MONTRÉAL – Pendant un quart d’heure, samedi, l’Impact a véritablement joué comme une équipe qui règne avec autorité sur le classement de son association.

Par la suite, il a eu l’air d’un groupe qui est incapable d’acheter trois points depuis trois semaines, ce qui est précisément ce qu’il est devenu après avoir fait match nul 1-1 contre l’Union de Philadelphie devant la troisième salle comble de la saison au Stade Saputo.

Un plomb dans la lucarne!

« Aujourd’hui, on a bien joué pendant douze minutes, a tranché l’entraîneur Mauro Biello. Après ça, l’autre équipe a bien joué et nous a dominés, à tout le moins au niveau de la possession. Ça c’est sûr. »

Désormais sans victoire à ses cinq derniers matchs, l’Impact (4-3-4) est néanmoins parvenu à conserver sa fragile emprise sur le premier rang du classement de l’Association Est en restant un point devant l’Union (4-3-3). Le Toronto FC aurait pu le doubler en fin de soirée, mais il s'est incliné par la marque de 4-3 devant les Whitecaps de Vancouver. 

Didier Drogba a donné le ton au match en marquant son quatrième but de la saison dès la troisième minute. Mais les nombreuses occasions ratées subséquemment par l’Impact sont éventuellement venues le hanter. À la 24e minute, C.J. Sapong a créé l’égalité avec son cinquième filet de la campagne.

« C’est sûr que quand ça ne rentre pas, tu te dis "fuck!", ce n’est pas aujourd’hui que ça va être facile, a admis Laurent Ciman, qui en perdait son latin après la rencontre. Mais on s’est créé pas mal d’occasions et eux très peu. Ça, c’est bien. »

« Avec le recul, on peut dire qu’on aurait eu besoin de ce deuxième but en début de match, ne pouvait que constater Evan Bush. Ils étaient débordés et à 2-0, ça aurait été pas mal plus difficile de remonter pour eux qui en étaient à leur deuxième match de la semaine. »

Mais Bush a noté qu’en poussant pour doubler son avance, l’Impact a perdu sa forme en milieu de terrain, est devenu imprudent en possession et s’est rendu vulnérable aux contre-attaques adverses.

« Je ne veux pas blâmer les gars d’avoir tenté de pousser la note, surtout à la maison. Mais il faut aussi prendre nos responsabilités en défensive. On a accordé trop de buts dernièrement », déplorait le gardien montréalais.

« Mes attaquants ont bien fait. Didier a été bon, Nacho aussi. Mais à la fin, j’ai besoin de plus avec le ballon, a indiqué Biello. On l’a vu : aussitôt qu’on faisait trois passes de suite, on les déséquilibrait, on avait des chances. Mais si on n’est pas capable de faire ça, ça va être difficile. »

« C’est ça notre qualité : on est une équipe qui peut jouer, qui peut exécuter. Mais il faut le faire, insiste Patrice Bernier. Il faut avoir confiance et donner le ballon au gars même lorsqu’il a un joueur sur le dos. C’est comme ça qu’on va gérer l’espace et le tempo du match. »

Moins pire qu’à Columbus

S’il est vrai qu’une remontée de trois buts comportera toujours un certain cachet, il demeure préférable de ne pas attendre d’être dans la fiente jusqu’au cou avant de se secouer les puces. Cette leçon avait visiblement fait le voyage de retour après l’étourdissant match nul de la semaine précédente à Columbus.

Contre l’Union, l’Impact a connu un premier quart d’heure impérial.

Un revirement fatal

Le ton a été donné dès la troisième minute. Sur un coup de pied de coin vaillamment gagné par Dominic Oduro, Marco Donadel a servi une balle interceptée au premier poteau par Sapong, dont le dégagement s’est toutefois retrouvé aux pieds de Drogba. D’une touche, l’Ivoirien s’est mis en position pour décocher un plomb dans la lucarne, son troisième but en autant de matchs.

L’Impact a gardé le pied sur l’accélérateur. Deux minutes plus tard, Ignacio Piatti a ignoré un appel d’Oduro et s’est avancé du bout des pieds dans la surface, d’où il a laissé partir une frappe d’une quinzaine de mètres qui a fini sa course sur le poteau. Piatti a profité d’une autre ouverture à la neuvième minute, mais n’a pu trouver l’angle pour déjouer le gardien Andre Blake.

L’Union a essuyé la salve et à la 24e minute, un enchaînement de mauvaises couvertures des défenseurs de l’Impact a ouvert la porte à son but égalisateur. Ambroise Oyongo a été incapable d’intercepter le centre de Chris Pontius, qui a trouvé Sébastien Le Toux au deuxième poteau. Le temps que Maxim Tissot et Ciman ne se replie, Sapong avait eu le temps d’enfiler sans opposition son cinquième de la saison.

« Je ne suis pas un défenseur qui, au moindre ballon, va dégager en touche ou en l’air, s’est défendu Ciman. J’ai voulu relancer et malheureusement, la balle est tombée dans les pieds de Tranquillo [Barnetta]. Après j’ai suivi l’action, mais ce n’est pas parce qu’on perd un ballon en milieu de terrain qu’on doit prendre directement un but.  Il faut être capable de fermer la baraque derrière quand on fait une erreur au milieu. »

Les matchs nuls se suivent

« Il faut trouver cet équilibre entre jouer avec patience et urgence, a rappelé Biello. Et quand on veut accélérer le jeu, ça ne veut pas dire qu’on lance tout le monde vers l’attaque et qu’on n’est pas équilibré. C’est un peu ça l’histoire de la première demie. On allait en attaque, mais tout de suite sur la contre-attaque, il y avait des trous en milieu de terrain et ils nous ont mis en difficulté. »

Piatti a failli redonner les devants au Bleu-blanc-noir avant la fin de la première demi-heure, mais sa redirection de la tête à la 28e minute a manqué de précision. Drogba aussi a eu ses chances, mais Blake était de toute évidence motivé par le défi. Le jeune cerbère de 25 ans a réussi deux arrêts spectaculaires aux dépens de l’attaquant étoile avant la fin de la demie.

« C’est le genre de gardien qui aide son entraîneur à bien dormir. […] Non seulement il fait les arrêts qu’il est supposé faire, mais il fait aussi les gros arrêts qui permettent à une équipe d’amasser des points », a complimenté le pilote de l’Union, Jim Curtin, au terme du match.

Drogba a reçu des soins à la cuisse droite en début de deuxième demie et avec un attaquant vedette claudiquant, l’Impact s’est mis à boiter lui aussi. L’Union a généralement dominé la deuxième portion finale au niveau de la possession.

« Ce n’est pas une équipe qui a eu beaucoup d’occasions et que Bush a eu beaucoup à faire, mais quand même, elle avait le ballon et c’est pour ça que je ne suis pas content », a conclu Biello.