MONTRÉAL – L’Impact amorçait lundi sa préparation pour le deuxième match éliminatoire de son histoire en MLS.

Sur papier, les règles du jeu sont les mêmes que celles avec lesquelles le onze montréalais avait dû composer à sa première présence en séries il y a deux ans. Une victoire le propulserait en demi-finale d’association. Une défaite signifierait la fin de tous les espoirs.

Sur le terrain, par contre, il n’y a aucune comparaison possible.  

En 2013, l’Impact était entré en séries à reculons. L’équipe alors dirigée par Marco Schällibaum avait terminé sa saison régulière sur quatre défaites en cinq parties et s’était qualifiée pour la course à la Coupe MLS en dépit d’un revers que lui avait infligé Toronto FC lors du dernier week-end du calendrier. Il avait fallu que les Red Bulls de New York battent le Fire de Chicago pour que la porte arrière menant au cinquième rang dans l’Est s’ouvre devant Montréal.

« Ce n’était pas évident, s’est remémoré Patrice Bernier. Je pense que pendant les 25 premières semaines de la saison, on était sur un nuage parce qu’on était au premier rang. On s’était peut-être dit qu’on était dans les séries sans l’être vraiment. On est arrivé en fin de saison avec des doutes. Tout le monde pensait que Marco Di Vaio serait notre sauveur. Collectivement, on a poussé, mais on avait une anxiété dont on n’a jamais su se débarrasser. »  

Bernier fait partie d’une poignée de joueurs qui ont vécu la débâcle qui a suivi. En voyage à Houston pour y affronter le Dynamo dans un match de barrage, l’Impact n’avait jamais été dans le coup. Il avait concédé deux buts dès la première demie heure et l’avait complètement échappé en fin de match, perdant trois joueurs sur expulsion avant le coup de sifflet final.

Deux ans plus tard, le contexte est complètement différent. Transformé par l’arrivée d’un joueur qui peut faire la différence à lui seul et revigoré par un changement à la tête de l’équipe, le onze montréalais vient de terminer une première boucle à pleine vapeur et quitte le port poussé par un vent favorable.

« La dernière fois qu’on est entré en séries, l’état d’esprit n’était pas aussi confiant qu’il l’est en ce moment, résume Bernier. On a une fiche de 7-2-2 à nos onze derniers matchs. On a deux victoires de suite à l’extérieur, trois victoires d’affilée. Ça fait du bien d’entrer dans les playoffs en sachant qu’on peut répondre autant à l’extérieur que chez soi. »

 « C’est sûr qu’on est dans une dynamique beaucoup plus positive, acquiesce Hassoun Camara. On est même aux antipodes de ce qui s’est passé il y a deux ans. On a une bonne dynamique, des victoires qui s’enchaînent, de la confiance. Même quand on vit des moments délicats, on arrive à trouver les solutions pour gagner. »

L’œil sur le trophée

Cette confiance qui anime le Bleu-blanc-noir à l’aube de son deuxième tournoi automnal est tangible. L’équipe qui croupissait au dixième et dernier rang du classement de l’Association Est en début de saison est morte et enterrée. Celle qui a clôturé l’année au troisième échelon s’attaque au défi le torse bombé, sans complexe apparent.

Les athlètes professionnels clament constamment qu’ils refusent de se projeter trop loin dans l’avenir, préférant aborder les choses « un match à la fois ». Mais le cliché ne fait pas partie du discours des joueurs montréalais en cette période de transition vers la « vraie » saison. On parle d’objectifs beaucoup plus ambitieux sans gêne et sans tabou.

Personne ne le cache : l’Impact rêve d’aller au championnat.    

« Il ne faut pas avoir peur, somme Camara. Quand on est dans une compétition, que ce soit sur le terrain ou dans un jeu de cartes entre amis, on a envie de gagner. Pour moi, c’est humain. La coupe est là, on sait à quoi elle ressemble. Ce n’est pas trop ambitieux ou être arrogant de dire qu’on veut la gagner. Je sais que les gars sont motivés par ça. »

« Le côté romantique de l’Amérique du Nord, c’est que lorsque tu arrives dans les séries, tout le monde peut croire à l’objectif de se rendre jusqu’au bout. Comme on a quand même bien fait en Ligue des champions, on a démontré que si on est en bonne forme, on est capable de déranger tout le monde. Alors c’est sûr que notre pensée, ce n’est pas seulement de dire qu’il n’y a qu’un match. On veut jouer les six qui suivent. »

« Ce sera très difficile! »

Mais il faut éviter de mettre la charrue devant les bœufs, prévient du même souffle le capitaine. La première étape à franchir vient avec une marge d’erreur inexistante. Un excès d’optimisme ou un moment de flottement inopportun, aussi bref soit-il, pourrait avoir des conséquences irréversibles. D’où l’importance d’être à l’heure pour le coup d’envoi jeudi soir alors que Toronto cherchera à prendre sa revanche.

« On perd et c’est fini. Je crois que ça devrait suffire à inspirer tout le monde! Mais je suis sûr qu’on aura quelques mots là-dessus avant que le match commence », disait Nigel Reo-Coker immédiatement après la victoire de dimanche.

« Il n’y aura pas de lendemain, comme en Ligue des champions. Il faut être fort mentalement et éviter de commencer le match comme on l’a fait hier, ajoutait Bernier au retour à l’entraînement.On a été un peu précieux, on marchait sur des œufs. Il faut juste commencer en confiance, comme la deuxième mi-temps, et se dire qu’on n’a rien à perdre. »

« Il faut aussi respecter le fait qu’il y a une équipe – une bonne équipe – en face de nous, atténuait Camara. C’est normal de vivre des moments difficiles dans un match. Hier, il s’est avéré que c’est en première demie que c’est arrivé, mais voilà, c’est à la fin du bal qu’on paie les musiciens! »

Biello bénéficie de trois jours pour accorder ses instruments de façon à jouer tous les bons accords lors du retour du TFC à Montréal. Lundi, les joueurs qui avaient été insérés dans le onze partant la veille sont restés à l’intérieur pour recevoir des traitements tandis que les réservistes ont foulé le terrain d’entraînement pendant un peu plus d’une heure.

« Il y aura une grande partie de la semaine consacrée à la récupération et un autre à l’analyse et à la préparation. On joue contre une excellente équipe qui a des éléments, comme on l’a vu hier, qui peut nous causer des problèmes », estime Biello.

En cas de victoire, l’Impact reprendrait l’action dès dimanche, toujours à domicile, pour le premier match d’une série aller-retour contre le Crew de Columbus.