MONTRÉAL – Les répercussions positives de l’arrivée de Didier Drogba chez l’Impact ne font aucun doute. L’échantillonnage est maintenant assez important pour permettre de conclure que la présence du redoutable attaquant au sein du onze montréalais change drastiquement le visage de l’équipe.  

Mais l’arrivée de la légende ivoirienne a-t-elle plongé le reste de l’équipe dans un néfaste état de complaisance? Serait-il approprié ici de parler de la proverbiale arme à double tranchant?

L’Impact a disputé dix matchs depuis que son nouveau numéro 11 a effectué ses premières foulées dans son nouvel uniforme bleu le 22 août contre l’Union de Philadelphie. Lorsque le nom de Drogba a été inscrit dans sa formation de départ, Montréal a cumulé un dossier presque sans tache de 5-1-1. Toutefois, quand la grande vedette offensive a dû s’absenter ou a été limité à un rôle de réserviste, personne n’a pu prendre le relais. Les hommes de Mauro Biello montrent une fiche de 0-3-1 quand ils ne peuvent compter sur l’aide de leur célèbre coéquipier pendant 90 minutes.

Drogba est déjà le meilleur buteur de l’Impact avec neuf réussites. C’est une de plus qu’Ignacio Piatti et Dominic Oduro, qui en comptent huit en respectivement 24 et 26 matchs.

L’Impact a réussi un total de 13 buts dans les matchs où Drogba a été titularisé. Du lot, neuf ont été tirés par l’ancienne étoile de Chelsea. Les quatre autres ont été fournis par Wandrille Lefèvre, Dilly Duka, Johan Venegas et Andrés Romero. Oduro n’a qu’un but depuis le début septembre et Piatti n’a pas marqué le 1er août.

Au moment où l’Impact tente de décrocher son billet pour les séries éliminatoires, on peut se demander à quel point la présence d’un allié si dominant fausse la donne quand vient le temps d’établir le réel potentiel de l’équipe. En d’autres mots, est-il possible que le Bleu-blanc-noir souffre d’une dépendance à Didier Drogba?

Hassoun Camara entend la remarque, mais se questionne poliment sur sa pertinence.

« Quand on n’avait pas de réalisme devant, on se plaignait parce qu’on n’avait pas d’attaquant. Aujourd’hui, on a un grand attaquant et on cherche la petite bête en se disant que ceux qui l’entourent ne sont pas assez prolifiques... », répond le grand défenseur français.

Résultats mitigés pour l'Impact

« Je pense qu’avoir un attaquant comme Didier, c’est une chance, ajoute Camara. Pourquoi ne pas être content et voir autre chose alors qu’il est en pleine lumière? Profitez-en, profitons-en nous aussi. Ce n’est pas comme s’il était un joueur à côté qui est en complément pour aider l’équipe. Il en fait partie et c’est très bien pour nous. »  

« Je crois que ça deviendra un problème le jour où il arrêtera de marquer autant de buts, estime Evan Bush, un peu plus réaliste. C’est évident qu’on aimerait voir plus de gars trouver le fond du filet comme c’était le cas en début de saison. Plusieurs de nos ailiers marquaient ou fabriquaient des buts, ce qui nous rendait très dynamiques. Mais en même temps, un joueur comme Didier enlève tellement de pression à ceux qui l’entourent. Tant et aussi longtemps qu’il produira à ce rythme, je ne m’en plaindrai certainement pas. »

Patrice Bernier est du même avis que son gardien.

« On sait qu’offensivement et au niveau de la possession, on doit être meilleurs, confesse le capitaine, lui-même à la recherche d’un premier but depuis le début de la campagne. On doit être plus dominants. On a subi un peu plus dernièrement. Il faut être un peu plus créatifs et avoir un peu plus de mouvement à la hauteur du ballon, parce que c’est sûr que le bullseye est sur la tête de Didier. Les défenses adverses s’occupent de lui, ça ouvre des espaces. C’est aux autres joueurs d’en profiter et d’avoir la faim de marquer autant que lui. »

Romero : Biello n’est pas optimiste

L’Impact en saura plus d’ici quelques heures sur la sévérité de la blessure au genou droit subie en fin de semaine par Andrés Romero.

Le milieu de terrain argentin devait se soumettre à un examen d’imagerie par résonance magnétique mardi après-midi alors que le reste de ses coéquipiers reprenaient l’entraînement, trois jours après avoir décroché leur troisième victoire de la saison à l’étranger.

Romero quitte en civière

Romero s’est blessé à la 12e minute du match contre les Rapids du Colorado lorsqu’il a été accroché par derrière par Dillon Powers. Il est sorti du terrain sur un brancard et a été remplacé par Dilly Duka.

« J’espère pour le mieux, mais quand le genou est touché sur des actions comme celle-là, c’est toujours très inquiétant », s’est contenté de commenter l’entraîneur Mauro Biello.

Le pessimisme de Biello était peut-être inspiré d’informations privilégiées que l’Impact attend de diffuser. Quelques minutes avant que son entraîneur ne prenne la parole, Hassoun Camara avait innocemment laissé tomber que « Romero (allait) être blessé pour une longue durée ».

Joueur de l’année chez l’Impact en 2014, Romero connaissait une saison plus modeste cette année avec seulement un but à ses 19 derniers matchs. N’empêche, son absence viendrait amincir le club à une position où il est déjà privé de Justin Mapp, victime d’une mystérieuse blessure à un pied.

Lui aussi touché au genou droit, Laurent Ciman a terminé la rencontre au Colorado dans la douleur samedi. Biello a toutefois confirmé que son défenseur étoile sera en mesure de s’entraîner à plein régime cette semaine.

« Laurent a reçu un coup, mais il va être correct », a assuré Biello.

Ciman ne sera toutefois pas de la partie samedi prochain alors que l’Impact disputera son avant-dernier match de la saison contre le Revolution de la Nouvelle-Angleterre. Le bouillant Belge servira une suspension d’une partie pour accumulation de cartons.