MONTRÉAL – Ce sont d’abord ses cheveux qui attirent l’attention. Les longues spirales noires de Michael Salazar défient la gravité, figées au-dessus de sa tête comme un épais nuage de fumée expulsé du cratère d’un volcan en éruption.

Il admet timidement qu’il ne passe pas une journée sans qu’on lui fasse un compliment sur sa chevelure. On le compare à Marcelo ou à Willian, des flatteries qu’il énumère avec le même sourire qui ne le quitte jamais sur le terrain.

Mais le récent choix de deuxième ronde de l’Impact a l’intention de faire parler de lui pour des raisons purement sportives à sa première saison chez les pros.

« Pour une recrue, le but est toujours de gagner le titre de recrue de l’année. Ça serait quelque chose de vraiment gros. Alors si on me donne l’opportunité de jouer et que je peux contribuer dès le début, ça serait l’un de mes objectifs », a humblement annoncé l’attaquant de 23 ans, mercredi.

Repêché au 24e rang du SuperDraft de la MLS après avoir été étiqueté par certains observateurs comme un possible choix de premier tour, Salazar croit qu’il n’aurait pu mieux tomber en atterrissant à Montréal.

« J’ai l’impression que c’est l’endroit parfait pour moi. Avoir l’occasion de jouer avec mon idole, Didier Drogba, et d’apprendre de lui chaque jour, c’est une énorme chance. Mais au-delà de ça, je crois que le système de l’équipe correspond parfaitement à mon style. J’aime jouer en combinaison, faire de bonnes percées vers le filet adverse et j’ai l’impression que les gars qui sont ici me complémentent très bien. Je cadre parfaitement dans cette équipe. »

Depuis le début du camp d’entraînement, cette belle confiance se transpose sur le terrain. Ça n’a beau être que de la pratique, mais Salazar affiche un flair certain pour trouver le fond du filet. C’est une qualité qui n’est pas passée inaperçue aux yeux de l’entraîneur-chef Mauro Biello, qui se dit déjà impressionné par la vitesse et les attributs physiques de son jeune poulain.

« Il a compris comment être efficace dans son jeu », a résumé Biello en début de semaine pour expliquer pourquoi Salazar avait toujours sa place au camp de l’Impact alors que Keegan Smith, un autre choix de deuxième ronde en janvier dernier, avait déjà été libéré.

« Encore aujourd’hui, il a joué pendant vingt minutes et a fait un bon mouvement, s’est démarqué dans son déplacement, a reçu une bonne balle d’Ontivero et il a compté, faisait remarquer Biello après avoir dirigé une série de courts matchs simulés, mercredi. C’est un peu ça le travail de l’attaquant. Oui, on recherche le travail et tout ça, mais quand il est capable de compter, il entre dans la discussion. »

Un caméléon

Être le petit nouveau en ville, s’adapter à un nouvel environnement, ce n’est rien de neuf pour Michael Salazar.

Impact : Une grosse différence avec 2015

Élevé au Belize, un pays d’Amérique centrale plus petit que la Gaspésie, Salazar s’est déraciné à l’adolescence pour améliorer ses chances de percer dans le monde du football. À 18 ans, même s’il ne maîtrisait aucune autre langue que l’espagnol, il a accepté l’invitation d’une tante qui habitait en Californie et s’est installé à Moreno Valley.

« Je cassais pas mal mon anglais. Je mélangeais mes conjugaisons au présent et au passé et les gens me regardaient constamment de travers en se demandant qu’est-ce que je pouvais bien être en train d’essayer de leur dire! », se rappelle-t-il en riant.  

Inscrit au sein de l’équipe de sa nouvelle école secondaire, Salazar a trouvé le moyen de se faire des amis en marquant 25 buts.

« Je suis très compétitif et quand je suis le plus vieux dans mon groupe d’âge, je prends instinctivement les responsabilités de leader », dit-il.

Après deux saisons au niveau universitaire à Cal Baptist, en deuxième division de la NCAA, Salazar a demandé et obtenu son transfert à Riverside, qui évoluait dans un calibre plus élevé. En deux ans en première division, il a inscrit douze buts en 34 départs.  

Montréal est donc le quatrième arrêt sur l’itinéraire sportif du jeune joueur latin, qui compte aussi quatre apparitions sur la scène internationale avec la sélection du Belize.

Alors qu’on est en droit de se demander si Romario Williams, que l’Impact a sélectionné avec le troisième choix du repêchage de 2015, est toujours dans les plans de l’équipe, Salazar pourrait brûler les étapes comme l’avait fait Cameron Porter avant de subir une sérieuse blessure au genou l’année dernière.  

« J’ai entendu parler de son histoire, affirme Salazar au sujet du Pachuca Killer. J’espère évidemment éviter les blessures, mais si je peux être aussi bon qu’il était en voie de l’être à sa saison recrue, ça serait fantastique. »

« S’il continue de bien jouer, il y a une place pour lui », assure Biello.