MONTRÉAL – La lecture du calendrier de l’Impact en début de saison laissait présager un premier mois ardu, avec des matchs contre cinq supposées puissances de la MLS, qui serait toutefois suivi d’une trêve marquée, notamment, par la visite des Rapids du Colorado au Stade Saputo.

Mais si Vancouver, New York et Columbus tardent à afficher leur lustre habituel, les Rapids ne sont plus la proie facile qu’ils étaient l’année dernière.

Une deuxième exclusion consécutive des séries éliminatoires a incité la formation des Rocheuses à brasser les cartes et à amener du sang neuf au cours de la saison morte. Un milieu de terrain revampé avec l’arrivée de Shkelzen Gashi, Marco Pappa et Jermaine Jones a dynamisé une attaque qui avait produit à un rythme inférieur à un but par match en 2015.

Mais surtout, les Rapids n’ont concédé que six buts en huit matchs depuis le début de la campagne. C’est cette défensive hermétique qui pourrait causer des maux de tête aux joueurs de Mauro Biello, qui ont peiné à percer la muraille du Toronto FC la semaine dernière et qui n’ont pas été plus convaincants malgré le résultat plus positif décroché à New York en milieu de semaine.

« Peut-être qu’ils pousseront en se disant qu’on sera fatigué, je suis prêt pour les deux scénarios. Mais effectivement, c’est une équipe qui défend très bas, qui est très directe et qui travaille beaucoup sur les deuxièmes ballons. Alors on peut s’attendre à un bloc très bas et il faudra trouver des solutions pour s’en sortir », analysait Biello à la veille du match qui sera présenté à compter de 15 h 30 sur les ondes de RDS.

Instable depuis le début de la saison, l’attaque de l’Impact est présentement dans un creux de vague. Mercredi, au Yankee Stadium, il aura fallu un but salvateur de Dominic Oduro à la 90e minute pour l’empêcher d’être blanchie pour la quatrième fois de la saison.

Au cours de la dernière semaine, le onze montréalais a peiné à déconstruire le rempart défensif érigé par l’adversaire pour menotter les ténors offensifs comme Didier Drogba et Ignacio Piatti. Biello croit qu’un retour à la base peut suffire à rétablir la situation.

« Il faut retourner à nos principes du début de l’année, c’est-à-dire faire circuler le ballon pour faire bouger l’opposition. Je pense qu’on s’est un peu éloigné de ça au cours des derniers matchs. Il faut être patient quand on a le ballon. En voulant pousser le ballon trop vite vers l’avant pour Didier et Nacho, on tombe dans le plan de match de l’équipe adverse. Il faut laisser planer le doute. »

« Il nous suffit d’être un peu plus opportuns et un peu plus ambitieux quand on arrive dans le tiers offensif, croit le gardien Evan Bush. On ne doit pas avoir peur de provoquer des duels ou de centrer des ballons dans la surface. Bref, il faut essayer de faire des jeux. Ça nous fait défaut depuis une semaine. »

« On va rebondir »

« On est une équipe intelligente, rassure Wandrille Lefèvre. On l’a déjà démontré par le passé, on sait rebondir après de mauvaises performances et en l’occurrence, on vient d’en avoir deux d’affilée. On n’est pas content de la manière dont on est sorti, de toute évidence, à domicile contre Toronto et à l’étranger, même si on est allé chercher un point, on est conscient des problèmes qu’on a connus offensivement. Donc on va rebondir, c’est sûr et certain. »

L’Impact a effectivement raté sa rentrée au Stade Saputo la semaine dernière, offrant à ses ennemis torontois une opposition tiède dont a résulté une défaite de 2-0. Les points disponibles à domicile étant une devise précieuse en MLS, le match de samedi revêt une importance relevée, selon Lefèvre.

« Sans dire qu’on doit gagner coûte que coûte, c’est un peu la mentalité qu’on adopte ce week-end, maintient le Franco-Canadien. On a échappé des points la semaine dernière contre Toronto et on a déjà dit qu’à la maison, on se doit de devenir une forteresse pour les équipes adverses. »

« On cherche toujours à obtenir les trois points à la maison, c’est sûr. Mais c’est une longue saison et si on commence à voir chaque match à domicile comme un match qu’on ne peut pas perdre, on va se retrouver assez rapidement étouffés par la pression », tempère Bush.

« Gardons les choses en perspective, propose plutôt le gardien. On est toujours en première place dans notre association et on forme généralement un groupe confiant sur notre terrain. Avec tout ça en tête, on va tenter d’offrir une grosse performance samedi. »

Mister Jones

Jermaine Jones sera l’homme à surveiller dans le camp des Rapids. Suspendu pour les six premiers matchs de la saison à la fin de son séjour avec le Revolution de la Nouvelle-Angleterre, le belliqueux milieu de terrain a fait sentir sa présence dès ses premières foulées avec sa nouvelle équipe. Il revendique déjà deux buts et une passe décisive après deux matchs dans l’uniforme bourgogne.

« Je crois qu’il leur apporte beaucoup de confiance, avance Bush. Ils jouaient bien sans lui, mais je crois que bien des gens se demandaient si c’était pour durer. On sait que ce l’est depuis qu’il est là. C’est un bourreau de travail, mais il apporte aussi beaucoup de qualité. À mes yeux, il est assurément l’un des meilleurs milieux de la ligue. »

« C’est sa hargne, résume quant à lui Wandrille Lefèvre. C’est un joueur qui a un gros volume de jeu, ce qu’on appelle un box to box finalement dans la MLS. Il a un gros impact. Personnellement, c’est un joueur que j’aime. Il amène une dimension assez spéciale. »

« On était habitué de le voir un peu plus bas dans le milieu de terrain et maintenant, il joue un peu plus haut, note Biello. C’est un gars capable de regagner les deuxièmes ballons et faire cette passe décisive. C’est une présence au milieu de terrain qu’il faudra surveiller. »

Dans un autre ordre d’idée, la rencontre marquera le retour du défenseur Eric Miller à Montréal. L’ancien choix de première ronde de l’Impact avait été échangé au milieu du camp d’entraînement en retour d’une somme d’argent qui avait permis à Montréal de transiger avec le Fire de Chicago pour l’obtention des services de Harry Shipp.

L’Américain de 23 ans a disputé six des huit matchs des Rapids jusqu’à maintenant. L’entraîneur Pablo Mastroeni l’a employé comme latéral gauche, mais aussi dans la charnière centrale.

« Je le niaise un peu avec ça. J’ai hâte de le revoir », rigolait Maxim Tissot, qui s’était lié d’une solide amitié avec Miller.

« Il est très content d’avoir du temps de jeu. Il m’expliquait qu’il venait de se trouver un appartement, donc sa vie est revenue à la normale, si on veut. Mais je pense que ça lui manque, Montréal. »