MONTRÉAL – Tant qu’à perdre, aussi bien en manger toute une. C’est du moins la théorie qu’a élaborée Evan Bush dans les 48 heures qui sont suivi la cuite que l’Impact a encaissée à Kansas City.

 

Deux jours après avoir concédé sept buts derrière une défense atrocement poreuse, le vétéran cerbère a sorti la tête du proverbial tunnel et s’est efforcé de faire voir la lumière à ceux qui auraient été tentés de continuer à broyer du noir.

 

« Je crois que mentalement, on s’est présenté à K.C. sur le pilote automatique, a estimé Bush avec sa franchise habituelle. On s’est fait frapper en plein visage et je crois que ça nous a réveillés. Maintenant, la seule chose à faire, c’est de reprendre nos esprits et se concentrer sur les deux matchs qu’il nous reste sur la route avant de revenir à la maison. Le résultat de samedi, aussi mauvais fut-il, peut avoir son utilité. Si on avait perdu 2-1 ou 3-1, peut-être qu’on n’aurait pas reçu le même signal d’alarme et qu’on serait arrivé à New York avec la même mauvaise attitude. Maintenant, il n’y a plus d’excuse pour rater notre préparation en vue de la fin de semaine. »

 

Bush note que les conditions étaient propices à l’égarement chez l’Impact avant que l’équipe s’envole pour la capitale mondiale du BBQ. D’abord, quatre joueurs réguliers ont raté une partie de la préparation en raison de leur présence en équipe nationale (on notera ici que Johnny Russell et Krisztian Nemeth, qui ont marqué cinq des sept buts de Kansas City samedi, peuvent en dire autant). De plus, Ignacio Piatti et Zakaria Diallo, deux joueurs indispensables à leur position, étaient indisponibles.

 

Le gardien a aussi senti souffler la brise de la complaisance dans les jours précédents le retour au boulot. « Tu commences l’année avec deux ou trois bons résultats sur la route et tu commences à te trouver bon. Peut-être qu’un faux sentiment de sécurité s’est installé, un sentiment qui n’avait vraiment pas raison d’être. »

 

Tout ça, résume Bush, a créé une tempête parfaite qui a mené au désastre qu’on connaît.

 

« Je ne crois pas que le temps que nous avons investi à l’entraînement a été à la hauteur des standards de qualité que nous devons respecter. Ça peut arriver durant les trêves internationales parce que les gars peuvent lever le pied de l’accélérateur juste un peu. C’est à chacun de nous de corriger la situation parce qu’on ne perd pas seulement un match le jour du match, on le perd aussi dans la préparation qui le précède. Je crois qu’on a échoué dans notre préparation la semaine dernière, individuellement et collectivement. »

 

Un yoyo

 

Semblant un peu surpris par les propos de son gardien, l’entraîneur-chef Rémi Garde a tout de même accordé du mérite à l’hypothèse de ce dernier, acceptant même de prendre une partie du blâme pour l’état d’esprit déficient de son groupe.

 

« Je ne prévois jamais de faire un mauvais match! Mais Evan a raison en ce sens qu’il nous manquait des joueurs et la préparation du match a été perturbée jusqu’au dernier moment. Bien sûr que lorsqu’il manque quatre ou cinq partants dans la semaine d’entraînement et qu’on les récupère 24 à 48 heures avant le match, je l’avais dit, on a essayé de combler la préparation du match qu’on fait habituellement au travers des séances, on a essayé de la combler par un autre moyen en très peu de temps. C’est peut-être là où personnellement je n’ai pas suffisamment insisté sur les bons points. »

 

Peu importe à qui la faute, Garde n’a pas caché son impatience quant au manque de constance affiché par ses troupes depuis le début de cette jeune saison. Malgré l’écart dans la qualité de l’adversaire, il est pertinent de rappeler que l’Impact avait livré une performance presque sans tache à Orlando avant de s’écraser au Missouri. Les parties précédentes à Houston et San Jose avaient aussi été le théâtre de performances inégales qui compliquent, alors que se tourne la première page du calendrier, l’identification d’une identité claire pour le Bleu-blanc-noir.

 

« C’est vrai que ce qui est rageant sur le début de saison, c’est notre irrégularité à aborder les matchs et à les jouer, a élaboré Garde. On est en train de jouer au yoyo dans l’intensité qu’on met dans les matchs, dans la solidarité qu’on montre sur le terrain, dans notre niveau de jeu. Un coup c’est bien, un coup c’est pas bien, un coup c’est bien, un coup c’est pas bien... Il faudrait que tout le monde prenne conscience de ça parce que j’ai bien regardé le calendrier et sur les neuf prochains matchs je crois qu’il y en a encore 6 ou 7 à l’extérieur. »

 

« On vient d’en jouer quatre. De ce côté-là, les choses ne vont pas s’améliorer, donc je crois qu’il faut qu’on soit plus solide mentalement. Il y a eu des défaillances individuelles qui ont été la conséquence d’un certain dérèglement tactique, mais malgré tout, quand les choses tactiquement ne se passent pas comme prévu, on peut essayer de les corriger sur le terrain et on doit quand même avoir un certain niveau de concentration. Tout s’est mal enchaîné dans ce match, dès la première minute. »

 

« Je le répète une dernière fois, il faut tirer les bonnes leçons, mais ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain, comme on dit », a conclu Garde.​