C’est bien connu, la modération a bien meilleur goût, et cela qu’on soit disciple du juste milieu d’Aristote ou tout bonnement imbibé par la vertu du slogan d’Éduc’alcool. Le nouveau projet de l’Impact de Montréal est en train de prendre forme. Les nouvelles arrivées se sont confirmées à un rythme soutenu dans les derniers jours, si bien qu’on aura quasiment tout notre monde dès le début du camp, et les premiers contours de cette équipe paraissent intéressants. Cela étant, on aura beau estimer, supposer, calculer, il reste qu’on n’a pas encore joué le moindre match en 2018. Qu’on penche davantage vers l’optimisme - Rémi Garde marche sur l’eau! - ou le pessimisme - sans Ciman, c’est loin d’être convaincant! - il y a des jugements qui mériteraient une plus longue période de délibérations avant d’être rendus… Ce paragraphe aux accents moralisateurs est une gracieuseté de [espace commanditaire disponible: Inbox/DM pour les intéressés]. 

Au risque de casser le party, il me semblait pertinent d’entamer ce texte sur la présentation des nouveaux joueurs de l’Impact par une petite mise au point à propos de l’effectif. Comment évaluer la qualité d’une équipe qu’on n’a pas encore vu jouer? Sur papier, on a évidemment quelques chiffres, quelques statistiques, sur lesquelles se baser. On peut aimer le discours du nouvel entraîneur, le virage qu’on semble emprunter favorisant les joueurs issus de l’Académie, les choix au repêchage échangés, etc. Mais puisqu’il est question de donner du temps au projet Garde pour qu’il puisse décoller, autant patienter un moment avant de se prononcer. De toute façon, on aura amplement d’occasions de se mouiller pendant la saison: 34 matchs, ça peut être long, comme on a pu le constater dans la dernière année.

Saphir est là pour gagner

Il est venu pour « gagner des trophées ». Ne passant pas par quatre chemins, Saphir Taïder a ainsi justifié son arrivée chez l’Impact de Montréal. Le nouveau joueur désigné de 25 ans n’a d’ailleurs pas semblé s’en faire avec les commentaires des observateurs déplorant son passage en Amérique du Nord. « De nos jours, le football n’a plus de frontières », a-t-il affirmé.

Pour sa part, son nouvel entraîneur a expliqué que la perception de la MLS a bien changé chez les Européens depuis quelques années. « C’était une ligue où il était facile de convaincre des joueurs plus âgés de venir terminer leur carrière. Mais il y a une forte croissance et on reconnaît que le défi est nouveau. » Taïder semble donc conscient que le circuit Garber comporte ses propres « difficultés » avec un jeu « beaucoup moins tactique qu’en Italie, mais avec des joueurs bien préparés physiquement ».  Voilà essentiellement ce que l’international algérien a retenu de sa conversation avec Blerim Dzemaili, l’ex-coéquipier qui vient d’effectuer le trajet inverse vers Bologne. Un homme averti en vaut deux, comme dirait l’autre, ce qui ne nous donne toutefois pas plus de précision sur le salaire du joueur.

Enfin, le nouveau « box-to-box » montréalais portera le numéro 8 de Patrice Bernier, un indice possible sur le rôle qu’il prendra au sein du milieu de terrain bleu-blanc-noir, c’est-à-dire devant Piette, mais pas dans une fonction créatrice comme celle de Dzemaili. Dans un texte précédent, j’ai comparé Taïder à Khedira, mais peut-être correspond-il mieux à l’ancien Lyonnais Corentin Tolisso? Voilà, quoi. N’hésitez pas à me dire ce que vous en pensez.

Diallo a envie d’impressionner

Zakaria Diallo avait le sourire aux lèvres à la présentation des joueurs. L’arrière central au gabarit imposant (6’4’’ et toutes se dents) s’est estimé prêt à relever ce nouveau défi. Celui qui avait parlé de son rêve de jouer en MLS la veille dans le communiqué de presse du club a toutefois reconnu que son transfert s’est réglé très rapidement. « J’ai parlé au coach la première fois il y a deux semaines » a-t-il confié.

Conscient du rôle qu’il aura en tant que remplaçant de Laurent Ciman, Diallo a répondu avec enthousiasme aux questions des journalistes: « il était considéré comme un Dieu ici? Ça va, ça va (…) Attendez de voir ce que je peux faire. Vous allez voir », a-t-il dit en souriant. Reste à voir si on arrive à lui trouver un élément compatible avec lequel évoluer en défense centrale. « C’est vrai que j’ai plutôt un profil "joueur" et que j’aime participer au jeu. Ça prend quelqu’un pour me couvrir, si on veut ». 

Voilà un commentaire intéressant, d’autant plus que Garde a déjà mentionné qu’il souhaitait ajouter un autre défenseur central à son effectif. Et même s’il a dit avoir passé beaucoup de temps devant sa télé depuis son embauche en tant qu’entraîneur de l’Impact, peut-être que ces mots serviront à éviter une embauche rappelant le manque de complémentarité entre les profils de Ciman et Cabrera durant les dernières années.  

Contenu canadien convoité

Avec les arrivées de Michael Petrasso et Raheem Edwards, le nombre de joueurs canadiens au sein de l’Impact est désormais passé à 11. On semble rendu loin de l’époque où les clubs unifoliés de MLS avaient demandé qu’on abaisse le quota de joueurs canadiens au sein de leur effectif en prétextant qu’il représentait un obstacle à la compétitivité. Il faudra toutefois voir le rôle précis qu’on donne aux deux recrues ontariennes, desquelles on vante déjà la polyvalence, sans parler du classement éventuel de l’Impact avec ce lourd contingent canadien.

Parmi les dossiers en suspens en ce début de camps, il y a également la place réelle qu’on accordera aux joueurs de l’Académie. On se demande aussi ce qui adviendra de Ballou-Tabla et d’un vétéran comme Marco Donadel. Leurs jours ici sont-ils comptés? Dans les circonstances, et puisqu’il manque encore de profondeur à certaines positions, dans la lignée du recrutement effectué, on ne serait pas si surpris qu’on ajoute encore plus de contenu canadien pour étoffer l’édition 2018 de l’Impact. Défenseur? Milieu? Attaquant? Elles sont nombreuses, les possibilités. Mais avant de juger de la qualité de ces futures acquisitions, il serait plus sage de patienter…