MONTRÉAL – L’Impact a remporté cinq de ses sept derniers matchs et pourtant, c’est avec le dos courbé sous le poids d’une tendance lourde que la formation montréalaise amorce une importante semaine qui le verra affronter deux rivaux de section.  

C’est que le Bleu-blanc-noir montre deux visages distincts depuis un peu plus d’un mois. À domicile, il est imposant, intimidant, dominant. Son impressionnante victoire contre Orlando City SC il y a deux jours a prolongé à quatre matchs sa séquence fructueuse au  Stade Saputo, période au cours de laquelle il a à peine été inquiété. Mais au risque de jouer les rabat-joie, ses performances sur la route continuent d’être d’un contraste abasourdissant. Montréal n’a marqué que trois buts en six matchs cette saison à l’étranger, contre 13 en autant de sorties à domicile.

La lumière qui était apparue au bout du tunnel après l’encourageante performance positive exécutée à Columbus s’est éteinte une semaine plus tard sur le terrain du Yankee Stadium. Même si le portrait global demeure très encourageant – l’Impact occupe le troisième rang du classement de l’Association Est dans la colonne des points glanés par partie – des doutes subsistent que seules des actions concrètes pourront finir par effacer.  

Et tant que le problème ne sera pas réglé, des questions comme celles qui sont revenues après le léger entraînement de lundi referont surface avant chaque voyage, comme celui qui mènera bientôt l’Impact à Toronto et Philadelphie.

 « Des fois, on va à l’extérieur et peut-être qu’on est un peu craintifs, s’est permis de lancer comme hypothèse le capitaine Patrice Bernier. À domicile, c’est complètement l’inverse. On n’a peur de rien. C’est sûr qu’il y a les partisans qui sont derrière nous, mais si on s’en va à l’extérieur avec la même attitude, on va ressortir beaucoup plus souvent du bon côté que du mauvais. Il faut juste garder cet état d’esprit et ne pas avoir peur. »

« Au soccer, la logique veut que prendre un point à l’étranger, c’est en voler deux à l’adversaire. Mais parfois, c’est une approche qui te fait basculer et perdre ce point, a plus tard ajouté Bernier pour préciser le fond de sa pensée. Il faudrait vraiment y aller pour les trois points et à la fin, si on sort de là avec un seul, on pourra se dire que c’est un résultat positif. »

Ambroise Oyongo, qui a disputé samedi son quatrième match depuis son arrivée avec l’Impact, croit qu’il est trop facile d’imputer la rareté des résultats sur la route à la seule absence du douzième homme.  

« Personnellement, je trouve que lorsqu’on joue à l’extérieur, c’est seulement le public qui est différent, simplifie le défenseur camerounais. Ils sont à la maison, le public est derrière, mais par contre sur le terrain, c’est 11 devant 11. C’est à nous de démontrer que nous sommes les meilleurs et que nous pouvons jouer du bon football. Il n’y a pas de mal à aller défendre, mais il faut défendre dans le bon sens pour pouvoir aussi attaquer et marquer. »

Comme Bernier, l’entraîneur Frank Klopas croit que son équipe doit apprendre à transporter sa mentalité gagnante sur la route. Mais comment y arriver? Le coach semble toujours chercher les solutions.

« J’ai beau réfléchir et essayer de mettre le doigt sur le bobo, je ne peux pas le trouver. Les entraînements sont bons, le niveau d’engagement des joueurs est bon. J’ignore s’il y a des facteurs dont nous ne sommes pas au courant », a laissé tomber Klopas, peut-être irrité par la redondance du refrain.  

« Il faut trouver de la constance sur la route »

« On étudie chaque situation, on se penche sur les entraînements qu’on leur donne durant la semaine, on essaie de penser à tous les petits détails, mais parfois, c’est simplement hors de notre contrôle », a-t-il ajouté.  

Bernier a parlé

La confidence est venue de Maxim Tissot. Après la gênante raclée encaissée à Chicago à la fin mai, Patrice Bernier a tenu à prendre la parole au retour du groupe à Montréal. Le vétéran  n’était pas intéressé à revivre les déboires répétés de l’année précédente et a senti qu’une mise au point s’imposait.

« On peut se plaindre de tout ce qui est tactique, mais à la fin, c’est notre attitude sur le terrain qui compte. C’est nous qui sommes sur le terrain et la différence, c’est nous qui pouvons la faire. Si on va sur le terrain et qu’on se donne à 100%, qu’on n’a rien à se reprocher, qu’on gagne ou qu’on perde, on peut dire qu’on a tout donné », a résumé le numéro 8.

« Quand tu te donnes à 100 milles à l’heure, personne ne peut te l’enlever et je pense que c’est ce que les gens respectent, a poursuivi le Brossardois On veut toujours gagner. Parfois on perd, mais si la manière est là, sans dire que c’est plus acceptable, tu sais que la victoire va venir plus tard. On l’a démontré dans les derniers matchs. »

De toute évidence, les propos de Bernier ont touché la cible. L’Impact a remporté trois de ses quatre matchs depuis qu’il a livré son plaidoyer.

« Il y a beaucoup de talent dans notre équipe et si on joue à la hauteur de notre talent, on met tous les arguments de notre côté pour aller chercher des victoires », clame le milieu de terrain d’expérience.

Tissot passe du côté des méchants

Maxim Tissot commence à avoir l’habitude des voyages à Toronto. Pas plus tard que la semaine dernière, il se trouvait dans la Ville Reine pour y défendre les couleurs du Canada dans un duel faisant partie du processus de qualification en vue de la prochaine Coupe du Monde. Pour l’occasion, la sélection nationale a établi ses pénates dans le vestiaire principal du BMO Field, une expérience qui a quelque peu ramolli les principes du représentant de l’Impact.

« Je ne pensais pas que Toronto FC allait nous laisser son vestiaire. J’ai trouvé ça très bizarre! », rigolait le Québécois.

« La profondeur fait la différence »

« À l’entraînement, la veille du match, je n’arrêtais pas de me dire à quel point c’était étrange d’être là. Mais bon, c’est vraiment là le repère de l’équipe canadienne, donc je les haïs un peu moins pour ça. Ça reste quand même notre ennemi juré! »

Toronto FC devance l’Impact par deux points au classement dans l’Est. En fin de semaine dernière, il a subi une première défaite en quatre matchs en s’inclinant 2-0 devant New York City FC. C’était seulement la deuxième fois de la saison que la troupe de Greg Vanney était blanchie.

Les deux équipes, qui se sont disputées les honneurs d’une série aller-retour dans le cadre du Championnat canadien ce printemps, s’affronteront pour la première fois dans le cadre du calendrier de la MLS. Le match sera disputé sur les ondes de RDS.

« Giovinco est présentement le joueur désigné le plus en vogue dans la Ligue, note Bernier au sujet de l’attaquant italien qui s’impose comme la principale menace offensive du club torontois avec sept buts à sa fiche. C’est difficile de jouer contre lui parce qu’il est petit, son centre de gravité est bas et il percute beaucoup. Il va falloir le surveiller parce qu’il joue entre les lignes et ce n’est pas facile de toujours savoir où il est. Il me fait penser à Kaka ou Higuain, qui sont des électrons libres. C’est toujours difficile de les contrer, mais les neutraliser, ça on peut le faire. Sinon, Jozy Altidore est une présence physique, mais je n’ai pas peur. On a Ciman, Bakary et Wandrille en arrière qui sont très solides. Si on est calmes, bon avec le ballon et efficace devant le but, on devrait s’en sortir correctement. »

Klopas a laissé entendre qu’il n’envisageait pas modifier la formation qu’il a envoyée sur le terrain en fin de semaine contre Orlando, réservant plutôt ses modifications pour le troisième match en sept jours que son équipe disputera samedi prochain.

L’entraîneur a toutefois indiqué qu’il ne voyait pas la nécessité de donner une journée de congé au gardien Evan Bush. Son auxiliaire Eric Kronberg n’a disputé que trois des 20 matchs de l’équipe jusqu’à maintenant.

« Présentement, Bush fait très bien. Je pense qu’à cette position, tout est une question de continuité et de confiance. Eric fait bien à l’entraînement et on tente de lui donner des matchs avec l’équipe en USL quand c’est possible. Mais il jouera en Championnat canadien, alors quand le moment approchera, on verra à lui donner un peu d’action. »