La filière U18 de l'Impact, un modèle pour les pros?
Angleterre vendredi, 28 nov. 2014. 09:44 vendredi, 13 déc. 2024. 14:00
Jason Di Tullio
(Source d'image:Académie de l'Impact)
Se passerait-il des choses? Vous allez me dire que ça dépend pour qui. PKP qui se lance dans l'arène, des rumeurs affolantes sur DD et soudainement quatre attaquants sur la première vague: voilà de quoi nous remuer.
Certes, du côté de l’Impact, les nouvelles arrivées se font toujours attendre - le mois de décembre promet d'ailleurs une meilleure récolte - mais, au-delà de la première équipe, il se trame quelque chose au club qui mérite qu’on s’y attarde plus longuement.
N’ayez crainte, il s’agit d’une bonne nouvelle! Et une nouvelle de terrain, qui plus est. Prenons les faits. Comme ces U20 canadiens qui battent en tournoi les Américains - oui, oui - avec un milieu de terrain composé de deux joueurs (JGL et LBG) issus de l’Académie du bleu-blanc-noir. Comme les huit joueurs du programme qui ont signé un contrat pro depuis le passage en MLS. Comme cette équipe U18 de l’Académie qui est toujours invaincue en 10 matchs cette saison. La même équipe qui avait terminé au 3ème rang de la USSDA (la ligue des académies nord-américaines) pas plus tard que l’an dernier. N’ayons pas froid aux yeux et soumettons l’hypothèse que tout ça n’est pas qu’une simple coïncidence. Le travail effectué à l’Académie porte ses fruits.
Les groupes U16 et U18 de l’Académie de l’Impact voyagent aujourd’hui en Floride pour aller y disputer des matchs contre des équipes qu’ils ont moins souvent la chance d’affronter en tant que membres de la section nord-est du circuit. Pour les U18 de Jason Di Tullio, ce sera d’ailleurs l’occasion de se mesurer à l’équipe classée au premier rang du classement, les Whitecaps de Vancouver. Di Tullio, un autre de mes anciens coéquipiers qui fait la manchette cette semaine, m’a accordé un entretien avant son départ.
D’abord, une petite mise en contexte: les U18 de Di Tullio ont atteint les demi-finales des séries de la saison 2013-14. Battus par Bethesda-Olney, une académie privée du Maryland, le groupe de joueurs nés en 1995 et 1996 a remporté le match de la troisième place face au FC Dallas. La vidéo suivante montre les faits saillants de cette dernière rencontre. L’édition 2014-15 des U18 a subi une transformation partielle. Elle comporte dorénavant des joueurs nés en 1996 et 1997. L’équipe est invaincue depuis le début de la saison: 8 victoires, 2 matchs nuls.
PL: Comment expliques-tu ce succès continu?
JDT: Les joueurs qui étaient là et qui ont perdu en demi-finale [en juillet] ont compris ce qu'il fallait pour exceller à ce niveau. Il y a eu des changements dans le groupe. Plusieurs font maintenant partie des U23. Mais ce n’est pas la première fois que ça arrive. On avait déjà perdu des joueurs en janvier 2014, et pas les moindres. (NDLR: Jérémy Gagnon-Laparé et Louis Béland-Goyette avaient alors gradué vers les U23). Quand ça arrive, il est possible que l’on ait moins de talent mais on a toujours démontré une excellente attitude.
Source: Vincent Éthier
Légende: Après les U18 et les U23, Jérémy Gagnon-Laparé fait maintenant partie du groupe pro
Légende: Après les U18 et les U23, Jérémy Gagnon-Laparé fait maintenant partie du groupe pro
PL: Alors tu mets une emphase assez importante sur le résultat. Ça se concilie bien avec le développement à long terme?
JDT: Atteindre les play-offs aide à bâtir la mentalité que l'on recherche. Et l'expérience est si enrichissante que ça aide à faire comprendre le message.
Le mois supplémentaire durant lequel nous avons voyagé nous a permis de mieux connaître les joueurs. On sait à quel point on peut pousser leurs limites. J’ai apprécié le professionnalisme de certains joueurs qui pensent au prochain match tout de suite après une victoire. On a vu qu'ils aiment les voyages, ils aiment ce qu'ils font. Ils veulent devenir des pros avec l'Impact de Montréal.
PL: Leur professionnalisme, tu fais référence à quoi? Ils prennent des bains de glace après les matchs?
JDT: Les bains de glace, ils demandent l’horaire des repas, si on fait des siestes, etc. Au début, on devait les encadrer constamment. Maintenant, les joueurs n'ont plus besoin de se faire dire tout le temps quoi faire. Ils ont développé une bonne attitude et ils réagissent normalement assez bien à mes exigences.
Au niveau talent, quand je compare avec certains de nos adversaires, je trouve que nous avons besoin d'un plus au niveau collectif. Les États-Unis, en général, travaillent fort pour progresser [au soccer]. Nous n’avons pas le choix, il faut prendre nos responsabilités. La qualité est là chez nous aussi, mais il y en a parfois plus chez nos adversaires. Les joueurs le reconnaissent eux-mêmes.
PL: Et, donc, ça continue à bien se passer cette année...
JDT: Mon équipe est forte en transition défensive. C'est notre clé. C'est ce qui nous permet de nous exprimer offensivement. Les joueurs embarquent, car ils voient que ça marche. La saison passée, en séries contre L.A. ou contre Seattle... Pat, ils ont des joueurs! Tu devrais voir! Mais si tu ne leur donnes pas le temps avec le ballon, ils n'auront pas d'influence sur le match. Nous avons battu Seattle 0-3 sur leur propre terrain en quarts. Disons que ce n'était pas dans les cartes, mais nous avons suivi notre plan et ça a très bien fonctionné.
PL: Et maintenant, la Floride pour jouer contre des équipes très bien cotées, notamment Vancouver, invaincue aussi et classée numéro 1, que vous affrontez samedi.
JDT: Oui, ils font du bon travail. C’est une équipe qui joue une transition vers l’attaque très rapide. Je peux te dire que ça a l’air de froisser les Américains que les deux meilleures équipes du moment soient canadiennes… Tu sais, ils parlent d’un match à surveiller entre deux équipes invaincues là-bas. Un certain match entre Vancouver et... les Red Bulls de New York [également invaincus]. C’est comme s’il n’y a pas moyen de les faire parler de nous! Je n’arrive tout simplement pas à le croire. Mais ce n’est pas grave. Sur le terrain, on va leur montrer...
PL: On sent ta motivation. C’est ton objectif pour ce voyage?
JDT: J’ai hâte… Mais voici ce que je veux voir. Je veux être convaincu que l'on peut s'exprimer contre les meilleures équipes comme on l'a fait depuis le début de l’année [contre des plus faibles]. Est-ce qu'on peut se créer des chances contre une équipe comme Vancouver? Si on le fait, même si le résultat n'est pas celui qu'on désire, je saurai qu'on est sur la bonne voie.
Et le patron, qu’en pense-t-il de ce qui se passe dans son académie? J’ai croisé Philippe Eullaffroy avant de quitter le Complexe intérieur Marie-Victorin question d’avoir sa perspective.
PL: Vous avez eu de bons résultats dans la dernière année. Dirais-tu que vous accordez plus de place à ces résultats dans le développement des joueurs?
PE: Ce n’est pas tant le résultat que d'être compétiteur. On met l’emphase sur un résultat qui est la conséquence de ce qui est fait en amont: c’est-à-dire le travail sur le terrain et la suite de notre discours. Le déclic qui se produit dans la tête des joueurs l'an dernier, c’est que ce qu'on propose comme plan peut fonctionner. C'est cette « culture de la gagne » qui se met en place. On la voit à la Juventus, au Bayern, cette culture. Les jeunes arrivent au niveau supérieur avec plus de confiance. Et cette confiance augmente leurs chances de gagner.
Source: IMPACT DE MONTRÉAL
Légende: Louis Béland-Goyette, un joueur dont on vante régulièrement la qualité des passes
Légende: Louis Béland-Goyette, un joueur dont on vante régulièrement la qualité des passes
PL: Vous avez huit joueurs qui ont fait le saut chez les pros depuis 2012. Ce sont des signes encourageants. Quelle est la prochaine étape? La prochaine cible?
PE: On espère que les joueurs que nous amenons au groupe pro joueront plus vite. Au départ, l'écart était très important entre nos joueurs et les pros. Il a fallu trois ans à certains pour faire l'ajustement... La 2ème génération, si on veut, celle de JGL et LBG, qui ont eu la chance de jouer dans la ligue des académies, on espère qu'ils sont moins loin du niveau qu’il faut. Et on pense qu’avec cette équipe en USL Pro [FC Montréal], c'est une étape de plus de franchie. Un joueur qui domine en USL Pro, il n’est pas si loin de faire la même chose en MLS.
Autre marathon de soccer ce week-end à RDS:
SAMEDI
Ligue anglaise: West Brom contre Arsenal 7:30 RDS
MLS: Revolution Nouvelle-Angleterre contre Red Bull New York 15:00 RDS2
DIMANCHE
Ligue anglaise: Southampton contre Manchester City 8:25 RDS2
Ligue anglaise: Tottenham contre Everton 10:55 RDS2
MLS: Seattle Sounders contre Los Angeles Galaxy 21:00 RDS2
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