MONTRÉAL – Ballou Jean-Yves Tabla se retrouve devant un déchirant dilemme. Courtisé par le nouveau sélectionneur de l’équipe canadienne Octavio Zambrano, le jeune joyau de l’Impact doit décider à quel pays il prêtera allégeance pour la suite de sa carrière internationale.

Jadis convoqué par le Canada chez les moins de 17 ans et les moins de 20 ans, Tabla doit maintenant choisir la direction à prendre chez les seniors. Né en Côte d’Ivoire, mais élevé et formé à Montréal, l’athlète de 18 ans a toujours l’option de représenter son pays natal où sa nation d’adoption en vertu de sa double citoyenneté.

Le Canada, qui croupit au 109e rang mondial et qui est désespérément en quête de stabilité, est prêt à lui dérouler le tapis rouge. La Côte d’Ivoire est classée 48e par la FIFA et risque de ne pas ouvrir ses portes si facilement à son fils exilé. 

La décision de Tabla est aussi difficile qu’importante puisqu’elle est irréversible. Une fois qu’il l’aura prise, il ne pourra revenir en arrière. 

Embauché à la mi-mars, Zambrano était à Montréal en fin de semaine pour voir à l’œuvre et rencontrer les joueurs de l’Impact qui sont dans sa mire, mais aussi les personnes qui les côtoient au quotidien.

« Déjà, je trouve ça bien parce que dans le passé, jamais l’entraîneur [de l’équipe canadienne] n’est venu voir un de nos matchs, a noté Biello. Mais il y avait toujours des conversations téléphoniques, et c’est normal. Il veut obtenir notre feeling et nous, on veut entretenir cette relation parce qu’on pense que c’est important. On veut que notre équipe nationale joue bien et qu’un jour elle se qualifie pour la Coupe du monde. On a un travail à faire dans cette optique. »

On sait que le nouveau coach est impressionné par Patrice Bernier, qui semble avoir trouvé la fontaine de Jouvence depuis le début de la dernière saison de sa carrière. Anthony Jackson-Hamel n’a probablement pas nui à sa candidature en marquant sur un beau geste technique pour donner la victoire aux siens.

Mais Zambrano ne l’a pas caché : convaincre Ballou de se joindre au projet canadien – celui de se qualifier pour la Coupe du monde de 2022 et d’être l’un des pays hôtes de la compétition en 2026 – est l’une de ses priorités. Le jeune courtisé dit avoir rencontré le prospecteur dimanche au lendemain d’une courte – 28 minutes en relève à Calum Mallace – mais impressionnante sortie face au Atlanta United FC.

« Il m’a fait un bon discours. Je suis en train de réfléchir avec mes agents et ma famille », a révélé timidement le jeune homme lors d’une mêlée de presse après l’entraînement de l’Impact mardi.

Ballou semble prendre en considération une multitude d’opinions et celle des membres de sa famille, visiblement, pèse lourd dans la balance.

« C’est le fait que ma famille tient beaucoup à ça, que je représente le pays. J’ai des frères aussi qui tiennent à ça et pour moi, c’est vraiment important. Donc c’est une grosse décision à prendre. [...] Ce n’est vraiment pas facile, mais c’est ça qui est ça. Il va bien falloir que je prenne une décision, alors il y aura une décision. »

« C’est important qu’il se sente bien, qu’il n’ait pas l’impression d’être forcé de faire quelque chose. Ça, c’est la dernière chose qu’on souhaite, a déclaré Mauro Biello. C’est une décision avec laquelle il devra vivre pendant des années, alors il doit bien réfléchir, mettre toutes les données sur la table et peser le pour et le contre. »

Le Canada disputera le 13 juin, au Stade Saputo, un match amical contre Curaçao. Ballou dit n’avoir « aucune idée » quant à ses chances de porter le rouge cette journée-là et assure que la sélection ne lui fait ressentir aucune pression de donner une réponse avant cette date. Ce qui ne veut pas dire qu’il a l’intention d’éterniser sa réflexion.

« C’est mieux de donner une réponse que de faire attendre pour rien. [Zambrano] m’a dit de prendre mon temps vu qu’il y a une date limite pour l’effectif, donc c’est ce que je fais. Je discute avec mes proches et je vais donner ma réponse. »

Qu’il décide d’écouter son cœur ou sa raison, Ballou sait que sa décision ne fera pas l’unanimité, mais il promet de l’assumer jusqu’au bout.

« Ça, ce n’est pas un problème! Dès que j’ai pris une décision, j’ai pris une décision. S’il y a des gens qui ne sont pas contents, moi tant que je suis avec mon club et la fédération qui me tient à cœur, je suis content. »

« Il prendra une décision quand il se sentira à l’aise de le faire, tempère Biello. Nous, on peut l’aider, on peut le guider, c’est sûr, c’est notre travail. Mais à la fin, ça sera sa décision. »