MONTRÉAL - Convaincu que le soccer est une science, Philippe Eullaffroy a appris à la dure que celle-ci était inexacte à sa deuxième année à la barre de l’équipe réserve de l’Impact.

Eullaffroy affichait un optimisme calculé à l’aube de la deuxième saison du FC Montréal en United Soccer League. Son équipe avait terminé l’année précédente en force et le pilote était persuadé que la précieuse expérience accumulée par ses jeunes joueurs se traduirait par un rendement plus équilibré en 2016.

« On pense que cette fois, ça ne prendra pas trois ou quatre mois pour équilibrer les forces, mais peut-être un mois, un mois et demi. Après, on espère être capable de véritablement se battre pour une place dans les séries », avait-il pronostiqué dans une intéressante entrevue accordée à RDS.

Il s’était trompé. Encore cette saison, le FC Montréal s’est remis trop tard d’un début de saison désastreux qui l’a vu perdre ses huit premiers matchs. Après être remonté jusqu’à la dixième place du classement de l’Association Est en 2015, il a cette fois bouclé son calendrier à la quatorzième et dernière place. Il a dû gagner cinq de ses neuf dernières parties pour terminer la saison avec 23 points, cinq de moins que l’année précédente.

Il y a eu des crises, comme celle du début juin où l’entraîneur a remis en question l’effort de son groupe. Il y a eu des moments de frustration, de lourdeur. Mais avec le recul, trois jours après la dernière défaite de la saison contre les Islanders de Harrisburg City, Eullaffroy jetait un regard plus posé et réfléchi sur l’été du gros club de l’Académie.

« La leçon numéro un, c’est qu’il faut du temps, il faut de la patience et il faut de la tolérance. Il faut croire au projet, autant du côté du club que du côté des joueurs. C’est la leçon numéro un parce qu’on a eu beaucoup d’exemples tout au long de cette saison qui ont prouvé que le temps faisait son effet, et un bel effet. »

Dans l’entre-saison, l’Impact avait pris le pari de rajeunir son équipe réserve en y greffant notamment quatre joueurs issus de son équipe U18. Eullaffroy savait qu’il y aurait un prix à payer pour toute cette expérience sacrifiée, mais il ne l’attendait pas aussi élevé.

« La maturité n’était pas là, bien évidemment, et c’est ce qui nous a manqué en début de saison. [...] Il faut donc trouver le bon équilibre et c’est sûr que c’est une autre des leçons à retenir. On aurait sans doute dû garder quelques joueurs un peu plus vieux qui avaient déjà un vécu en USL et qui nous auraient amené de la stabilité et qui auraient sans doute aidé les jeunes à progresser un peu plus vite et à avoir des résultats plus positifs en début de saison », confesse-t-il.

Il a toutefois toujours été clair que les résultats et les statistiques ne feraient pas foi de tout quand viendrait le temps de juger le succès du petit frère de l’Impact FC et dans cet ordre d’idée, Philippe Eullaffroy précise que d’autres objectifs ont été atteints cette année.

« Je le rappelle, la mission de cette équipe, c’est de donner du temps de jeu aux pros qui en manquent, donner du temps de jeu à ceux qui reviennent de blessure et donner du temps de jeu aux jeunes de l’Académie pour qu’ils se rapprochent du groupe des pros. Donc si on fait un bilan par rapport à ça, on a des gars comme Maxime Crépeau, Kyle Fischer et Anthony Jackson-Hamel qui ont largement profité de cette équipe, qui ont progressé, qui ont gagné en confiance et qui ont été récompensés au bout du compte », énumère le formateur en notant également la promotion de David Choinière avec la première équipe.

« Les trois missions de cette équipe ont été remplies. Maintenant, il faut aussi gagner et ça, ça a été la partie qui n’a pas été réalisée », conclut-il avec lucidité.

Des jeunes vétérans qui ont assuré

Appelé à sélectionner son joueur de l’année 2016 chez le FC Montréal, Eullaffroy a partagé son vote entre le milieu offensif Ballou Tabla et le défenseur Thomas Meilleur-Giguère, mais il a aussi eu de bons mots pour son capitaine Louis-Béland Goyette.

Béland-Goyette avait été mis sous contrat par l’Impact à la fin de la saison 2014, mais son séjour avec l’équipe première s’était résumé à quinze minutes de temps de jeu. Il a ensuite dû redescendre faire ses classes et cette année, son entraîneur dit qu’il l’a vu passer « dans une autre dimension ».

« Il y a deux ans, il était avec les pros et c’était un peu compliqué. L’année dernière, en USL, c’était encore un peu limite. Mais cette année, il était trois coches au-dessus des autres. Ça montre que le temps est nécessaire pour la progression et l’épanouissement des jeunes avant de pouvoir être performant avec la première équipe. »

Eullaffroy a aussi eu des bons mots pour Alessandro Riggi, qui a dû se débarrasser d’une vilaine commotion cérébrale en début de saison mais qui a su conclure la saison avec six buts.

« Je pense que 90% des équipes en USL aimeraient lui faire signer un contrat. Il a eu du mal à se remettre de sa commotion et d’autres petits pépins physiques, alors ça a été une saison moyenne pour lui, mais je pense que pour le club, il reste encore dans la tête du staff des pros. Sous quelle forme? C’est à Mauro d’en parler, mais ça reste un jeune qui n’a pas perdu son potentiel, qui est un peu plus vieux que les autres et qui commence à être fiable, on connaît son niveau. Le potentiel et la qualité sont là. »