MONTRÉAL – Les joueurs de l’Impact sont bien placés pour comprendre l’effet qu’un changement d’entraîneur peut opérer sur une équipe en détresse.

L’Impact joue un sans-faute depuis que Frank Klopas a levé les feutres et a été remplacé par son adjoint Mauro Biello. Sous les ordres de son nouveau stratège, le onze montréalais est invaincu en quatre matchs (2-0-2) et tentera de prolonger cette séquence mercredi soir avec le retour en ville du Fire de Chicago, battu par les trois buts de Didier Drogba lors de sa dernière visite au début du mois.

Mais voilà, les choses ont changé depuis chez le Fire, qui a perdu ses deux matchs suivants avant de finalement passer la hache dans son personnel d’entraîneurs. Dimanche, l’équipe de la Ville des Vents a montré la porte à Frank Yallop pour le remplacer par le directeur technique Brian Bliss. Ce dernier dirigera ses joueurs pour la première fois aux abords de la surface du Stade Saputo.

Il s’agit là d’une bonne raison de se méfier de la pire équipe de l’Association Est, qui ferme le classement avec une fiche de 7-16-6.

« Ça pourrait s’avérer être un facteur mineur, mais c’est assurément quelque chose qui peut affecter leur club, a soulevé Dominic Oduro. Parfois, les joueurs veulent jouer pour impressionner le nouveau coach. C’est un changement qui peut affecter leur état d’esprit et leurs performances sur le terrain. Il faudra en être conscient. »    

« Ça ne sera pas un match facile, prévient Biello, qui a bien connu Yallop lors de ses passages en sélection nationale. C’est une équipe qui arrive avec un nouvel entraîneur, avec des motivations différentes et il faut l’approcher de la bonne façon. On ne veut pas trop penser à l’adversaire, mais en même temps il faut le respecter et prendre ce match au sérieux. »

Patrice Bernier, qui est remis d’une blessure à un pied et dont les services seront à la disposition de Biello pour ce deuxième match en cinq jours, préfère quant à lui ne pas trop s’attarder à la situation de l’équipe rivale.

« On est nous-mêmes passés par là, alors on sait qu’ils auront un peu les mêmes motivations. Sauf que là, on se concentre sur nous. On joue à domicile, la forteresse est solide présentement et l’équipe est très confiante. Chicago a ses propres soucis. Nous, on doit s’occuper de nous-mêmes, s’assurer de sortir de là avec une victoire et de les laisser dans le bas du classement. »

Joie de vivre collective

À Chicago, on doit sûrement espérer que le changement de voix dans le vestiaire aura le même effet que celui qui s’est opéré à Montréal depuis que Biello détient la balance de l’autorité.

L’Impact se comporte comme un club transformé, voire libéré, depuis le départ de Frank Klopas. Autant sur le terrain qu’en coulisses, les joueurs montréalais semblent soulagés d’un poids qui les empêchait de s’exprimer librement. Les collègues qui ont eu accès au vestiaire de l’équipe après la victoire de samedi contre le Revolution de la Nouvelle-Angleterre y ont retrouvé une ambiance déjantée imprégnée de rythmes africains festifs, un contraste avec la stérilité presque militaire qu’on pouvait y retrouver en début de saison.

« Il faut savoir gérer les émotions »

« Toute le monde aime la musique africaine... sauf Patrice! », a lancé Oduro mardi matin, sachant très bien que son capitaine était assez près pour entendre ses moqueries.    

Quelques minutes plus tard, Ambroise Oyongo s’est improvisé journaliste en tendant une perche à travers les micros des reporters pendant que Bernier, qui faisait son possible pour réprimer un fou rire, s’adressait aux médias.

On peut ajouter à tout ça cette vidéo d’une belle euphorie collective devenue virale après que Hassoun Camara l’eut partagée sur les médias sociaux la semaine dernière.

« C’était une des choses que je voulais changer : l’ambiance, l’esprit. Je voulais amener un souffle positif dans le groupe et puis avec les résultats qui suivent, il y a une ambiance qui change », témoigne Biello.

« On est beaucoup plus dynamiques, l’attitude collective est à son plus haut, admet Bernier. La communication est meilleure et les joueurs savent à quoi s’en tenir. Ensuite, le principal facteur est l’intensité. Ce n’est pas seulement une question de résultat. On est compétitifs pendant 90 minutes, qu’on mène ou qu’on tire de l’arrière, il n’y a pas de relâchement. »

« On espère continuer dans cette façon, enchaîne Biello. Le but est d’être concentrés quand il le faut, mais d’être un peu plus relax quand on le peut. Je pense que si on réussit à obtenir un bon équilibre, on va avoir une équipe qui grandit et qui sera prête d’ici la fin de la saison. »

Ajustement des objectifs

Les récents résultats positifs obtenus sous la gouverne de Biello appellent à un ajustement des objectifs. La glissade de quatre matchs sans victoire en MLS qui a précédé le congédiement de Klopas avait forcé l’Impact à regarder dans le rétroviseur et à commencer à se préoccuper des équipes qui le pourchassaient au classement.

La situation actuelle, à défaut de pouvoir être qualifiée de confortable, laisse au moins davantage de place à l’ambition. Orlando, New York et Philadelphie sont loin d’être battus, mais l’Impact peut les laisser s’entre-tuer derrière et se préoccuper de Toronto, DC et la Nouvelle-Angleterre, trois adversaires prenables qu’il retrouvera sur son parcours d’ici la fin du calendrier régulier.

« C’est proche et en MLS, tout peut basculer, alors on regarde devant, clame Bernier. On ne veut pas regarder trop loin. L’important, c’est de se faire une place, mais on sait aussi que si tout va bien, on peut se consolider une meilleure place et peut-être même sauter une étape en séries. Mais il faut commencer par mercredi. Chaque victoire va nous permettre de croire encore plus à un meilleur positionnement. »

« Ce sont des cibles, mais entrer en séries est tout ce qui importe et c’est sur cet objectif qu’on devrait porter toute notre concentration, avance pour sa part Oduro. La position importe peu puisque dans cette ligue, une fois que vous êtes en séries, rien n’est plus pareil, toutes les mentalités changent. Voilà notre état d’esprit. »

« L’important, c’est de trouver la continuité, tempère Biello. Depuis le début de la saison, on a eu des bons moments et des moins bons moments. La clé pour entrer en séries sera de parvenir à garder la concentration qui nous permet de connaître du succès présentement. »