MONTRÉAL – L’amour-propre d’Evan Bush a été mis à rude épreuve au cours des derniers mois.

En septembre, le vétéran gardien de but a été dégommé de son poste de titulaire par l’entraîneur Wilmer Cabrera, qui lui a préféré Clément Diop pour les deux derniers matchs d’une fin de saison dénuée d’enjeu. Puis en novembre, son nom a été écarté de la liste de protection de l’Impact en vue du repêchage d’expansion.

Alors que s’amorce son dixième camp d’entraînement à Montréal, Bush vit ce qui se rapproche le plus de la précarité qu’il a connue à ses débuts dans le soccer professionnel. Pour la première fois en six ans, il n’apparaît pas comme le partant indiscutable de l’Impact à l’aube d’une nouvelle saison.

Bush attaquera ce nouveau défi avec un nouveau look – son crâne jadis chauve est désormais garni d’un duvet soigné – mais avec la même vieille attitude. 

« On n’a pas encore eu de discussions sur la façon dont les tâches seront réparties, mais je m’attends effectivement à ce qu’il y ait une lutte pour le poste de numéro 1, analysait le gardien de 33 ans mardi. De toute façon, je n’entends pas changer mon approche. Que je sois vu comme le partant ou l’auxiliaire, je l’aborde comme une compétition. C’est ce que je fais depuis le jour où je suis arrivé ici et c’est ce que je continuerai à faire cette année. »

Bush, qui a vécu huit changements d’entraîneurs durant sa décennie en bleu-blanc-noir, peut s’encourager en se disant que l’homme qui l’a cloué au banc est parti. Thierry Henry, le successeur de Cabrera, a livré sa version officielle sur la question des gardiens en affirmant qu’aucun préjugé ne teinterait le débat et que « celui qui mérite de jouer jouera. »

« Je ne sais pas à quel point j’ai besoin d’une page blanche, a dit Bush. Une bonne partie du personnel d’entraîneurs est restée inchangée. Je suis sûr qu’ils regarderont des vidéos et des trucs du genre, ça va sûrement être un facteur dans leur décision. Mais je fais ça depuis assez longtemps pour savoir que les choses changent d’année en année et de semaine en semaine, alors je ne m’en fais pas trop. Peu importe sur quoi on se basera pour prendre les décisions en haut de moi, mon énergie et ma concentration seront dirigées sur les aspects de mon travail que je peux contrôler. » 

À première vue, le poste de gardien de l’Impact pourrait s’avérer être un cadeau empoisonné. L’équipe a accordé 60 buts en 2019, le quatrième plus haut total en MLS, et n’a jusqu’ici posé aucun geste d’envergure pour rebâtir une ligne arrière complètement décimée dans l’entre-saison.

Bush, libre à vous de le croire ou non, assure n’avoir gardé qu’un œil distrait sur l’évolution de l’effectif. La clé de la reconstruction de la forteresse montréalaise ne passe de toute façon pas par les noms qui seront brodés à l’arrière des uniformes, selon lui.

« On n’a pas encore plongé dans le vif du sujet, mais l’impression que j’ai, c’est qu’on aura une identité claire sur la façon dont on voudra jouer avec le ballon. Une fois que ça, c’est réglé, je crois que ça donne une meilleure idée à tout le monde sur la façon dont on voudra défendre. Je crois qu’on aura des discussions tactiques un peu plus approfondies cette année et ça augure bien. »

Diop sans garantie

Diop, qui a signé un nouveau contrat d’un an durant la saison morte, semble pour sa part à peine plus éclairé sur ce qui l’attend que lorsqu’il avait déclaré l’automne dernier être « dans le brouillard » quant à son avenir. Si la forte impression qu’il a laissée lors de sa brève audition lui a monté à la tête ou l’a blindé d’une confiance à toute épreuve, il ne l’a pas laissé paraître lors de sa première mêlée de presse de l’année. 

« Je ne sais pas si c’est à refaire, mais je sais qu’il faut que je continue sur la lancée sur laquelle j’étais et que je travaille encore plus dur, a énoncé le Français de 26 ans. Après on verra, ce n’est pas moi qui fais les choix. Je suis là et on verra ce qui se passe. »

Diop, qui a contribué à la conquête du Championnat canadien en 2019, ne sait pas si son mandat sera prolongé pour le début de la Ligue des champions le mois prochain. La division des tâches n’a toujours pas été abordée par le personnel d’entraîneurs et c’est sans garantie aucune qu’il a acceptée de signer pour une troisième saison à Montréal.

« De toute façon, on s’attend toujours à avoir de la concurrence et à travailler, a-t-il ajouté. Du moment que ça se fait dans la bonne humeur et le respect, il n’y a aucun problème. On est tous des professionnels, on est tous des grands garçons et on a bien travaillé les deux dernières années. Il n’y a pas de raison que ça change. »

Diop s’est dit heureux de la décision du club de reconduire dans ses fonctions l’entraîneur des gardiens Rémy Vercoutre, qui avait à l’origine été embauché par Rémi Garde. 

« Je savais qu’il restait dans le staff quand j’ai pris ma décision et bien sûr que ça a été un facteur parce que j’ai toujours dit que j’aimais beaucoup travailler avec lui. Ça a été un facteur important. »​