Cameron Porter commençait à y prendre goût. But historique, ovation au Stade olympique et titularisations, tout semblait pris dans la foulée de ce jeune attaquant américain. Le conte de fées a toutefois connu une interruption abrupte samedi dernier en Nouvelle-Angleterre. Quiconque a vu les images de sa blessure en direct s’attendait au pire et le club a confirmé ces inquiétudes mardi en fin de journée. Une opération au genou est nécessaire. Malgré le peu de temps passé avec la première équipe, Porter a marqué les esprits. Voici trois leçons que je tire de son début de saison.

Le potentiel avant le risque

Dans le passé, l’Impact a souvent préféré réchauffer de vieilles recettes plutôt que d’essayer un nouveau plat. Pourquoi? Parce que l’inconnu est risqué et se justifie moins bien en cas d’échec. Un entraîneur peut facilement se tourner vers la feuille de route d’un joueur plus expérimenté pour expliquer sa décision de le faire jouer. En revanche, faire confiance à un jeune joueur prometteur, mais ayant moins d’expérience, met toute la pression sur le personnel technique.

Avec le cas de Cameron Porter, Frank Klopas a eu le courage d’inverser la tendance. En le préférant à Jack McInerney, l’entraîneur montréalais a tout pris sur lui et son pari s’est avéré payant. Cette situation aura peut-être convaincu Klopas et ses adjoints de se concentrer sur le potentiel plutôt que sur le risque dans le futur. En d’autres mots, voir le verre à moitié plein lorsque vient le temps de donner sa chance à un joueur. Cette prise de conscience viendrait à point, car de plus en plus de jeunes produits de l’Académie cogneront à la porte du Onze montréalais au cours des prochaines saisons. Les fera-t-on entrer ou attendre patiemment à l’extérieur? Porter aura montré que la première option, à défaut d’être une certitude, peut tout de même donner des résultats. Parlez-en à Pachuca!

Prendre plaisir

Si 2014 a été une année où l’unité du groupe et le plaisir d’y jouer étaient douteux, l’énergie au sein de l’équipe semble différente cette saison. Klopas a dit vouloir recruter des joueurs qui sont heureux d’être à Montréal et Cameron Porter était un « casting » parfait. Tant auprès de ses coéquipiers que des membres des médias, son enthousiasme était contagieux.

Avec la pression qui accompagne le métier, il est facile pour les athlètes professionnels d’oublier que leur emploi est d’abord un jeu. Depuis le mois de juillet 2013, en raison des mauvais résultats, un nuage gris planait sur l’équipe et l’humeur du groupe en a pris pour son rhume. Combinée à l’arrivée de quelques blagueurs de premier plan (Laurent Ciman en tête de liste), la candeur de Porter a été positive pour l’ambiance au sein du Onze montréalais. Sa blessure, quant à elle, aura rappelé à tous à quel point il est important de profiter de chaque instant et de prendre plaisir à pratiquer ce métier un peu tordu où on se prend souvent trop au sérieux.

Droit au cœur

Malgré le bon début de saison de Donny Toia, les C.V. impressionnants de Nigel Reo-Coker ou Marco Donadel et le but hors de l’ordinaire Nacho Piatti contre Alajuelense, quel nom était sur toutes les lèvres au mois de mars? Pas besoin de vous faire un dessin. Pourquoi Cameron Porter a-t-il si rapidement été le sujet de conversation préféré des partisans de l’Impact? Parce qu’il leur a fait vivre quelque chose.  

Je ne cherche pas à glorifier Porter qui, même sans cette fâcheuse blessure, avait encore beaucoup à prouver. Je vois plutôt en lui le symbole de ce qui est recherché par les spectateurs montréalais. Il a ravivé une étincelle qui s’était éteinte depuis trop longtemps. Il a donné aux amateurs une raison de rester à leur siège jusqu’à la toute fin. Il s’est taillé une place dans leurs cœurs en leur offrant ce que le Onze montréalais a de plus précieux à offrir, des émotions. Ces dernières sont la matière première avec laquelle l’Impact de Montréal attirera et, surtout, gardera les gens au stade. Une équipe qui attaque, qui y croît et qui se dépense, voilà ce que les partisans ont vu en Cameron Porter et qui doit continuer d’habiter le groupe en son absence.

Et vous, que retenez-vous des premières semaines de Cameron Porter chez les professionnels?