MONTRÉAL – Wilmer Cabrera est dans une situation familière. L’an dernier, à sa dernière saison complète à la barre du Dynamo de Houston, l’entraîneur colombien a raté les séries éliminatoires par onze points, mais il a, en parallèle, opéré un petit miracle en menant son équipe à la conquête de la US Open Cup.

 

Dans sa route vers ce titre qui donne accès à la Ligue des champions de la Concacaf, le Dynamo avait éliminé le Sporting Kansas City et le LAFC, deux des trois meilleures équipes de l’Association Ouest de la MLS. Il avait ensuite mis la touche finale à son parcours avec une victoire par blanchissage sur l’Union de Philadelphie, qui avait alors remporté sept de ses neuf matchs précédents.

 

Cabrera se retrouve maintenant dans un contexte similaire à Montréal. Les espoirs de l’Impact de participer aux séries de la MLS se sont pratiquement envolés samedi avec une injustifiable défaite contre le FC Cincinnati.

 

La difficile tâche de Cabrera à partir de dimanche matin sera de repousser le deuil de ses joueurs en dirigeant maintenant leur concentration sur la finale du Championnat canadien, dont l’Impact disputera le match aller mercredi, au Stade Saputo, contre Toronto FC.  

 

« Il faut avoir la mémoire la plus courte de l’histoire et penser à ce qui s’en vient », implorait Cabrera en point de presse.

 

« J’ai déjà commencé à leur demander de voir la Coupe qui est devant eux, de voir cette finale et la possibilité qu’elle offre de remporter un titre pour cette belle ville et ce beau club. Cette ville le mérite. C’est ce que je veux transmettre à mes joueurs. Je veux qu’ils oublient la pression qu’on a en MLS. Cette finale, ils l’ont méritée, personne ne leur en a fait cadeau. On ne joue pas une finale à chaque année dans une carrière. Il faut placer toute notre concentration là-dessus. »

 

C’est le genre de chose qui sera plus facile à dire qu’à faire pour une équipe qui ne fait que régresser depuis le début de l’été. À ses quatre dernières sorties à domicile, l’Impact a, chronologiquement, perdu une avance de trois buts contre Dallas, battu de justesse la pire équipe de l’Ouest, subi une raclée contre un rival direct et jeté trois points aux poubelles contre la pire formation de la MLS.

 

Depuis que Cabrera a succédé à Rémi Garde, l’Impact n’a marqué que trois buts en quatre rencontres et a été blanchi deux fois. Il n’aura pas marqué depuis 232 dernières minutes de jeu lorsque le premier coup de sifflet retentira mercredi. Son manque de confiance devant le filet adverse est évident : il n’a cadré que cinq de ses 41 tirs au but à ses deux derniers matchs.

 

« C’est sûr que la finale vient à un moment assez difficile, convient Samuel Piette. Mais il faut changer de mentalité immédiatement. Mercredi, c’est un autre championnat, c’est une autre saison. Il faut absolument tourner la page sur ce qui s’est passé aujourd’hui. C’est la beauté du foot, on a une autre occasion mercredi de faire de bonnes choses, de se rattraper sur les derniers matchs qu’on a fait. On n’oublie pas ce qui s’est passé, mais si on va chercher un bon résultat, je pense que la bonne mentalité et la confiance vont revenir peu à peu. »

 

« J’ai l’impression que beaucoup de gars se mettent une pression supplémentaire sur les épaules, dit ressentir Evan Bush. Maintenant, on a la chance de sortir de la ligue et de penser à quelque chose qui n’a rien à voir avec le rendement qu’on offre dernièrement. »

 

Les joueurs de l’Impact auront beau retrouver un état d’esprit digne d’un camp d’entraînement, il y aura de l’autre côté une équipe redoutable qui ne se laissera pas impressionner facilement. Incluant ses deux victoires contre le Fury d’Ottawa dans sa portion du tableau du Championnat canadien, Toronto vogue présentement sur une séquence de huit matchs sans revers. Équipe de fond de classement en première moitié de saison, les Reds ont repris des couleurs et sont remontés jusqu’au quatrième échelon dans l’Est.

 

Seul facteur qui semble jouer en faveur de l’Impact dans ce duel : Toronto affrontera les Rapids du Colorado dimanche au BMO Field et bénéficiera donc d’une journée de préparation de moins en vue de la première manche de la série aller-retour.

 

« Il faut voir ça comme une nouvelle opportunité, dit Piette. À chaque fois qu’on voit Toronto, c’est toujours des matchs différents. On n’a pas besoin de motivation. Il faut utiliser ce match-là comme un genre de rebound pour la deuxième moitié de saison qu’on a faite. Ça ne se fait pas en claquant des doigts, évidemment, mais il faut vraiment penser au Championnat canadien. »

« C’est dans ces moments qu’on voit ce que les gars ont dans le ventre et que ressort le vrai caractère d’une équipe. On a échoué lamentablement depuis deux mois. On a maintenant la chance de se racheter dans un contexte différent avec deux matchs contre un grand rival. Ils vont probablement arriver ici avec un grand optimisme considérant les performances qu’on a offertes récemment. Peut-être que c’est quelque chose qu’on pourra utiliser à notre avantage », anticipe Bush.