RIO DE JANEIRO (AFP) - L'immense Brésil a vibré dimanche, du nord au sud, après la conquête du "penta", le cinquième titre de champion du monde de soccer, dans un débordement de joie, de samba et de bière.

Dans un concert de pétards et de feux d'artifices, le cri "Brasil (prononcer Brasiou) pentacampeo!" a résonné à l'unisson aussi bien à Belem do Para, en Amazonie, qu'au sud du pays à Blumenau, une ville de colonisation allemande, ou encore à Sao Paulo, Belo Horizonte et Rio de Janeiro (sud-est).

Au coup de sifflet final de l'arbitre, les gens qui pour la plupart avaient assisté au match de chez eux, à la télévision, sont descendus dans les rues des grandes villes, absolument désertes jusque-là. Ils venaient se joindre à la fête des supporteurs massés devant les quelques écrans géants installés par les mairies à des endroits stratégiques. Les autobus, qui s'étaient garés sur le bas côté en raison de l'absence de passagers, recommençaient à circuler.

La fête du 'penta' commençait et allait durer toute la journée. Il fallait en profiter car une note de la présidence de la République a déjà annoncé que lundi serait un "jour normal de travail".

Carnaval

Sur la plage de Copacabana, les milliers de supporteurs se sont laissés entraîner par les percussions d'une école de samba à l'issue du match et ont commencé à danser avec frénésie. Les hommes, en sueurs, une bière à la main, retiraient leur tee-shirt sous le soleil déjà chaud de dix heures du matin tandis que les filles se mettaient en bikini "pour être à l'aise pour fêter la victoire".

Dans le quartier populaire de Tijuca, (zone nord), dans le rue Alzira Brandao, l'école de samba Salgueiro, improvisait un véritable carnaval.

"Le soccer au Brésil fait oublier tous les problèmes", se réjouissaient des supporteurs tandis que d'autres, plus timides, pleuraient de joie dans un coin.

A Sao Paulo, une véritable marée humaine a envahi l'Avenue Paulista, la principale artère qui traverse le centre financier de la plus grande ville d'Amérique du sud avec 18 millions d'habitants.

"Pour nous, ça a été la finale la plus tendue de l'histoire des Coupes du monde", ont affirmé Marcelo et Irene, encore en larmes, au milieu d'un capharnaüm de trompettes, sifflets et klaxons.

A Salvador de Bahia (nord-est), où 80% de la population est d'origine africaine, les puissants tams tams du groupe Olodum ont rythmé la victoire sur la Place du Pelourinho dans le centre historique de la ville. Des milliers de supporteurs en vert et jaune ont défilé derrière les percussions dans les rues du centre.

Barriques de bières

A Belem do Para (Amazonie), l'avenue centrale a été envahie par 70.000 supporteurs qui ont dansé la samba et le "carimbó" (un rythme amazonien).

Le cri "on est (penta)champion!" bloqué dans la gorge des supporteurs depuis huit ans, se libérait d'un seul coup.

A Blumenau (sud), capitale "germanique" du Brésil où vivent plus de 100.000 habitants d'origine allemande sur un total de 250.000, le cinquième titre de la Seleçao a été bruyamment fêté à l'ombre du Castelinho Moellmann, réplique d'un château allemand du XIXe siècle.

Une immense clameur s'est élevée au coup de sifflet final, suivie d'embrassades et de rafales de pétards. "O penta é nosso!" (nous l'avons ce 5e titre).

Des centaines de voitures, klaxon bloqué, entièrement recouvertes de banderoles vert et jaune ont aussitôt parcouru les rues du centre-ville, avec des hauts-parleurs hurlant "Brasileirinho" un classique entraînant de la musique brésilienne.

Sans états d'âme, les habitants ont soutenu avec passion la Seleçao en allant de temps à autre puiser dans les barriques de bières installées sur des "bierwagen" aux couleurs des deux équipes finalistes.