MONTRÉAL – Eduardo Sebrango fut pendant de nombreuses années l’un des visages de l’Impact, cumulant 51 buts en 156 matchs répartis sur huit saisons.

Lorsqu’il a pris sa retraite définitive du sport à l’automne 2012, après avoir pris part à la saison inaugurale du club en MLS, l’attaquant s’attendait à recevoir une offre pour rester associé, d’une quelconque façon, à l’équipe qu’il avait servie sur le terrain pendant près d’une décennie. Mais l’offre n’était jamais venue.

« J’avais été déçu, admet-il. L’année qui avait suivi avait été difficile, mais j’ai fini par passer à autre chose et tranquillement, j’ai commencé à travailler pour bâtir mon profil d’entraîneur. Parfois, les choses ne fonctionnent pas comme on l’aurait voulu, mais j’ai toujours eu l’impression qu’un jour, je serais de retour. »

Trois ans plus tard, Sebrango peut affirmer que son intuition ne l’avait pas trompé. Lundi, l’Impact a annoncé qu’il avait rapatrié son ancienne vedette en lui confiant le poste d’entraîneur de son programme U14 qui était vacant depuis le départ controversé de Mathieu Rufié en juillet.

« C’est sorti d’un peu nulle part. J’ai reçu un appel d’Adam Braz qui m’a parlé de l’ouverture au sein de l’organisation avant de sonder mon intérêt. J’ai ensuite rencontré Philippe [Eullaffroy, le directeur de l’Académie] et tout s’est déroulé très rapidement. J’imagine que je m’en suis bien tiré lors des entrevues! »

Difficile, effectivement, de prétendre que Sebrango n’a pas la tête de l’emploi. Après avoir accroché ses crampons, le Cubain d’origine a décidé d’établir sa famille au Québec – il habite aujourd’hui Repentigny – et de s’impliquer dans l’enseignement du soccer. Un court séjour au sein de la Première Ligue de soccer du Québec (PLSQ) a été chevauché par des emplois pour le compte d’académies privées qui lui ont permis de s’initier à l’éducation de jeunes adolescents.

Et puis Sebrango, même s’il a joué pour les rivaux de Rochester et Vancouver, a toujours eu le logo de l’Impact tatoué sur le cœur. Quand on connaît l’importance du sentiment d’appartenance dans la philosophie du club, son retour dans la famille n’a rien de surprenant.

« On peut dire que je me suis rapproché de l’équipe quand Mauro [Biello] en a pris les rênes parce qu’il avait été mon coéquipier. Ceux qui l’ont précédé venaient de l’extérieur, alors je n’avais aucun lien avec eux. Quand Mauro est arrivé aux commandes, j’ai reconnecté avec le club. »

Un nouveau départ

De retour au bercail, Sebrango se retrouve dans une situation où chaque minute compte. Même si l’association avec son nouvel employeur est tout à fait naturelle, il demeure largement étranger à la nouvelle structure du système de formation de l’Impact. À la Caserne Letourneux, plusieurs visages lui sont inconnus. Il doit donc recommencer à zéro, ou presque.

« On pratique de 13 h 30 à 15 h, mais pour l’instant, c’est l’entraîneur des U13, Serge [Dinkota], qui dirige les séances et moi, j’agis plus comme assistant, explique l’apprenti de 43 ans. Je passe énormément de temps avec lui pour arriver à être sur la même longueur d’onde. J’observe comment les choses fonctionnent. Ensuite on retourne dans les bureaux et c’est de l’organisation, de la planification. Pendant les prochaines semaines, je passerai le plus clair de mon temps à tenter de m’élever au même niveau que les autres, alors j’essaie de maximiser tout le temps qui est mis à ma disposition pour emmagasiner le plus d’information possible. Quand on est sur le terrain, c’est là que je relaxe! »

« Ce n’est pas facile. C’est en quelque sorte un nouveau départ pour moi et c’est vrai que c’est un peu stressant, mais je vais faire de mon mieux pour apprendre le plus vite possible », ajoute-t-il.

On dit que les grands joueurs ne font pas nécessairement de bons entraîneurs, mais « Eddie » n’a jamais surfé sur son talent. C’est son éthique de travail qui lui a permis de connaître une carrière de joueur aussi fructueuse est c’est ce qu’il tentera d’inculquer à ses jeunes élèves.

« Je suis un entraîneur passionné, je prends le soccer très au sérieux, mais j’ai aussi appris que la passion ne suffit pas. Il faut être préparé, organisé et savoir trouver des solutions pour ses joueurs. C’est l’essence même du travail d’un coach : trouver la clé pour faire en sorte que chacun de ses joueurs connaisse du succès. »

« Quand je repense à ma carrière, je me rends compte que les entraîneurs qui m’ont le plus marqué sont ceux qui ont été capables d’établir une connexion avec moi. Parfois, ils pouvaient être de bons amis, d’autres fois ils pouvaient être très durs. C’est le genre d’entraîneur que je veux être. Je veux que les jeunes comprennent que c’est moi qui mène, mais en même temps qu’ils sachent que je suis là pour les aider. »

La première étape?

Sebrango a disputé sept matchs en MLS avant de franchir la porte de sortie, convaincu qu’il avait encore de bons matchs dans les jambes pour produire au niveau supérieur. Aujourd’hui, on ne pourrait lui en vouloir de voir son nouvel emploi comme le tremplin qui pourrait le propulser de nouveau vers les ligues majeures, mais il assure qu’il est pleinement concentré sur le moment présent.

« Je ne veux pas dire que je ne pense pas à un retour éventuel avec la première équipe, mais je me sens très à l’aise à travailler avec les plus jeunes. Depuis trois ans, j’ai appris que je pouvais faire une différence dans leur vie et que j’étais plutôt doué pour établir une belle relation avec eux. Pour moi, c’est très valorisant. Il y a aussi le fait que j’ai joué pro, je sais à quel point cette vie peut être dure sur un entraîneur! En ce moment, je ne pourrais être plus heureux d’être où je suis et je sens que je suis à ma place. »

Et si jamais Biello a besoin d’un attaquant, son ancien coéquipier veut qu’il sache que ses crampons ne sont jamais bien loin.

« On s’est vu à quelques reprises et il m’a dit que j’avais encore l’air en assez bonne forme pour jouer. S’il me donne trois mois d’avis, je crois que je pourrais être prêt! »