MONTRÉAL – Rémi Garde a répété à maintes reprises qu’il ne souhaitait pas revenir sur les défaillances qui avaient causé la perte de ses prédécesseurs à la barre de l’Impact, préférant se préparer « avec beaucoup d’humilité » aux défis inhérents à son arrivée dans un nouveau championnat.

 

Mais ce n’est pas parce qu’on ne veut pas vivre dans le passé qu’il faille nécessairement le rayer complètement de sa mémoire.

 

L’Impact a échappé un nombre aberrant de points dans les dernières minutes d’un match la saison dernière. L’ouverture locale, au Stade olympique, contre Seattle. Le match nul du mois d’avril à Chicago ou encore celui du mois de juin à Orlando. Le coup de poignard au cœur asséné par le Minnesota en pleine course aux séries.

 

La liste est aussi longue que l’énumération des noms qui ont fini par payer le prix pour ce pénible décompte. Le problème était si grand qu’il a été cité par le président Joey Saputo lors de la conférence de presse au cours de laquelle a été annoncé le congédiement de l’entraîneur-chef Mauro Biello.

 

Parmi les théories soulevées pour expliquer ces errements répétés, l’une des plus populaires veut que l’équipe n’ait pas été adéquatement préparée pour jouer à un niveau optimal pendant un match de 90 minutes et encore moins sur la durée d’une saison de près de 40 matchs. On sait maintenant que cette hypothèse, pas très flatteuse envers le précédent staff, avait ses supporteurs dans le vestiaire.  

 

« 100%, oui », a répondu sans hésitation le défenseur Daniel Lovitz, jeudi, lorsqu’on lui a demandé si la faible condition physique du collectif expliquait ses déboires au crépuscule des parties en 2017.

 

« Les faits sont éloquents, a développé Lovitz. Quand on regarde le contexte dans lequel on a accordé tous ces buts, il n’y a pas de "si" ou de "mais" qui tiennent quant aux raisons qui l’expliquent. Ça venait d’un manque de concentration et c’est bien connu qu’une fois que le corps vous lâche, la tête suit peu de temps après. »

 

Dans l’optique de remédier à la situation, Garde et ses adjoints ont axé la première phase du camp d’entraînement sur le travail en endurance. Sous le soleil de Miami, les joueurs de l’Impact ont goûté à la médecine du nouveau préparateur physique Robert Duverne.

 

« Vous apprenez à me connaître, je n’ai pas du tout envie de juger ce qui s’est passé avant. Chacun à ses méthodes et moi j’ai les miennes, met au clair Rémi Garde. Je n’ai pas réagi, en fait, j’ai agi de la manière avec laquelle j’ai l’habitude de travailler. On a mis en place des choses qui ont assez bien fonctionné jusqu’à présent, en tout cas qui ont permis aux joueurs de les amener à durer dans la saison et à durer dans les matchs aussi. C’était aussi l’objectif d’essayer de prendre le contrepied de tous ces points perdus en fin de match l’année dernière. »

 

Des joueurs volontaires

 

Evan Bush, dont la réputation de véritable rat de gymnase n’est plus à faire, est convaincu que les joueurs de l’Impact cueilleront éventuellement les fruits provenant des plants arrosés à la sueur de leur front.

 

« Très très bonne attitude des joueurs »

« Pousser pour compléter les deux derniers kilomètres d’une course qui en compte dix, c’est bien sûr exigeant au niveau physique, mais c’est autant sinon plus une affaire mentale, expose le gardien. Alors quand on arrivera à la 80e ou à la 85e minute cette saison et que les choses seront un peu plus pénibles, peut-être que nos idées seront un peu plus claires et que nos fins de matchs seront plus propres parce qu’on aura appris à souffrir très tôt dans l’année. »

 

« C’était excellent, je crois que tout le monde a apprécié, dit Lovitz sans aucune ironie. L’environnement de travail était très compétitif, tout le monde se poussait au maximum et, ce faisant, poussait ceux qui l’entouraient. C’était beau à voir, beau d’en faire partie, et je suis persuadé que c’était un bon indicateur de ce qu’on sera en mesure d’accomplir. »

 

Faisant écho aux commentaires de Lovitz, Garde a noté qu’il avait vu dans la torture à laquelle ses joueurs avaient été soumis une belle manière d’atteindre le deuxième objectif avoué de cette première semaine de préparation, c’est-à-dire de souder un groupe nouvellement formé.

 

« Je n’ai pas aimé les voir souffrir, ce n’est pas le but, mais j’ai aimé voir leur réaction dans la souffrance. J’ai vu beaucoup de solidarité. C’est vraiment un de mes crédos : pour solidifier le groupe, il ne faut pas d’abord vouloir recevoir, il faut d’abord donner. C’est comme dans la vie. »

 

Le potentiel de surprendre

 

La saison dernière, l’Impact avait connu une lente sortie des blocs. Forcé de jouer quatre de ses cinq premières parties sur la route, il avait dû attendre son sixième match avant de célébrer sa première victoire.

 

Cette année, le calendrier de la MLS ne fait pas plus de cadeau à la formation montréalaise. Avant de jouer son premier match au Stade Saputo, le bleu-blanc-noir en disputera cinq sur six sur les terrains adverses. Il visitera notamment les derniers finalistes de la Coupe MLS, les Sounders de Seattle, et son seul match au Stade olympique l’opposera au Toronto FC, champion en titre de la dernière campagne.

 

Le défi est énorme, surtout pour une équipe qui est encore à la recherche de pièces manquantes pour compléter son onze partant, mais après une semaine de durs labeurs, l’optimisme règne déjà.

 

« On est conscients que la première tranche du calendrier n’est pas nécessairement la plus facile, affirme Lovitz. On devra visiter des endroits inhospitaliers et on risque de traverser une zone de turbulences. D’où l’importance des prochaines semaines : les bénéfices seront concrets si on se met à l’ouvrage et qu’on fait tous ce qu’on a à faire. »

 

« On a travaillé extrêmement fort jusqu’à maintenant. On a été partis huit jours, mais j’ai l’impression que ça a duré trois semaines. Et je ne dis pas ça parce que je partageais ma chambre avec Oduro! », a rigolé Bush avant de reprendre son sérieux.

« Je crois qu’on est sur la bonne voie. Si on peut conserver la même éthique de travail et la même mentalité pendant les quatre ou cinq prochaines semaines, je crois qu’on a le potentiel de surprendre bien des gens par la vitesse avec laquelle on saura partir la machine. »