MONTRÉAL – Il serait prématuré  - et d’un humour un peu douteux - de dire qu’Harry Shipp est arrivé à bon port.

Échangé à l’Impact il y a à peine deux semaines, le jeune Américain n’a en fait même pas encore mis les pieds à Montréal. Dans quelques jours, quand ses nouveaux coéquipiers retrouveront le confort de leur maison au retour d’un séjour de deux semaines en Floride, Shipp déposera ses valises à l’hôtel et se mettra à la recherche d’un appartement. Pour l’ancien espoir du Fire de Chicago, la période d’adaptation ne fait que commencer.

Mais sur le terrain, on peut déjà dire que la transition se fait sans heurt.

Depuis qu’il a rejoint sa nouvelle équipe à Tampa pour la continuation de son camp d’entraînement, Shipp patrouille le milieu de terrain comme s’il avait appris à lire avec le livre de jeux de Mauro Biello. La chimie instantanée qu’il semble avoir développée avec ses partenaires de jeu, et plus particulièrement avec Dominic Oduro, porte à confirmer que les dirigeants de l’Impact ont réalisé un bon coup en transigeant avec la formation de l’Illinois.

Même si son expérience en bleu-blanc-noir se résume pour l’instant à trois matchs hors-concours, Shipp voit déjà les bénéfices que son nouvel environnement pourrait avoir sur la suite de sa carrière. À ses yeux, le système de jeu de l’Impact est taillé sur mesure pour mettre ses qualités en valeur.

« À Chicago, on jouait un style nord-sud en attendant l’adversaire en retrait pour ensuite contre-attaquer à 100 miles à l’heure. Ce n’était pas nécessairement la meilleure chose pour moi, expliquait Shipp en entrevue téléphonique jeudi. Ici, on veut davantage travailler en possession, exploiter le terrain dans toute sa largeur et attendre le bon moment pour pénétrer les lignes ennemies. Ça, je suis bon là-dedans. »

« C’est une des raisons pour lesquelles on est allé le chercher, confirme Biello. On veut une équipe capable de jouer au ballon et des joueurs qui veulent ce ballon pour déséquilibrer et faire bouger l’adversaire. Quand on entend un entraîneur crier « Move the ball! Move the ball! », c’est en fait l’adversaire qu’on cherche à déplacer pour trouver des ouvertures. Pour faire ça, tu as besoin de joueurs qui correspondent à un certain profil. Harry en est un. »

Le talent de distributeur de Shipp a été mis en évidence samedi dernier quand Oduro et lui ont uni leurs efforts pour faire planer une menace constante au-dessus de la défensive de D.C. United. Le dynamique duo a offert une autre belle preuve de sa compatibilité trois jours plus tard en construisant le seul but de l’Impact dans un nul contre Toronto FC.

« Lui et moi sommes sans aucun doute sur la même longueur d’onde quand vient le temps de le repérer avec ces petites passes, reconnaît Shipp. Évidemment, je ne vais pas commencer à tirer des conclusions trop hâtives après seulement une semaine et demie de camp d’entraînement, mais les premiers développements sont sans aucun doute très positifs. »

Natif de Lake Forest, en périphérie de Chicago, Shipp était dévasté quand il a appris que l’équipe de son enfance, celle qui l’avait fait grandir au sein de son académie, l’avait envoyé sous d’autres cieux. Le deuil n’est probablement pas encore complété, mais les cicatrices guérissent à vue d’œil.

Oduro et Shipp récidivent

« Je n’avais pas vraiment d’attentes en arrivant ici. Je m’étais dit que j’allais adopter la bonne attitude, travailler fort et tout faire pour essayer de connaître les gars avant le début de la saison régulière. C’est vrai, ça a peut-être cliqué plus vite que je m’en attendais. C’est bien, parce que ça m’a permis de me concentrer immédiatement sur ce que je pouvais faire pour aider cette équipe à gagner. »  

« C’est un compétiteur, a rapidement constaté Biello. J’ai beaucoup parlé avec lui, ce qu’il vivait n’était pas facile. L’échange a été un choc pour lui, mais c’est quelqu’un qui veut apprendre, qui veut grandir. À mes yeux, il s’est tout de suite intégré au groupe et a laissé son jeu parler pour lui. »

« Sur le terrain, Marco [Donadel] a été d’une aide inestimable, dévoile Shipp. Il m’a aidé à trouver mes repères et à comprendre la dynamique recherchée en milieu de terrain. On se parle beaucoup, j’essaie d’absorber ses connaissances. Et à l’extérieur du terrain, j’essaie de manger avec des joueurs différents à chaque jour. Je veux en savoir le plus possible, le plus rapidement possible. »

« Avec le temps, ce petit sentiment de vide qui l’habite sans doute encore va passer, rassure Biello. La première passe, le premier but qu’il va marquer au Stade Saputo va tout changer, c’est sûr. »