MONTRÉAL – Il restait une vingtaine de minutes au match et les visiteurs protégeaient une avance qui, bien que modeste, paraissait assez confortable considérant la façon dont leurs hôtes répondaient jusque-là à l’adversité. Plus que jamais, l’Impact avait besoin qu’un vétéran, un joueur de confiance, se lève et fasse la différence.

Le problème, c’est qu’ils étaient peu nombreux à cadrer dans cette description de tâche mercredi soir au Stade Saputo.

Saphir Taïder était l’un d’eux et sa réponse fut digne de son statut de joueur désigné. L’Algérien a marqué deux buts en fin de deuxième demie pour mener le Bleu-Blanc-Noir à une victoire capitale de 2-1 sur les Sounders de Seattle.

« On était plusieurs, il n’y a pas que moi, on est certains cadres. C’était à nous de montrer la voie aux plus jeunes, ils ont fait ce qu’ils ont pu et je tiens à les féliciter. Mais oui, c’est sûr qu’on avait un rôle à jouer là-dessus », a humblement réagi Taïder après son doublé.

« Depuis quelques matchs, j’ai l’impression qu’il a atteint une vitesse supérieure, a remarqué le gardien Evan Bush. Je crois que les dernières semaines ont été frustrantes pour lui. Il traînait lui aussi sa part de petites blessures, mais il n’en parlait pas trop et les gens jugeaient ses performances sans détenir toutes les informations. C’est difficile à endurer pour un joueur, mais il a montré ce soir qu’il est maintenant dans les bonnes dispositions pour attaquer la deuxième moitié de saison en force. C’est un gros morceau de notre équipe et on aura besoin de lui à son meilleur. Quand il joue de cette façon, on peut former une équipe très dangereuse. »

Taïder a créé l’égalité à la 74^e minute sur un penalty qu’il avait lui-même provoqué en convoquant en duel le défenseur Kevin Leerdam dans la surface de réparation. Il a marqué le but décisif quatre minutes plus tard en complétant un bel effort de Maxi Urruti et Omar Browne. Le Panaméen a été crédité d’une passe décisive sur la séquence, mais la reprise sème le doute quant à ses réelles intentions.

« Je pense que c’est un tir! », a confirmé Taïder en riant. « Parce qu’elle arrivait vraiment vit! Je pense qu’il voulait me tirer dessus... Mais au final, ça va au fond, donc tant mieux. »

L’effort opportuniste du numéro 8, à un moment où ses coéquipiers et lui s’apprêtaient à perdre un match somnifère, a permis à l’Impact de racheter sa gênante défaite du week-end précédent contre Orlando et d’amorcer une pause de trois semaines dans un état d’esprit positif. Avec 27 points en 18 matchs, Montréal est assuré de ne pas descendre plus bas que le troisième rang du classement dans l’Est pendant le long congé.

Son prochain match est prévu le 26 juin, à domicile, contre les Timbers de Portland.

Des conditions uniques

Les deux équipes avaient été démantelées, démunies par une liste de blessés interminable et les départs précipités pour différentes compétitions internationales.

L’Impact à lui seul était privé de neuf joueurs réguliers. L’un de ses titulaires disputait son premier match en carrière dans la MLS. Un autre était de la formation partante pour la première fois de la saison. Sur le banc, Rémi Garde n’avait que cinq joueurs à sa disposition, dont deux qui ne faisaient même pas partie de son équipe 48 heures plus tôt.

Les Sounders de Seattle n’étaient pas mieux équipés. Leur ligne défensive comptait sur un seul de ses membres habituels. Les trois autres avaient une charge de travail combinée de cinq départs depuis le début de la saison.  Au total, les visiteurs ont titularisé seulement trois joueurs qui avaient plus de cinq départs dans le corps en 2019.

Ça a paru. Aucun tir cadré n’a été enregistré en première demie et il aura fallu attendre l’heure de jeu pour voir un peu d’action. À la 60^e minute, Urruti a été frustré par le gardien Stefan Frei après avoir redirigé à bout portant un relais de Shamit Shome.

L’Impact a pris un dur coup à la 64^e minute, quand Victor Rodriguez a ouvert le score sur penalty. Candidement, Bush a admis qu’il n’était pas particulièrement confiant de voir ses coéquipiers renverser la vapeur après avoir reçu ce coup de poignard.

« Mais je l’ai dit l’autre jour, des choses spéciales se passent de temps à autre dans ce stade, a expliqué le gardien. Ça peut être un derby qui se joue devant une salle comble, mais ça peut aussi être un match comme celui de ce soir où on sort un lapin de notre chapeau pour voler des points qu’on ne méritait pas nécessairement. Ce soir, c’était l’une de ces soirées. Dans les 15 dernières minutes, notre énergie était fantastique, on jouait collectivement de la bonne façon autant en attaque qu’en défense. Si on peut embouteiller ça et ramener ça après la pause, on sera en bonne position. »

« Pour être honnête, contrairement à ce que mon visage laissait probablement croire, je n’étais pas si inquiet [quand Seattle a pris les devants], a pour sa part affirmé Rémi Garde. Ils n’avaient pas eu de réelles occasions avant ça et nous, oui. Je croyais en nos chances de revenir de l’arrière et heureusement, on a su le faire assez rapidement. Mais la différence entre les deux équipes étaient très minces ce soir. »

Malgré le contexte particulier, Garde avait décidé de garder le milieu de terrain Harry Novilo sur le banc pour débuter le match. Le Français a fait son entrée à la 67^e minute. Anthony Jackson-Hamel a quant à lui été envoyé dans la mêlée à la 85^e.​