MONTRÉAL – Si le passé est garant de l’avenir, il faut s’attendre à ce que l’injection de Blerim Dzemaili à l’effectif de l’Impact exerce plus tôt que tard une forte influence positive sur les résultats de l’équipe.

L’Impact n’a pas toujours été un modèle de constance et de saine gestion depuis son entrée en MLS, mais il faut donner à l’organisation le mérite qui lui revient : elle n’a pas souvent manqué son coup dans le recrutement de ses joueurs désignés.

Dzemaili est le cinquième joueur à arriver à Montréal avec sur ses épaules les attentes qui accompagnent ce statut particulier. De ses prédécesseurs, trois ont marqué de façon indélébile la jeune histoire de la concession. Marco Di Vaio a été la première grande vedette à porter le bleu-blanc-noir, connaissant une saison de 20 buts qui lui a valu une nomination au titre de joueur par excellence de la MLS en 2013. Depuis trois ans, Ignacio Piatti lui a succédé dignement et s’est imposé comme l’un des plus dangereux joueurs offensifs du circuit. Il y a aussi eu Didier Drogba qui, malgré les controverses épisodiques, s’est avéré une terrifiante arme sur le terrain doublé d’un coup fumant de marketing.

Seule la première embauche d’Hernan Bernardello, en 2013, n’a pas donné les résultats escomptés. Au baseball, on parlerait d’une excellente moyenne au bâton.

« On a été très chanceux, se réjouissait le président de l’Impact, Joey Saputo, jeudi. On a fait nos devoirs chaque fois qu’est apparue la possibilité d’ajouter un joueur désigné. Ceux qui sont passés par ici ont connu beaucoup de succès autant sur le terrain qu’à l’extérieur de celui-ci. C’est important de frapper un coup de circuit chaque fois qu’on se présente à la plaque et je pense que notre fiche indique qu’on s’en est plutôt bien tiré jusqu’à présent. »

Si le nom de Dzemaili n’a pas la même portée que celui d’un Drogba, d’un David Villa ou d’un Bastian Schweinsteiger, son profil laisse suggérer qu’il rendra rapidement de fiers services à sa nouvelle formation. Même s’il possède un impressionnant bagage international, le milieu de terrain de 31 ans semble être arrivé avec humilité et ouverture d’esprit. Rien ne laisse présager que son égo interfèrera éventuellement avec les objectifs du collectif.

« Je suis ici pour faire tout ce que le coach me demandera, a-t-il promis en conférence de presse. Je ne suis pas un joueur qui ne connaît qu’une seule façon de jouer. Si je dois défendre, je dois défendre, ce n’est pas un problème, mais il est évident que j’aime avoir le ballon à mes pieds, j’aime jouer. »

La mission première de Dzemaili, qui sort d’une saison au cours de laquelle il a inscrit huit buts en 31 matchs devrait être de dynamiser une attaque trop souvent dépendante de la forme de Piatti. Mauro Biello l’a déjà comparé à Diego Valeri, un savant distributeur chez les Timbers de Portland. Au sein de la sélection suisse, Dzemaili est utilisé depuis un an comme une sorte d’hybride entre le milieu relayeur et le pur milieu offensif.

Il sera intéressant de suivre l’évolution de son rôle dans le onze montréalais. Pour l’instant, dans le 4-2-3-1 privilégié par Biello depuis le début de la saison, Dzemaili risque d’évoluer en « 10 », soit comme milieu axial derrière l’attaquant.

« Je peux occuper toutes les positions au milieu de terrain, ce n’est pas un problème pour moi, a assuré le principal intéressé. C’est drôle parce que j’ai même commencé ma carrière comme latéral droit. J’ai rempli plusieurs rôles dans ma vie et je suis donc à l’aise à occuper une position qui m’est moins familière. »

Il y a une semaine, Biello s’est permis de rêver éveillé en disant croire que « l’effet Dzemaili » pourrait s’apparenter au spectaculaire électrochoc produit par l’arrivée de l’Uruguayen Nicolàs Lodeiro à Seattle la saison dernière. Plus prudent, Joey Saputo a préféré voir Blerim Dzemaili comme un investissement à long terme.

« On a un plan selon lequel on aimerait gagner une Coupe MLS d’ici cinq ans. Pour moi, [Dzemaili] est un morceau qu’on veut ajouter pour atteindre cet objectif. »

D’autres renforts cet été?

L’Impact, comme les 21 autres formations de la MLS, est maintenant tenu au statu quo depuis lundi, date de fermeture de la fenêtre de transferts printanière. Les prochains renforts ne pourront arriver avant le 10 juillet, alors que s’ouvrira une période de transactions d’un mois.

L’an dernier, l’Impact avait profité de sa séance de magasinage de mi-saison pour attirer l’attaquant Matteo Mancosu dans ses filets. L’Italien s’était éventuellement avéré une pièce maîtresse des succès imprévus de l’équipe en séries éliminatoires. L’équipe s’était aussi départie de Cameron Porter dans une transaction avec Sporting K.C. qui lui avait rapporté le jeune défenseur Amadou Dia.

Si l’intention est de frapper un autre grand coup cette année, les dirigeants de l’Impact se gardent bien de s’en vanter. Jeudi, le directeur technique Adam Braz a contourné toutes les questions à ce sujet.

« Maintenant que la fenêtre de transferts est fermée, toute notre attention est dirigée vers le match de samedi. C’est évident qu’on gardera l’œil ouvert en vue de l’ouverture du marché estival. On ne cesse jamais d’évaluer les options qui peuvent nous permettre de nous améliorer. Je suis content de notre effectif et on va continuer à travailler fort pour progresser. »