MUNICH (AFP) - L'arbitre uruguayen Jorge Larrionda, l'homme qui tenait dans sa poche le destin de onze des joueurs du Portugal-France (0-1) menacés de rater la finale du Mondial-2006 de soccer en cas d'avertissement, a bien tenu le match qu'on annonçait tendu et pris ses responsabilités en sifflant un penalty ô combien décisif.

C'est peu dire que ses faits et gestes étaient scrutés. La prestation du sifflet uruguayen, 38 ans, qui avait sorti trois cartons rouges lors de Italie - Etats-Unis (1-1), était au coeur d'une demi-finale tendue mais globalement très correcte.

Du coup, les Français iront en finale avec tous leurs titulaires, Zidane, Thuram, Vieira, Sagnol et Ribéry ayant été épargnés. Seul le remplaçant Saha, averti à la 87e minute, ratera la finale.

Les Portugais, eux, ont contesté le penalty accordé par l'arbitre (33) et ont ensuite plusieurs fois tenté d'influencer les décisions arbitrales, le banc se levant plusieurs fois comme un seul homme. Mais en vain.
Pendant 25 minutes, M. Larrionda n'eut pas beaucoup de travail tant les joueurs firent attention dans les contacts à ne pas s'attirer les foudres arbitrales. Mais cela n'a pas duré.

Sang-froid

Raymond Domenech, qui clamait mardi qu'il ne fallait pas réduire les Portugais à "des plongeurs", faisait pourtant le signe à l'arbitre que Cristiano Ronaldo s'était cru à la piscine juste devant lui (29). Deux minutes avant, le sélectionneur français avait connu sa première frayeur en voyant Vieira tacler vigoureusement, mais l'arbitre n'avait pas mis la main à la poche.

L'Uruguayen ne trembla pas quand Ricardo Carvalho attrapait le pied de Henry dans la surface: penalty que Zidane transformait (33). Scolari, debout devant son banc, protestait.

Cristiano Ronaldo essayait à son tour d'en avoir un (36) mais Sagnol lui faisait vertement savoir qu'il avait encore une fois "plongé". Tout le banc portugais s'était encore une fois levé et Scolari, en tête, prenait verbalement à partie le banc français devant un quatrième arbitre impuissant.

La partie se tendait sensiblement, mais M. Larrionda gardait son sang-froid, entre des Portugais qui s'estimaient floués et des Français qui pensaient pour certains à éviter un carton qui les priveraient de la finale à Berlin.

Personne dans le camp français ne voulait suivre le destin de l'Allemand Michael Ballack, qui avait ainsi raté la finale en 2002.

Une certaine retenue fut ainsi sensible chez Vieira, Ribéry ou même Zidane alors que Thuram, énorme, et Sagnol jouaient sans états d'âme côté français. Côté portugais, les cinq joueurs concernés et n'ont pas paru gênés par leur carton, Carvalho en recevant même un en fin de match (82) qui mettait fin à son Mondial.

A part Saha, les Français échappaient à la sanction ultime. Zidane, pour qui un simple carton jaune aurait de facto marqué la fin d'une carrière, ne devait pas être le moins soulagé quand M. Larrionda, qui finissait de se mettre les Portugais à dos en sifflant un hors-jeu dans le temps additionnel, a sifflé pour la dernière fois. Domenech, qui réclamait en début de Mondial un "arbitrage cohérent" non plus.