MONTRÉAL – Avec 25 minutes à faire au match de dimanche contre Toronto FC, Mauro Biello a effectué deux changements coup sur coup avec l’intention de favoriser le réveil offensif de ses troupes.

À la 66e minute, l’entraîneur-chef de l’Impact a donné un maillot à Andrés Romero et lui a demandé d’aller remplacer Patrice Bernier. À la 70e, Dominic Oduro est allé l’y rejoindre en remplacement de Michael Salazar.

Ces quatre petites minutes qui ont séparé la convocation des deux vétérans sont peut-être complètement insignifiantes. Mais pourraient-elles être vues comme le présage d’une transition imminente dans la hiérarchie des milieux de terrains offensifs de l’équipe?

À écouter Mauro Biello après l’entraînement des siens, mardi, des minutes importantes sont dans l’avenir de Romero. L’Argentin de 27 ans a maintenant effectué de courtes apparitions dans un rôle de substitut dans les deux derniers matchs de l’équipe et tout semble indiquer qu’il obtiendra bientôt un premier départ cette saison.

« C’était le plan, dans ces deux matchs, de lui donner 20 à 30 minutes à se mettre dans les jambes, a expliqué Biello. Maintenant, la prochaine étape, c’est de compter sur lui comme le joueur important qu’il est. Je pense que ces deux sorties lui ont fait du bien. Ça fait maintenant un mois qu’il s’entraîne à chaque jour alors oui, il devient disponible pour moi. »

La dernière titularisation de Romero remonte au 10 octobre 2015 au Colorado. Au quart d’heure de jeu, il s’était déchiré le ligament croisé antérieur du genou droit. On lui prévoyait à l’époque une période de convalescence d’une durée de six à neuf mois. Il aura finalement retrouvé le XI partant au 23e mois s’il amorce le match de samedi prochain contre Chicago ou le suivant en Nouvelle-Angleterre.

À son retour d’une si longue période d’inactivité, est-il réaliste de croire que Romero puisse faire une différence dans un rôle de titulaire régulier dans les deux derniers mois de la saison?

« Il a certainement les qualités pour être ce morceau sur la droite, statue Biello. Il a le volume, il a la qualité, il a l’intelligence. Comme j’ai dit, c’est une question de conditionnement physique, mais si je peux l’amener et le pousser pour avoir ce rythme, il va aider cette équipe. On l’a toujours su; c’est pour ça qu’on tenait nos cartes pour ne pas aller chercher de joueurs en janvier. C’est un morceau important pour nous. Ça a été plus long que prévu, mais je pense que vous allez voir un joueur de qualité qui peut nous aider. »

Oduro, le grand perdant

L’arrivée de Romero dans le portrait n’est pas une bonne nouvelle pour Oduro. Après avoir vu les jeunes Ballou Tabla et Michael Salazar lui être préférés sur le flanc droit, le Ghanéen voit un autre coéquipier gruger son temps de jeu déjà limité.

Oduro n’a toutefois que lui-même à blâmer pour la situation dans laquelle il se retrouve. Son compteur personnel est bloqué depuis qu’il a marqué son seul but de la saison en mars à New York. Tabla, Salazar et, dans un rôle différent, Anthony Jackson-Hamel affichent tous une production offensive supérieure à la sienne même si aucun d’entre eux n’a encore franchi le cap des 1000 minutes.

Le marchand de vitesse de 32 ans n’a amorcé que trois des huit derniers matchs de l’Impact et rien ne semble indiquer que son temps d’utilisation augmentera dans un avenir rapproché.

« En tant que joueur, je dois respecter tout ce que dit l’entraîneur, a réagi Oduro mardi. Je suis un vétéran dans cette ligue, j’ai tout vu. La décision sur mon temps d’utilisation ne m’appartient pas. Je n’aime pas ça, mais je dois la respecter. Ceci étant dit, je dois démontrer de la maturité quand j’entre dans un match. Même si ce n’est que pour quelques minutes, ma stabilité mentale doit être à point. »

L’Impact a misé gros sur Oduro après ses brillantes performances en 2016, saison au cours de laquelle il a marqué six buts en plus d’atteindre un sommet personnel avec six passes décisives. Son rendement étincelant aux côtés d’Ignacio Piatti et Matteo Mancosu avait permis à l’Impact de faire du bruit dans les séries éliminatoires. Mais cette belle chimie ne s’est jamais matérialisée de nouveau cette année.

« Soyons très honnête : on l’a retrouvée un petit peu, mais ensuite on l’a perdue, admet-il. Avant le match contre Toronto, ça semblait vouloir revenir. Ce n’était peut-être pas comme avant, mais ça avait été pareil l’année dernière. Dans les neuf ou dix derniers matchs, on avait développé une grande complicité parce qu’on savait ce qui était à l’enjeu. Espérons qu’on pourra la retrouver. » 

Ballou dans l’inconnu

Tabla, pour sa part, n’a toujours pas réintégré la formation depuis qu’a éclaté la controverse au sujet de son avenir avec le club. Une blessure à un genou et une infection à la gorge sont les raisons qui ont été utilisées par le club pour justifier son absence, mais il est permis de croire que le jeune homme paie toujours le prix pour avoir brièvement déserté le club début août.

Mardi, Biello y est allé d’une étonnante déclaration au sujet du cadet de son équipe, laissant sous-entendre qu’il n’était toujours pas exclu qu’il quitte Montréal par la fenêtre des transferts européens qui se fermera avec l’arrivée du mois de septembre.

« C’est une semaine importante pour lui afin de réintégrer le groupe et être une option, a dit Biello. On sait qu’il y a eu cette distraction à propos de sa situation. Maintenant, on arrive à la fin d’août et s’il reste ici et si les choses sont finalisées, c’est important pour nous de l’avoir avec la bonne mentalité. »

Sommé de préciser sa pensée, Biello a rappelé que « des offres étaient sur la table » et que « la fenêtre est toujours ouverte au niveau de l’Europe. Quand ça sera fermé, s’il reste ici, il devra être concentré sur ce qu’il doit faire ».