C’est vrai qu’ils ont étéplutôt rares, les moments oùl’Impact de Montréal a fait preuve de lucidité durant l’année. Ainsi, même si ça se passait en dehors du terrain, les nouvelles positives émanant de l’allocution du président Joey Saputo ont eu l’effet d’une bouffée d’air frais pour les partisans du club et toute la communauté du soccer québécois. Serait-ce l'odeur du fleuve qui a soudainement trouvé le chemin du Stade Saputo?

Qu'importe, quand on combine le tout à l’effet Piatti récemment ressenti par le onze montréalais, on assiste finalement à une embellie qui donne l’impression qu’après avoir touché le fond du baril, le club bleu-blanc-noir se donne enfin les moyens de s’en sortir. Au diable les odeurs de bas-fonds.

L’avenir nous dira ce que les embauches de cadres auront comme effet sur la visibilitédu club et sur ses ventes de billets. Certains se montrent moins optimistes que d'autres... Or, l’annonce de la construction d’un centre d’entraînement sur la rue Notre-Dame dans le bâtiment attenant au parc Champêtrem’apparaît la plus emballante. Non seulement le projet a de la gueule, il concrétise les aspirations du club d’optimiser la formation de ses espoirs dans le but de pourvoir à son groupe professionnel. On peut dire que la pyramide de développement a maintenant tous les étages requis.

Ah, le parc Champêtre, ça rappelle de beaux souvenirs. Avant le rugby ou le football australien, il fut une époque où cette pelouse aux abords du fleuve fut le lieu d'un début de parcours avec l’équipe du Québec de Dr. Kostek Pawlikaniek (si vous trouvez une photo sur internet, faites-moi signe!). Quelque chose me dit que lorsqu’il sera opérationnel (on pense que ce sera 2015) les joueurs qui utiliseront le centre n’auront plus à se changer sur les bancs de bois comme dans le temps.

Bref, les annonces de Joey Saputo donnent un sens aux actions déjà entreprises par le club dans le passé et ils dictent la voie à emprunter pour la suite. On saura donc où aller quand Hassoun Camara ou Wandrille Lefèvre parlent d’apporter leur pierre à l’édifice... Ça commençait à faire un bon petit tas!

Entrevue Gorka

Vous avez peut-être lu l’entrevue réalisée cette semaine par mon collègue Pascal Milano avec le milieu de terrain Gorka Larrea. Le joueur d’origine basque a tout d’un extra-terrestre dans ce milieu assez conformiste qu’est le sport professionnel. Si l'aventure en Amérique du Nord est une étape qu'il aimerait se prolonger sur de nombreuses années, Gorka reste plus mystérieux sur ce qu'il l'anime à plus court terme.

J’ai eu le privilège de m’entretenir avec l’ancien porte-couleurs de la Real Sociedad - qui n’a pas caché sa satisfaction quand on lui a parlé de leur victoire contre le Real Madrid dimanche dernier. Personnage singulier qui peut être difficile àfreiner une fois lancé sur un sujet particulier, Gorka dit avoir appris l’anglais - qu’il maîtrise très bien même s’il ne se juge pas particulièrement doué avec les langues - à l’école à San Sebastian. Voici les meilleurs extraits de notre conversation :

Patrick Leduc (PL): D’abord, d’où provient ce surnom: « Spike » que tu utilises dans ton alias Twitter?

Gorka LarreaGorka Larrea (GL): Tu te rappelles de ce film Notting Hill, il y a un personnage blond…Mes amis trouvent que je lui ressemble et ils ont commencé à m’appeler: "Spike, Spike, Spike." Il y a deux mois, je marchais sur la rue Saint-Paul et je l’ai aperçu. Il était ici, à Montréal. Je suis alléle rencontrer. J’ai dit:  "Hello, Spike." Et il est parti àcourir. Je ne sais pas pourquoi. Il est fou? Il s’appelle Rhys Ifans. C’est un très bon acteur.

PL: Peut-être qu’il a eu peur?

GL: Probablement. Il s’est dit ce gars-là est comme moi, et je ne sais pas pourquoi.

PL: Tu parles de tes souvenirs de carrière avec un certain détachement. Les résultats que tu as eus semblent secondaires en comparaison aux rencontres que tu as faites en chemin. Quelles ont été les plus marquantes pour toi?

GL: Quand on est un jeune joueur, on rêve tous de jouer en Liga avec la Real Sociedad (le club de San Sebastian). On veut affronter le Real, le Barça ou l’Athletic Bilbao - un derby pour nous. J’ai joué à la Catedral à Bilbao, au Bernabeu, au Camp Nou. C’est important, c’est certain. C’est un rêve d’enfance. Mais quand tu y accèdes à ce niveau et que tu réalises la situation... Pour moi, il y a plus important que ça. Ces choses-là sont importantes mais elles sont dures à partager, c’est un peu la même chose avec un rêve. Ça reste très personnel, dire: « J’ai joué là-bas. » Je préfère les moments que l’on traverse en groupe : des bas, des hauts, pour moi, ça c’est plus important. 

PL: Tu parles des relations avec les autres?

GL: Oui. Par exemple, quand on perd un match tout le monde est triste. Mais quand quelqu’un se lève dans le vestiaire et dit qu’il faut se tenir ensemble en toute circonstance. C’est un moment qui me marque davantage. Le soccer, ça s’arrête à 30-35 ans, mais la vie, elle, continue. Ces moments-là comptent plus pour la vie. Les amitiés dureront même après la fin de la carrière (...) 

J’ai fait des études en génie et en publicité durant ma carrière de joueur en Espagne mais, honnêtement, je n’ai pas appris grand-chose sur ces matières. Tout ce que je sais, je l’ai appris au soccer, dans le sport. C’est mon mode de vie (...) J’ai déjà eu un professeur qui m’a dit: « Gorka, ton avenir dépend des gens que tu rencontres et des livres que tu lis...»  Alors j’essaie de lire autant que je peux et de faire le plus de rencontres possibles. Je suis chanceux d’en avoir fait beaucoup dans mon milieu. J’ai rencontré Pep Guardiola, par exemple. J’essaie de m’améliorer comme joueur mais aussi comme personne.

PL: J'aimerais que tu me parles un peu de Xabi Alonso. J'ai vu que tu as écrit sur lui récemment. C’est un ami? Un ennemi?

Xabi AlonsoGL: Xabi Alonso allait à mon école. Je le connais bien, lui et sa famille. Pour moi, c’est une référence. D’après moi, il est le meilleur milieu de terrain du monde avec Pirlo et peut-être Busquets. J’essaie d’apprendre de lui…Maintenant avec Pep Guardiola [au Bayern] ce sera un très bon mix. C’est sûr que dans 5-10 ans, il sera un grand entraîneur. Je ne sais pas où? Real Sociedad? Real Madrid? Je le répète, c'est une référence.

PL: Et si on parlait de tes objectifs personnels, maintenant?

GL: Je préfère toujours parler de l’équipe. Avec le temps, j’ai aussi découvert que je préférais établir des buts à court terme. Y aller au jour le jour. J’ai mes objectifs personnels mais je préfère les garder pour moi. On ne sait pas ce qui va se passer demain. Je préfère travailler fort pour être le meilleur Gorka possible dès aujourd’hui. Je crois en l’équipe, j’espère gagner chaque match... Mais mes buts à Rmoi, je les garde pour moi... D’accord? 

Ok? C’est bon? Tu me comprends quand je parle en anglais? Pas besoin de traduction?

PL: C’est parfait comme ça, merci.