MONTRÉAL – Maxim Tissot a passé une bonne partie de sa carrière à ne pas trop savoir sur quel pied danser.

Avant de signer son premier contrat professionnel avec l’Impact, en 2012, Tissot cheminait au sein de l’Académie à la position de milieu de terrain, mais était utilisé comme défenseur quand il était rappelé en Ligue réserve de la MLS. En 2013, il a obtenu sa première titularisation avec la première équipe. Il était un défenseur pour ses trois départs cette année-là.

Une transition vers un rôle plus offensif s’est opérée l’année suivante avec l’entrée en fonction d’un nouvel entraîneur-chef. Au cours de la première saison de l’ère Frank Klopas, Tissot a été inséré sept fois sur le XI partant, dont quatre fois au milieu de terrain. L’année suivante, il a amorcé six matchs sur les ailes et un seul comme défenseur latéral gauche. Cette stabilité apparente n’était toutefois qu’un mirage.  

« Avec Frank – et à la fin de l’année dernière avec Mauro – je m’entraînais comme défenseur, mais je jouais comme milieu », rappelle Tissot.

La situation est finalement devenue plus limpide au cours des derniers mois. Lors des rencontres de fin d’année qui ont suivi l’élimination du club aux mains du Crew de Columbus en demi-finale de l’Est, Mauro Biello a signifié à Tissot son intention de le retourner de façon permanente sur la ligne arrière.

Depuis le début du camp d’entraînement, le Gatinois travaille pour gagner son temps d’utilisation à la position qui risque d’être majoritairement occupée cette année par Ambroise Oyongo. Eric Miller, qui a rejoint l’équipe mercredi après un séjour avec l’équipe nationale américaine, voudra également sa part du gâteau.

La lutte s’annonce donc difficile. Si une porte semblait s’être ouverte sur les flancs offensifs avec le départ de Dilly Duka et l’absence d’Andrés Romero, la compétition sur la ligne arrière s’annonce féroce. Mais au moins, pour la première fois de sa carrière professionnelle, Tissot sait exactement ce que ses patrons attendent de lui.

« Ça a mis les choses au clair. Le fait de savoir que je vais m’entraîner à un poste que je vais occuper dans les matchs, c’est toujours bien. Même si Mauro n’a pas écarté la possibilité que je retourne à l’occasion en milieu de terrain, que ce soit lorsqu’on doit protéger une avance ou peu importe, ça va être plus facile de me concentrer sur ma position. »

Tissot avoue qu’il n’a pas toujours été évident de jongler entre deux mandats, mais il croit que la polyvalence qu’il a acquise en combinant les genres depuis trois ans fait de lui un meilleur athlète.

« En jouant au milieu de terrain, j’ai appris à me sortir de petits espaces rapidement. En défense, j’aurai moins de pression et donc plus de temps quand je recevrai le ballon en dédoublant. Donc je pense que ça va aider mon jeu. »

Le Québécois de 23 ans ne cache pas qu’il avait développé au cours des années une préférence pour le jeu offensif, mais sa mutation vers l’arrière ne signifie pas nécessairement qu’on lui verrouillera désormais un boulet aux pieds. Biello a clairement indiqué qu’il souhaitait voir une plus grande implication de ses latéraux dans le tiers offensif cette saison.

« Avec le système qu’on met en place, on est libre de monter, confirme le jeune numéro 51. On le travaille beaucoup depuis le début du camp et les automatismes commencent à rentrer. Quand je joue avec Nacho, il rentre toujours à l’intérieur, donc j’ai le couloir. C’est facile. »

À la croisée des chemins

Le départ de Karl W. Ouimette il y a un an a rappelé que les jeunes ayant grandi au sein de la famille élargie de l’Impact ne bénéficient pas d’une immunité éternelle. Québécois ou pas, aucune place n’est garantie au soccer professionnel.

À l’aube de sa quatrième année en MLS, Maxim Tissot reconnaît qu’il est arrivé à la croisée des chemins et que la saison qui approche recèle des implications majeures pour la suite de sa carrière.

« C’est ma dernière année de contrat, donc il faut que je prouve que je peux jouer. Je regarde Donny [Toia], Ambroise et même Miller... Quand ils ont été appelés à jouer à gauche, ils ont bien fait. Je sais que j’ai du travail à faire, mais c’est un bon défi et je suis prêt à le relever. »

Tissot s’attend à ce qu’on lui donne toutes les chances de faire sa place lors des quatre matchs préparatoires que l’équipe disputera à compter de la semaine prochaine à Orlando, en Floride. La présence de nouveaux visages au sein du personnel d’entraîneurs, nommément l’adjoint Wilfried Nancy et le préparateur physique Yannick Girard, le met en confiance.

«  Le staff me connaît depuis longtemps. Wil m’a coaché, je le connais depuis que j’ai 16 ans, il m’a vu grandir à l’Académie. On connaît mes forces et mes faiblesses, alors je commence peut-être avec une longueur d’avance. À moi de prouver que je peux m’améliorer et faire quelque chose de bien. »