MONTRÉAL – Au cœur d’une éreintante journée d’entraînement incluant deux séances sur le terrain, ce n’est certainement pas en regardant les paysages du port de Montréal que les joueurs de l’Impact de Montréal pouvaient se laisser distraire.

Ayant établi leurs nouveaux quartiers généraux d’entraînement à la Caserne Létourneux depuis peu, le site demeure en profonde réfection, mais l’environnement était plus que propice pour se démener à la tâche.

Voguant sur l’enthousiasme de la victoire de 4-1 aux dépens du Real Salt Lake, l’Impact a profité de deux journées de congé avant de reprendre le collier en vue du prochain match qui pointe à l’horizon samedi à Montréal. Le moment s’imposait donc pour procéder à une épreuve physique de taille puisque l’Impact a multiplié les matchs avec son aventure en Ligue des champions de la CONCACAF et l’amorce de son calendrier régulier en MLS.

« C’est simplement, qu’au début, les matchs venaient rapidement dont on se concentrait plus sur la préparation pour que la chimie se développe avec les nouveaux joueurs. On a manqué un peu de temps pour insister sur la course. Maintenant, on a un peu la chance de se reprendre et c’est important de le faire. Il faut les pousser sinon ça nous rattrapera plus tard dans la saison », a expliqué Frank Klopas qui a réfuté l’hypothèse que le conditionnement physique de sa troupe laissait à désirer.

D’ailleurs, Klopas n’a pas ménagé les directives incisives pour que ses protégés ne ralentissent pas la cadence et son discours ne pouvait guère sonner plus juste dans Hochelaga-Maisonneuve, un ancien quartier ouvrier francophone.

« Ils doivent comprendre que c’est difficile, mais que c’est important de travailler. Je leur dis qu’ils pourraient devoir travailler pendant huit à neuf heures par jour dans des manufactures ou des usines. C’est pas mal plus agréable de courir sur un terrain de soccer », a-t-il confié.

Conséquent dans ses paroles, l’entraîneur aguerri de l’Impact a mentionné à plusieurs occasions dans sa rencontre avec les journalistes que les joueurs les plus méritants à l’entraînement seront ceux qui obtiendront sa confiance pour les matchs.

Ce travail et le respect de la stratégie ont permis à l’Impact se relancer son début de saison avec un triomphe convaincant de 4 à 1 contre le Real Salt Lake. Cette réussite avait de quoi satisfaire les troupes.

« Notre mouvement était particulièrement bon. Quand on bouge le ballon rapidement, je considère qu’on est une très bonne équipe qui peut générer beaucoup d’attaque et compliquer la vie des autres formations. On a passablement de talent devant pour en profiter et on se donne de meilleures chances quand on joue mieux collectivement », a vanté Klopas.

Cette analyse sonnait comme un message à l’endroit de certains joueurs notamment Ignacio Piatti qui avait essuyé des critiques pour son entêtement à conserver le ballon. Est-ce que l’Argentin aux nombreux talents avait reçu cette missive des entraîneurs?

« On a surtout parlé de la vitesse de notre jeu et ce sera encore le cas contre Dallas. Il faut bouger rapidement sinon ce sera difficile d’obtenir des occasions intéressantes contre eux », a répondu l’entraîneur sans vouloir viser Piatti en particulier.

Maintenant que la marche à suivre en MLS a été confirmée sur le terrain, les représentants montréalais souhaitent poursuivre dans la même veine.

« C’est une sorte de soulagement, mais on savait que la première victoire allait venir avec toute la qualité que nous avons dans ce club. On a poussé et on a enfin réussi la performance pour que nos partisans soient fiers. Il faut que ça se poursuive samedi et pour le reste de la saison », a souligné Jack McInerney en élaborant un scénario qui permettrait de remplir le Stade Saputo plus facilement.

Par contre, cette lancée devra continuer sans les services de Dominic Oduro qui s’est blessé à l’aine alors qu’il s’établissait comme l’un des rouages majeurs du club en attaque.

« Quand je l’ai eu sous mes ordres à Chicago, il avait joué un grand rôle dans notre meilleure saison (2012). Il a gagné en maturité comme joueur en passant par Columbus ainsi que Toronto et j’ai eu la chance de l’amener ici. Ce n’est pas que je suis surpris de sa contribution, mais il est plus mature comme joueur à propos de ses mouvements, ses décisions et ses qualités pour finir les actions. C’est bien de voir qu’il cadre avec le club, il n’est vraiment pas égoïste en travaillant pour les autres », a mis en contexte Klopas.

« Il a été très bon pour nous et sa présence nous manquera, mais d’autres joueurs seront prêts », a enchaîné l’entraîneur.

Un combat semblable pour Jackson-Hamel et Williams

Durant l’absence d’Oduro, le onze montréalais devrait se tourner du côté d’Anthony Jackson-Hamel et Romario Williams pour renflouer son attaque décimée. À quelques jours du prochain match, Klopas a refusé d’identifier celui qui possède une longueur d’avance.

« On verra à la lueur de leur rendement à l’entraînement. Les deux ont accompli du travail correct quand je les ai observés. Je pense notamment à Romario qui a réussi un bon match contre Charleston (en USL) en créant le but. Ce sont deux jeunes donc tu peux obtenir des choses intéressantes d’eux, mais aussi de l’inconstance. Il faut demeurer positif et travailler avec eux », a-t-il analysé.

Jackson-Hamel a corroboré les dires de son entraîneur quand il a dû répondre sur le cheminement à parcourir.

« On nous montre avec les vétérans ce que ça représente d’être partant et le premier attaquant. On nous pousse à l’entraînement pour qu’on gagne notre place. Il faut s’acharner au boulot et les résultats viendront après », a révélé Jackson-Hamel.

Question de s’encourager, Jackson-Hamel et Williams peuvent s’inspirer du parcours de Cameron Porter qui a rapidement gagné la confiance des entraîneurs en vertu de son jeu convaincant et responsable.

« Quand tu vois qu’il a saisi sa chance et qu’on lui a fait confiance par la suite, c’est évident que c’est encourageant pour nous », a-t-il convenu.
De l’autre côté, le Québécois doit parfois se battre avec une réalité du soccer montréalais qui s’ouvre au talent international. En tant que produit local, il doit parfois prouver un peu plus qu’il mérite sa place. Karl W. Ouimette l’a appris à ses dépens en devant s’expatrier puisqu’il a été remplacé par des acquisitions.

« Je ne pense pas que ça décourage, mais ça te montre que ta place n’est jamais garantie dans l’effectif même si tu viens de Montréal. Karl, a été le premier à signer avec le grand club et il a un peu été un modèle pour les autres de l’Académie », a tempéré Jackson-Hamel.

Williams vit cette période d’attente d’un autre angle en tant que premier choix de l’Impact au plus récent repêchage, mais il ne se dit pas frustré par la situation.

« Non, j’apprécie le processus d’apprentissage et je peux voir la progression dans mon jeu », a argué celui qui ne crache pas sur la pertinence de faire ses classes graduellement.

Tout en bûchant à l’entraînement, Williams n’a pas encore eu la chance de constater avec quels joueurs la chimie s’opère naturellement puisqu’il ne se retrouve pas souvent aux eux dans les exercices qui reflètent les matchs. Ceci dit, il est impatient de le découvrir et il se dit prêt à jouer seul devant ou avec un complice dans son entourage.