MONTRÉAL – La défaite qui a mis fin à la saison de l’Impact la semaine dernière au BMO Field de Toronto a projeté à l’avant-plan un problème qu’on semblait être parvenu à camoufler, qu’on avait presque oublié, mais qui est revenu hanter l’équipe au pire des moments.

En avril dernier, Patrice Bernier commentait ainsi les errements défensifs de l’Impact sur les séquences de jeu arrêté, alors le seul point négatif d’un solide début de saison : « Ça fait cinq ans que je suis ici et c’est quelque chose qui semble être notre talon d’Achille, notre faiblesse. Si on peut l’améliorer, je ne veux pas dire qu’on va rester facilement dans le haut du classement, mais on va rendre la vie difficile à tout le monde. »

Sept mois plus tard, c’est précisément cette faiblesse qui fut la cause de l’élimination de l’équipe en demi-finale de l’Association Est. Avec une fragile avance à protéger lors de son match retour contre TFC, l’Impact a concédé trois buts sur coup de pied de coin, un spectacle désolant, et a vu la qualification tant espérée lui filer entre les doigts.

Soyez sans crainte, cette faille dans l’armure n’échappe à personne au sein du personnel technique de l’Impact. Immédiatement après le revers crève-cœur à Toronto, l’entraîneur-chef Mauro Biello a identifié sans détour le boulet qui venait de couler son navire. Vendredi, lors de la première partie du bilan de fin de saison de l’organisation, il a de nouveau abordé le sujet de front, sans jouer à l’autruche.

« On savait que c’était quelque chose qu’on devait améliorer et on a travaillé à chaque semaine pour être capable de tenir notre bout contre des joueurs plus gros et plus grands parce qu’on savait qu’on ne formait pas l’équipe la plus imposante », a admis Biello lors de sa dernière sortie publique de l’année.

Les propos de Biello sont intéressants en ce sens qu’ils détonnent un peu du discours auquel il a habitué son auditoire. Historiquement, le pilote de l’Impact a toujours hésité à mentionner le gabarit de ses joueurs pour expliquer certains faux-pas défensifs. De mémoire, jamais il n’a insisté autant sur cette réalité que lors du post mortem qui mettait officiellement un point final à sa première saison complète aux commandes de l’Impact.

« Être capable de joueur physique, être capable de gagner sa position, être capable d’être premier au ballon, ce sont là des choses sur lesquelles on a travaillé. Mais on doit absolument continuer de viser plus haut. Et en même temps, la réalité, c’est qu’on est parfois désavantagé dans nos duels. Parfois, on doit se battre contre quatre ou cinq gars qui font 6 pieds 3, 6 pieds 2... Quand vos gars sont toujours les plus petits, ça devient difficile », a constaté Biello.

Après la défaite contre Toronto, le vétéran Marco Donadel, qui est répertorié à 5 pieds 10 pouces et 160 livres dans les registres officiels de l’Impact, s’en voulait d’avoir laissé le défenseur Nick Hagglund sans surveillance sur le jeu qui a mené au troisième but des locaux. « J’ai bien essayé de me servir de mon corps, mais il avait 20 centimètres et 15 kilos de plus que moi », se désolait-il.

L’Impact doit-il faire l’acquisition de joueurs plus costauds pour corriger pour de bon son plus grand défaut? La question, qui semble revenir chaque année, est plus que jamais d’actualité alors que la direction est déjà entrée dans une entre-saison chargée avec l’ambitieux objectif de bâtir une équipe capable de s’approcher encore plus d’une conquête de la Coupe MLS.

« Je ne sais pas, ce n’est pas à moi de dire qui il faut amener ou qui doit partir, a répondu Laurent Ciman, préférant garder ses distances des enjeux auxquels font face ses patrons. Après, je pense que c’est plus la mentalité et la concentration. C’est une question de timing et d’envie. [...] On a pris des buts sur phase arrêtée, oui. Ça a été un problème tout au long de la saison, oui. Mais on le sait et on va travailler pour que ça ne se produise plus la saison prochaine. »

« Marco pourrait en témoigner, mais je crois que dans l’histoire du soccer italien, les meilleurs gars en duel aériens n’étaient pas les plus grands, a donné en exemple Evan Bush. Même chose en Argentine. Alors je ne pense pas qu’on doive nécessairement se grossir, parce qu’il y a des colosses qui ne sont pas particulièrement bons dans les airs. »

« Il faut travailler ensemble pour développer un plan afin d’être plus efficaces dans certaines situations, mais on a les gars pour le faire », estime Bush.

Les Sounders de Seattle, qui représenteront l’Association Ouest en finale de la MLS, comptent sur deux pièces d’hommes, le défenseur étoile Chad Marshall (6’4’’, 190 lbs) et le Panaméen Roman Torres (6’2’’, 195 lbs) sur leur ligne arrière, mais ne semblent pas globalement plus baraqués que l’Impact. Même constat à Toronto : chaque membre du trio défensif composé de Hagglund, Drew Moor et Eriq Zavaleta mesure au moins 6 pieds, mais on peut en dire autant de celui formé par Ciman, Hassoun Camara et Victor Cabrera à Montréal.

Alors si l’Impact n’a pas besoin de se grossir, peut-être doit-il se mettre à la recherche de joueurs un peu moins polis dans les duels? Peu importe où réside la solution, il se dégage des derniers jours une réelle exaspération et un désir profond de la trouver.

« Qu’on ait pu donner trois buts sur coup de pied de coin dans un même match, c’est encore difficile à comprendre pour moi, se désolait Biello. C’est ce qui nous a sortis des séries. C’est décevant et c’est un dossier qui, au cours des prochains mois, sera une priorité pour nous. Soyez-en assurés. »