MONTRÉAL – Même s’ils sont heureux de savoir que leur saison pourra prendre son envol au moment prévu, les joueurs de l’Impact de Montréal n’ont pas caché leur déception au sujet de l’entente acceptée par leurs pairs.

En fait, les membres du Bleu-blanc-noir avaient voté contre la proposition qui a finalement été acceptée par treize équipes contre sept.

« On était plutôt uni autour de nos positions. À la fin, on n’a peut-être pas obtenu tout ce qu’on voulait, mais on respecte la démocratie », a évoqué Wandrille Lefèvre au sujet de la position de l'Impact.

« On trouvait que certains points n’étaient pas satisfaisants et d’autres équipes pensaient comme nous, mais on doit se rallier à la majorité qui l’emporte. C’est ainsi et on accepte ce contexte », a décrit Bush.

Avec son regard de futur comptable professionnel agréé, Lefèvre ne pouvait pas se réjouir des conditions imposées à ses collègues. Ce dernier, qui agit en tant que représentant de l’Impact avec Patrice Bernier et Evan Bush, est d’avis que les joueurs n’ont pas obtenu assez de la part des dirigeants.

« Les chiffres ont du sens selon le côté de la médaille duquel on se place. Si je suis un propriétaire, je suis content, mais je ne le suis pas en tant que joueur. On est déçu, mais il y a pire que ça et on est content de faire ce métier. C’est simplement qu’on pensait pouvoir avoir mieux », a analysé Lefèvre.

La situation était particulière pour l’Impact puisque le match de mardi contre Pachuca a empêché d’envoyer un délégué aux négociations finales. Dans ce contexte, ce fut impossible pour Lefèvre, Bernier et Bush de bien exprimer leurs récriminations.

« On a transmis notre avis à ceux qui faisaient les négociations et nous étions la seule équipe qui n’était pas représentée. Ça devenait un petit désavantage, on n’avait pas le feeling des rencontres et on devait se fier uniquement aux chiffres », a raconté Bush.

On espérait davantage du côté des joueurs

Les trois représentants de l’Impact ne voulaient pas trop se prononcer sur les détails, mais on sent que le principal regret à encaisser concerne le dossier de l’autonomie.

« C’est un peu de tout, mais la déception était en lien avec les trois points majeurs : l’autonomie, le salaire minimum et le plafond salarial. On n’a pas été satisfait sur les trois dossiers, mais on se plie au résultat », a confirmé Lefèvre.

Pour la première fois de son histoire de 20 saisons, la MLS a accepté d’ouvrir la porte à ce concept d’autonomie répandu dans le sport professionnel, mais de façon très restrictive. En effet, pour jouir de son autonomie, un joueur devra attendre à 28 ans et il devra avoir disputé huit saisons dans la MLS. Ces deux critères sont obligatoires si bien que les candidats à ce privilège représentent presque l’exception.

À preuve, l’Impact renferme uniquement trois athlètes admissibles à cette récompense en Justin Mapp, Dominic Oduro et le gardien Eric Kronberg alors que Bakary Soumare pourra s’en prévaloir sous peu.

En acceptant les clauses rédigées sur la nouvelle convention de travail, plusieurs athlètes devront s’armer de patience. Par exemple, des vétérans comme Hassoun Camara et Patrice Bernier ne se qualifient pas. La situation est également décevante pour des joueurs comme Jack McInerney qui a fait son entrée dans le circuit Garber à 17 ans ce qui le forcera à jouer pendant plus de 11 saisons avant de se prévaloir de son autonomie.

Bien sûr, les joueurs de l’Impact ne voulaient pas se plaindre de leur sort, mais leurs critiques ne sont pas des caprices d’athlètes professionnels.

Dans ce sens, les porte-couleurs de l’Impact se concentraient sur le positif qui leur permettra d’entamer leur saison régulière samedi (dès 14h30 à RDS) au domicile du D.C. United.

« Le premier match arrive vite et on se concentre sur la suite. On est content de faire plaisir aux partisans qui avaient des inquiétudes, mais on n’a pas trouvé notre compte », a reconnu Lefèvre.

« Bien sûr, on pensait que l’entente aurait pu être meilleure. On prend ce qu’on a obtenu et on se dirige vers l’avant. Personne ne voulait rater des matchs et on pourra aussi se concentrer sur la demi-finale après le match de samedi », a convenu Bush.

« On avait encore quelques jours à notre disposition avant le début de la saison et on avait le sentiment qu’on aurait pu obtenir un peu plus. Mais on est heureux de continuer le boulot et on ne peut pas trop se plaindre de pratiquer ce métier », a-t-il ajouté avec réalisme.

Les bases d’une fondation pour l’avenir

Les gains soutirés par les joueurs permettent d’établir les premières pierres d’une fondation afin d’améliorer leurs conditions et ils devront patienter après la conclusion de l’entente de cinq ans avant de poursuivre le travail entrepris.

« On se dit meilleure chance peut-être dans cinq ans et on espère qu’on ratera moins notre coup et qu’on sera mieux préparé et uni en tant que regroupement de joueurs », a souhaité Lefèvre.

En évoluant dans la MLS, ils sont conscients que leur ligue n'a pas atteint le niveau des autres circuits majeurs nord-américains comme la NFL, la NBA, la MLB et la LNH.

« Une pierre de fondation »

« C’est l’équivalent d’une pierre de fondation. La ligue a 20 ans et on ne peut pas se comparer au basketball, au football, au baseball ou au hockey. Plusieurs joueurs auraient aimé que ce soit le cas, mais ça se produit seulement dans un monde idéal », a rappelé Bush.

« Chaque négociation permet de se rapprocher de ce que l’on désire et on bâtit quelque chose pas seulement pour nous, mais pour la ligue aussi. On veut que les joueurs et la ligue prospèrent. La prochaine négociation permettra d’avancer pour arriver éventuellement à l’autonomie complète », a-t-il continué.

Une décision sage pour la MLS

Le capitaine Bernier a donc surtout retenu un élément positif de la conclusion de ce processus.

« Il y a maintenant un système qui permet à certains joueurs d’être libres et d’avoir un choix à leur disposition. C’est déjà bien et on pourra retravailler le tout dans l’avenir », a évalué Bernier.

L’autonomie plafonnée comprend également des majorations maximales. Ainsi, les joueurs qui touchent des salaires inférieurs à 100 000$ ne pourront pas recevoir une augmentation supérieure à 125%, ceux qui se situent entre 100 000$ et 120 000$ seront limités à 120% et le pourcentage sera stoppé à 115% pour les joueurs rémunérés à plus de 200 000$.

La nouvelle entente permet aussi d’améliorer la situation par rapport au salaire minimum. Les athlètes classés dans le groupe des réguliers verront le salaire minimum passer de 48 500$ à 60 000$ tandis que celui de réserve grimpera de 36 500$ à 50 000$.

De plus, le plafond salarial sera relevé à 3,5 millions par rapport à 3,1 millions. Par contre, ce niveau ne se compare en rien à plusieurs autres ligues comme celle du Mexique où l’enveloppe globale se situe autour de 10 millions.