MONTRÉAL – Mauro Biello ne s’est pas emporté devant les journalistes après la mauvaise sortie des siens samedi et il ne l’a pas fait non plus lundi après l’entraînement. Cela dit, l’entraîneur de l’Impact de Montréal était résolument mécontent de la prestation de son club contre le Toronto FC. 

Pour être plus précis, Biello rageait quant au déploiement proposé de sa troupe qui s’est écartée de ses enseignements ayant rapporté des dividendes.

« On s’est éloigné de nos principes dans le dernier match. Il faut y revenir et surtout dans notre animation offensive, ce sera le message au groupe (cette semaine). Quand on contrôle le ballon, je veux des angles et des triangles autour de la possession », a déploré Biello qui gagne plus rapidement en cheveux gris depuis son ascension au poste d’entraîneur-chef.

Heureusement pour lui, Biello n’a pas eu à enfoncer ce clou auprès de ces joueurs puisque ceux-ci ont admis d’emblée qu’ils ont erré contre leur rival naturel.
 

« On n’a pas assez bien joué. Toronto nous attendait de manière repliée, mais toute notre performance était erratique et on le sait. Au moins, on pourra se reprendre et rafraîchir nos esprits dès mercredi », a convenu Dominic Oduro qui était coiffé d’une tuque en raison des caprices de dame Nature.

Contre la bande de Sebastian Giovinco, le onze montréalais a peiné à s’ajuster à un front défensif hermétique si bien que les actions élaborées pour Didier Drogba et Ignacio Piatti n’ont pas pu se concrétiser. Pourtant, le camp torontois avait dévoilé son jeu dans les dernières semaines et la voie logique semblait passer par les ailes pour s’infiltrer dans le territoire défensif du TFC.

Embêté par l’énigme défensive des visiteurs, l’Impact a modifié son schéma 4-2-3-1 vers une disposition en 4-1-4-1 pour favoriser le travail offensif. Cette option ne doit pas être écartée aux yeux du capitaine Patrice Bernier particulièrement lorsque les avenues vers Piatti et Drogba sont bloquées.

« On était passé en 4-1-4-1 à la mi-temps, mais ça n’avait pas donné les résultats rapidement. On avait utilisé plus d’un système avec succès la saison dernière et je crois que ça pourrait être une solution puisque les équipes en savent un peu plus pour nous. Ça pourrait permettre de changer la donne et faire qu’on soit moins concentré sur Nacho et Didier et qu’on puisse revenir à eux par la suite », a souligné le vétéran de 36 ans.

L’un des bénéfices de cette structure serait de pouvoir installer une présence plus accrue dans la surface de réparation de l’adversaire. Personne, et même dans le camp de l’Impact, oserait nier que ce serait préférable. Depuis le lancement de la saison 2016, le onze montréalais s’est rarement incrusté dans la surface de l’opposant avec plus d’un joueur et Bernier serait enchanté que ça change.

« Oui, on a nos deux éléments en Nacho et Didier qui peuvent faire la différence, mais ça nous prend un plan B. Tout le monde va bloquer le milieu pour éviter les espaces vers eux », a témoigné le numéro huit au sujet de ceux qui ont enfilé cinq des dix buts de l’Impact.

« Il ne faut pas juste compter sur Didier dans la surface. C’est bien beau qu’il puisse se démener contre un ou deux joueurs, mais si on a d’autres gars qui viennent l’appuyer, le ballon peut se rendre à eux. Quand on a le ballon dans le dernier tiers, les joueurs doivent avancer et ne pas attendre une petite touche magique. Il faut être plus agressif dans la surface et avoir plus de volonté », a-t-il enchaîné.

Bernier a tenu ce discours avec une vision bien simple en tête.

« Les buts doivent venir de la part d’autres joueurs aussi et pas uniquement des deux qui peuvent faire la différence. Ça ferait grandir l’équipe », a insisté le Québécois.

En raison de ce résultat décevant pour son match d’ouverture au Stade Saputo, l’Impact devra démontrer que le Toronto FC n’a pas dévoilé au public la manière de maîtriser son attaque.

« Ils avaient un plan et il a fonctionné, ça ne veut pas dire qu’ils sont meilleurs que nous. Je ne pense pas que ça ajoute de la pression sur nos épaules », a répliqué Oduro, qui est persuadé que la formule ne peut pas s’appliquer à toutes les formations.

Mais si le travail offensif a été brouillon et peu incisif, le rendement défensif n’a pas été sans reproche. Sans se viser lui-même, Ambroise Oyongo a tenu à soulever ce point.

« On doit corriger notre travail défensif, on s’est trop projeté vers l’attaque, on a oublié qu’il fallait défendre. Sur l’action qui a mené au penalty, il faut penser à défendre debout et encore plus dans la surface parce que c’est plus difficile de récupérer le ballon avec des tacles », a analysé Oyongo qui a été trop facile à effacer de l’équation sur les deux séquences à l’origine des buts torontois.

Giovinco, une préparation pour Villa?

Dans cette foulée défensive, le test échoué contre Giovinco s’annonce, malgré tout, utile. Le onze montréalais risque de profiter de cette confrontation contre ce joueur dangereux à tous les instants car il devra maintenant se frotter à David Villa.

L’Espagnol de grande réputation ne présente pas le même style, mais il représente un défi perpétuel dans une rencontre de 90 minutes.

« Villa, c’est plus un renard de surface, il se fait oublier en s’écartant. Il faut se méfier, il est dans le même registre des joueurs désignés qui peuvent faire la différence », a statué Bernier sur l’auteur de quatre buts en sept matchs.

Tandis que Villa s’est adapté à la MLS de belle manière, la transition nord-américaine demeure plus laborieuse pour le légendaire milieu de terrain italien, Andrea Pirlo. À 36 ans, l’ancien de la Juventus a été limité à cinq passes et aucun but en 19 parties dans le circuit Garber.

La renommée de Pirlo n’est plus à faire, mais les joueurs de l’Impact sont présentement les derniers à se plaindre de sa contribution moins éclatante de l’autre côté de l’Atlantique.

« La MLS, c’est très athlétique et c’est moins un jeu d’échecs comme en Europe. Ici, il y a toujours un joueur dans le dos et pas autant d’espace pour manoeuvrer. C’est un peu plus à l’anglaise ou de style nordique. Je ne vais pas trop m’en soucier, parce que si ça ne va pas si bien pour lui, c’est tant mieux. Ça veut dire qu’il n’est pas tant en confiance et on pourra en profiter », a décrit Bernier, un fervent du jeu espagnol.

Une semaine exigeante pour l'Impact