans le déploiement de son effectif, Mauro Biello entend poursuivre avec le schéma à cinq défenseurs qu’il a mis en place au cours des deux derniers matchs.

« On a eu du succès, on est allé chercher deux points dans deux endroits très difficiles, justifie-t-il. Le premier match à Kansas City, on a très bien fait au niveau de notre phase défensive. À Orlando, en première demie, on ne faisait pas bien à un contre un et ça a donné l’impression qu’on était hors position. On s’est ajusté en deuxième demie en descendant Bernier à côté de Donadel pour couvrir Kaka et Perez en plus de pousser un peu plus avec Nacho et Mancosu. Je pense que ça nous a mieux équilibrés. »

En attaque, la présence d'Anthony Jackson-Hamel (virus) et Ballou Tabla (cheville) était toujours incertaine à un peu plus de 24 heures de l'affrontement.

Le match retour de la série aura lieu mardi prochain à Toronto.